
Un « fatsuit » contre les préjugés

Le surpoids est stigmatisé. Rien de nouveau sous le soleil. Des jeux de rôle avec des « fatsuits » ont été mis en place dans une nouvelle étude pour démontrer les préjugés des étudiants en médecine envers l'obésité.
Les personnes obèses sont régulièrement exposées à une stigmatisation et à des préjugés inconscients. Nombreuses sont celles qui vivent de telles expériences au quotidien. Et des études scientifiques ont déjà documenté ce phénomène.
Des études sur le comportement visuel ont notamment démontré que certaines personnes ont tendance à « fixer » la silhouette des personnes obèses et font donc font moins attention à leur visage, ce qui amène à une « désindividualisation ».
Une autre étude a révélé que même les professionnels des RH expérimentés peuvent faire preuve de discrimination à l'égard des personnes en surpoids, en particulier les femmes.

Les professionnels de santé tombent aussi souvent dans le piège des préjugés. La recherche a montré que les médecins ont tendance à être moins respectueux envers les personnes en surpoids, à communiquer moins positivement avec elles et à passer moins de temps à les éduquer sur leur santé.
Comment mettre un frein à la stigmatisation de l'obésité ?
Dirigés par Anne Herrmann-Werner, des chercheurs du service de médecine psychosomatique et de psychothérapie de l'hôpital universitaire de Tübingen ont voulu savoir si l'utilisation d'une « combinaison de simulation d'obésité » et la réalisation d'une expérience de jeu de rôle pourraient aider à détecter et corriger les biais liés à l'obésité chez les étudiants en médecine.
Les résultats de cette étude de preuve de faisabilité ont été publiés dans la revue BMJ Open.
Les chercheurs ont simulé une visite de routine chez le médecin grâce au jeu de rôle. Ils ont demandé aux participants de travailler en groupes de dix et de jouer soit le rôle d'un patient atteint de diabète, soit celui d'un médecin.
Les participants qui prenaient le rôle du patient devaient porter un fatsuit, simulant l'apparence d'une personne ayant un indice de masse corporelle (IMC) de 30 à 39.
Dans l'ensemble, les étudiants ayant participé au jeu de rôle en tant que médecins étaient plutôt d'accord avec les énoncés suivants :
- « Les personnes en surpoids pourraient perdre du poids si elles le voulaient vraiment. »
- « La plupart des personnes en surpoids sont paresseuses. »
- « Il n'y a pas d'excuse pour être gros. »
Les enseignants qui n'ont pas participé activement à l'étude et les élèves qui ont joué le rôle du patient étaient beaucoup moins en accord avec ces énoncés.

Limites de l'étude
Les auteurs de l'étude ont toutefois indiqué que les patients du jeu de rôle étaient exclusivement de sexe féminin afin de ne pas avoir à tenir compte des différences ou des préjugés propres au sexe.
L'équipe menant l'étude n'a pas non plus évalué le comportement des élèves envers les personnes atteintes d'obésité avant la consultation. On ne peut donc pas affirmer avec certitude si l'exercice a effectivement contribué à réduire les préjugés des participants.
Anne Herrmann-Werner et ses collègues arrivent cependant à la conclusion suivante :
« Malgré ces limites, nous croyons fermement que l'intégration d'une combinaison de simulation d'obésité dans le contexte de l'enseignement médical des étudiants en médecine est un outil précieux. Cela permet de sensibiliser les étudiants en médecine à la façon de communiquer avec leurs patients obèses. »
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Ancien journaliste radio devenu fan de story telling. Coureur confirmé, adepte du gravel bike et débutant en haltères de toutes tailles. Quelle sera ma prochaine étape ?