
En coulisse
"Les données des wearables peuvent remplacer les visites au laboratoire du sommeil"
par Martin Jungfer
De la nuit du 30 au 31 août aura lieu la plus grande pleine lune de l’année. Si vous vous attendez déjà à une nuit courte et agitée, alors l’avis de Christian Cajochen, expert en sommeil, pourrait vous intéresser.
Christian Cajochen, que répondriez-vous, en une phrase, à la question de savoir si la pleine lune influence le sommeil ?
Oui, mais à peine.
Quel a été le résultat ?
Nous avons constaté que, lors de la pleine lune, les participant·es mettaient cinq minutes de plus à s’endormir, que la phase de sommeil profond s’écourtait de 30 minutes et que la durée complète du sommeil était réduite de 20 minutes. Le taux de mélatonine (l’hormone qui régule le rythme jour/nuit) était plus bas que pendant les autres phases de la lune.
Est-ce que l’horloge lunaire existe aussi chez les humain·es ?
Pour le moment, nous n’avons rien découvert. Comme mentionné plus haut, nous avons bel et bien observé des effets de la lune, mais nous n’avons pas encore d’explication définitive.
Nous avons constaté que, lors de la pleine lune, les participant·es mettaient cinq minutes de plus à s’endormir, que la phase de sommeil profond s’écourtait de 30 minutes et que la durée complète du sommeil était réduite de 20 minutes.
La période de cinq jours d’examen dans votre laboratoire a également été jugée trop courte. Qu’en pensez-vous ?
Pour l’évaluation, nous avons toujours choisi la troisième nuit du mardi au mercredi afin d’exclure les effets du week-end sur le sommeil. Cela nous a permis d’obtenir des résultats plus pertinents qu’avec un grand nombre de volontaires à n’importe quel jour de la semaine.
La lune ne devrait pas devenir la cause de tous les maux. Sa seule influence est trop faible pour expliquer un mauvais sommeil.
Quelle est votre propre qualité du sommeil lors de la pleine lune ?
Je suis toujours parti du principe que j’allais bien dormir. Toutefois, lorsque j’ai porté une montre Fitbit durant quelques années et que j’ai analysé les données, j’ai été surpris. Je n’avais rien remarqué, mais en fait, j’avais un peu moins bien dormi pendant la pleine lune, du moins selon Fitbit.
Dormez-vous bien pendant la pleine lune ? Quelles sont vos astuces pour vous endormir ? Je me réjouis de les découvrir en commentaires.
Photo d’en-tête : Shutterstock/Athapet PiruksaJ'aime tout ce qui a quatre pattes ou racines - en particulier mes chats de refuge Jasper et Joy et ma collection de succulentes. Ce que j'aime par-dessus tout, c'est faire des reportages avec des chiens policiers et des chats-chasseurs, ou faire fleurir des histoires sensibles dans des brocantes de jardin et des jardins japonais.
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Se tourner et se retourner toute la nuit, compter jusqu’à 100 en français puis en allemand, capituler une fois arrivé·e à 17 et se lamenter. Vous savez peut-être de quoi je parle ? Vous avez probablement l’impression de mal dormir les nuits de pleine lune, mais est-ce vraiment prouvé ? N’est-ce pas plutôt à l’idée de devoir passer une mauvaise nuit ? Je suis allée me renseigner à ce sujet auprès de Christian Cajochen, chercheur et responsable du Centre de chronobiologie à la Clinique psychiatrique de l’Université de Bâle.
En 2013, vous avez publié une étude à ce sujet qui a retenu beaucoup d’attention au niveau international.
Oui, c’est exact, nous avons analysé d’anciennes données du laboratoire du sommeil du Centre de chronobiologie. À l’époque, les participant·es étaient présent·es pour une autre étude au laboratoire. À ce moment-là, aucun·e des volontaires n’aurait pensé que les effets de la pleine lune seraient étudiés plus tard. Il n’y avait donc aucune influence.
Comment l’expliquez-vous ?
C’est bien ça le problème, nous n’avons aucune théorie définitive. En réalité, la lumière environ dix fois plus brillante de la pleine lune n’explique pas ce phénomène puisque les participant·es avaient dormi dans l’obscurité totale, dans des chambres à coucher souterraines sans fenêtres. Quant à l’effet de la gravitation, il n’a pu être démontré jusqu’à présent que pour des « corps » plus grands comme des lacs ou des mers, mais pas chez les humains. L’horloge lunaire interne serait toutefois une hypothèse.
Qu’est-ce que cela signifie ?
Il s’agit des cellules nerveuses. On a repéré chez certains animaux ce qu’on appelle une horloge lunaire qui influence le rythme journalier des phases de sommeil et d’éveil. C’est surtout important pour la reproduction dans le monde animalier. Le ver à soie ne s’accouple par exemple qu’à certaines phases de la lune et cela ne change pas même s’il est gardé dans l’obscurité pendant des mois dans un laboratoire.
Votre étude de 2013 a été critiquée, car elle ne portait que sur le sommeil de 33 personnes. Était-ce justifié ?
Le nombre était effectivement à la limite inférieure, mais scientifiquement justifié. Nous l’avons déterminé statistiquement par un calcul de prélèvements sur des échantillons et l’étude a fait l’objet d’un contrôle très strict, et a été très contraignante pour les participant·es. Elle n’aurait donc pas été envisageable avec des milliers de personnes.
Votre étude est-elle toujours aussi critiquée par les scientifiques ?
Ça s’est amélioré, même si l’étude de la lune n’est toujours pas vraiment reconnue par les scientifiques, car elle fait l’objet d’un grand business, par exemple avec les calendriers lunaires, et elle est souvent rangée du côté de l’ésotérisme. Les scientifiques ne veulent donc pas y être associé·es, mais, chez les chronobiologistes, la lune n’est plus un tabou. En outre, de plus en plus d’études récentes confirment nos résultats de 2013.
Vous faites allusion à l’étude de Washington de 2021 ?
Oui, dans cette dernière, on a observé le sommeil d’étudiant·es de Seattle et de peuples indigènes d’Amérique du Sud les jours précédant la pleine lune et celui-ci avait empiré dans les deux cas. C’est au sein des communautés indigènes, qui vivent encore sans lumière électrique, que l’effet était cependant le plus fort alors que, chez les étudiant·es, il était plus faible, mais également perceptible. On a supposé que les jeunes gens étaient restés dehors plus longtemps lors de la pleine lune, mais, là encore, aucune cause précise n’a été identifiée.
Êtes-vous tout de même convaincu que la lune pourrait avoir une influence sur le sommeil ?
Oui, je suis même encore plus convaincu qu’il y a dix ans. Dans une enquête que nous menons notamment à l’Université de Bâle depuis 2014, la lune figure dans le top 3 des facteurs environnementaux qui influencent le sommeil des Suissesses et des Suisses. L’aspect psychologique joue évidemment un rôle essentiel, car celui ou celle qui pense ne pas pouvoir dormir ne trouvera pas son sommeil. Mais cela n’explique pas tout.
Quels conseils pouvez-vous donner aux personnes qui n’arrivent pas à dormir les nuits de pleine lune ?
La lune ne devrait pas devenir la cause de tous les maux, son influence ne peut pas expliquer à elle seule un mauvais sommeil. Les recherches que nous menons depuis des décennies montrent que le stress et les ruminations sont à 90 % responsables d’un mauvais sommeil. C’est pourquoi je n’ai pas de recommandations directement en lien avec la pleine lune. J’ai néanmoins quelques astuces d’hygiène du sommeil :
3 Évitez la consommation d’alcool trois heures avant le coucher, et comptez également quatre à huit heures pour les boissons à base de caféine.
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