Produire des vêtements de sport durables en Suisse, c'était le rêve de Michael Ingram. Beaucoup pensaient que c'était impossible. Avec sa start-up Revario, il montre aux sceptiques que la persévérance et la flexibilité sont payantes, non seulement pour le trail running, mais aussi pour sa propre idée d'entreprise.
L'équipement de trail running durable était son objectif
Une start-up que beaucoup considéraient comme une idée saugrenue
Crowdfunding et tissus fabriqués à partir de pneus recyclés
Proximité avec les fournisseurs de tissus durables
Alors que les machines à coudre ronronnent en arrière-plan, Michael me montre un autre avantage de la production locale. Lorsque l'industrie du vêtement s'est déplacée vers l'Asie, seuls quelques fournisseurs de textile sont restés en Europe. Ceux-ci se sont spécialisés dans la haute qualité et la durabilité. Trouver des textiles tels qu'il les recherche n'est donc pas aussi difficile que prévu.
Un redressement rapide et un retour de la communauté
La production locale a permis d'ouvrir un autre secteur d'activité important : Les tee-shirts d'équipe pour les clubs et les entreprises. À partir de 10 vêtements, Revario peut fabriquer des t-shirts, des shorts et des hoodies avec un logo personnalisé. Les tissus durables, les petites quantités commandées et les délais de livraison rapides constituent à cet égard un atout pour de nombreux clients.
La ligne d'arrivée n'existe pas, mais les objectifs sont encore nombreux
Il a encore un objectif en tête : il avait écarté en 2020 la fabrication d'une chaussure de course durable, car il n'existait pas de savoir-faire en Suisse pour la couture de la tige. Entre-temps, il a développé une expertise en matière de couture à Marly, dans le canton de Fribourg. La fabrication d'une chaussure est donc à nouveau envisageable.
Plongeuse scientifique, instructrice de SUP, guide de montagne... même si les lacs, les rivières et les mers sont mes terrains de jeu favoris, je ne me laisse pas porter par le courant, car j'ai encore beaucoup à apprendre et à découvrir. J'aime aussi prendre de la hauteur et changer de perspective en volant avec des drones et en faisant du trail.
Tout a commencé dans une cuisine avec une chaussure coupée. Michael Ingram est un coureur de trail passionné qui a participé à l'Eiger Ultra Marathon, au Swiss Canyon Ultra Trail et à de nombreuses autres courses dont les distances peuvent atteindre 120 kilomètres. Il a terminé son premier trail à l'âge de douze ans, bien avant que le trail running ne devienne un sport à la mode. Plus que le défi physique et mental, c'est l'expérience de la nature en montagne qui le passionne.
Mais dans la nature, il a vu des changements de plus en plus importants ces dernières années. Cependant, pointer du doigt le problème n'est pas pour lui. Michael voulait contribuer lui-même à la résolution du problème. Ses chaussures semblaient être un bon point de départ. En effet, elles étaient en grande partie composées de plastique, fabriquées en Asie et n'avaient qu'une durée de vie limitée. "Il faut faire mieux", s'est-il dit, et il a découpé ses chaussures de course avec un couteau de cuisine pour avoir un aperçu de leur conception et des méthodes de fabrication possibles.
À court terme, les coupures de la chaussure ont été vaines. En effet, malgré des efforts intenses, Michael s'est rendu compte que la fabrication de chaussures de sport en Suisse avec des matières premières durables - comme il l'avait imaginé - n'était pas possible à l'époque. Mais s'il y a une chose qu'il a apprise en courant des ultra-distances, c'est que l'abandon n'est pas une option et qu'il faut de la persévérance pour atteindre un objectif. Il a donc envisagé sa prochaine étape : la fabrication de vêtements de trail running à partir de matériaux recyclés en Suisse.
Le fondateur de l'entreprise Michael Ingram dans l'atelier de fabrication à Marly. Source : Siri Schubert
Il a atteint son objectif : nous nous rencontrons dans l'atelier de couture de sa marque Revario à Marly, au sud de la ville de Fribourg. C'est ici, dans l'ancien quartier industriel où se trouvaient autrefois Ciba, Sandoz et Ilford Imaging, que l'écoquartier est en train de voir le jour. Des immeubles d'habitation, un centre d'innovation, des restaurants, une escape room et une piscine sont déjà prêts. D'autres bâtiments sont encore en construction. L'atmosphère a quelque chose d'un départ, d'un nouveau départ. Revario vient de déménager dans un atelier plus grand et l'espace vient à nouveau à manquer, explique Michael, qui dirige Revario avec son associé Emmanuel Currat.
Après le départ d'une grande partie du secteur à l'étranger, les couturières retrouvent du travail chez Revario. Source : Siri Schubert
L'atmosphère de start-up convient à Revario, qui n'a été créée qu'au début des années 2020 et a connu une forte croissance depuis. Après avoir sculpté sa chaussure de course, Michael s'est concentré sur les vêtements et a contacté des fournisseurs de tissus recyclés qui ne l'ont pas pris au sérieux au début. Michael voulait produire en Suisse avec des tissus durables et - les spécialistes étaient unanimes sur ce point - c'était une idée à la noix. "Pas rentable", disaient les uns. "Il n'y a plus de savoir-faire en Suisse sur la manière de traiter les tissus techniques", avertissaient les autres. "De toute façon, c'est beaucoup trop cher et ce n'est pas faisable", ont déclaré les autres. Autant de bonnes raisons pour Michael d'essayer quand même. En effet, faire fabriquer des vêtements de sport en Asie ne correspond pas à son idée de la durabilité, ne serait-ce qu'en raison des distances de transport. Il trouve encore plus absurde que l'étiquette porte la mention : "en tissu italien", mais que celui-ci est ensuite transformé en chemise en Asie.
La fabrication locale avec des tissus de la région est au cœur de la philosophie de Revario. Source : Siri Schubert
Après avoir réalisé chez lui les premiers prototypes d'un maillot de course de trail avec l'aide d'une couturière du quartier, il a vu le potentiel. Parallèlement, il a entendu parler d'une initiative de réinsertion professionnelle de Caritas, qui cherchait un projet pour des couturières. Il a présenté son projet sur une plateforme de crowdfunding de SIG, le fournisseur d'énergie genevois. La réponse a dépassé ses attentes les plus optimistes. Six cents vêtements de sa nouvelle marque ont été commandés en un mois. La production a pu démarrer.
Ici, le travail manuel est de mise : la fabrication locale permet de modifier rapidement les coupes et les designs. Source : Siri Schubert
Depuis, la croissance est constante. La deuxième année, Revario vendait déjà 3500 vêtements, et l'objectif est d'en vendre environ 10 000 d'ici fin 2023. Le nombre de membres du personnel, presque tous des couturières, est passé à 10. Et le choix des tissus utilisés s'est également élargi. Récemment, Michael est tombé sur un tissu fabriqué à partir de pneus recyclés par l'intermédiaire d'un fournisseur. Il utilise maintenant ce tissu pour fabriquer des sweats à capuche et des leggings étonnamment doux et agréables au toucher. Par ailleurs, ses membres du personnel cousent également des textiles à partir de bouteilles en PET recyclées. Pour de nombreux produits, le site Internet de Revario indique la distance parcourue par le tissu. La plupart du temps, il s'agit de quelques centaines de kilomètres.
Les fils adaptés aux textiles recyclés. Source : Siri Schubert
Michael s'intéresse également aux tissus naturels. Cependant, dans le domaine du trail running, la demande de matériaux techniques en plastique est élevée, car la laine ou d'autres matériaux ne sont pas aussi légers et ne sèchent pas aussi rapidement que les tissus synthétiques. Pour un sweat à capuche qui convient également aux loisirs, il utilise du coton biologique cultivé en Grèce. La laine mérinos est relativement rare en Europe, c'est pourquoi elle ne fait pas encore partie intégrante de la collection. Mais l'entrepreneur de 38 ans a déjà des tissus en fibres de bois dans sa ligne de mire.
La production locale avec des fournisseurs de la région présente d'autres avantages : Michael peut réagir rapidement lorsque des matériaux comme le tissu issu de pneus de voiture arrivent sur le marché. De plus, il échange avec la communauté du trail running via les médias sociaux. "Nous demandons constamment : Vous voulez ceci ou cela ? Dans quelles couleurs ?", dit Michael. Les propositions, critiques et suggestions sont directement intégrées dans les prochains designs.
Le logo est pressé à la main sur les t-shirts, pantalons et hoodies. Les associations peuvent également commander des vêtements avec leur logo. Source : Siri Schubert
Pour Michael, il y a une différence majeure entre sa nouvelle mission et le trail running : en tant qu'entrepreneur, il n'y a pas de ligne d'arrivée. Certes, comme dans le trail, l'environnement et les conditions changent, mais il n'est jamais arrivé à destination. Pour l'avenir, il envisage de continuer à développer la collection et peut-être d'ouvrir de nouveaux sites. "Ce serait génial de produire en Allemagne pour le marché allemand et en Italie pour le marché italien", ce qui lui permettrait de rester proche de sa clientèle et de ses fournisseurs. Il est également important pour lui de prolonger la durée de vie de ses vêtements. C'est pourquoi il propose un service de réparation. Les vêtements endommagés peuvent être renvoyés et réparés dans l'atelier.
Comme la couture est réalisée sur place, les réparations peuvent également être effectuées sans frais de transport élevés. Source : Siri Schubert
