En coulisse

« Une boisson à la fraise en décembre serait bizarre »

Oliver Fischer
28/12/2021
Photos: Thomas Kunz

Comment devient-on mixologue ? Qu'est-ce qui fait un bon barman/une bonne barmaid ? Et quel est le rapport entre la préparation de cocktails et la cuisine ? Rebekka Salzmann du bar Angels' Share à Bâle nous en dit plus.

« Qu'est-ce que l'Aperol ? » C'est sur cette question que s'est achevée une recherche de plusieurs années. La quête de Rebekka Salzmann pour le cours de sa vie. Elle a rapidement trouvé la réponse à cette question et ce qui a suivi dure déjà depuis cinq bonnes années. Rebekka, une jeune femme qui ne savait pas quoi faire de sa vie est devenue l'une des meilleures bartenders de Suisse.

Sa quête a commencé alors qu'elle était encore apprentie peintre à Thoune, où elle a grandi. Avant même de passer l'examen de fin d'apprentissage, il était clair qu'elle ne travaillerait probablement jamais dans ce métier pour des raisons de santé. Que faire quand on a à peine 20 ans, qu'on a terminé un apprentissage, mais qu'il faut à nouveau faire face au néant professionnel ?

Rebekka a cherché. Elle a suivi une école de commerce et s'est rendu compte qu'elle n'était pas faite pour un emploi de bureau. Elle a fait des stages dans le nettoyage, la lingerie et hôtellerie. « Je me suis débrouillée comme j'ai pu, j'ai fait beaucoup de choses pour l'argent », dit-elle avec le recul. Elle ne savait pas où cela allait la mener.

Sa recherche est devenue plus ciblée lorsqu'elle a effectué un stage de service dans un restaurant du personnel. Elle a ensuite travaillé trois ans dans le service. C'est à cette époque que son intérêt pour les spiritueux et les cocktails s'est éveillé. C'est alors que la question qui a tout changé lui a traversé l'esprit : « Qu'est-ce que l'Aperol ? »

Rebekka, comment en es-tu devenue barmaid ? Il n'y a pas d'apprentissage ou de formation professionnelle pour cela.

Il m'a envoyé à des ateliers, m'a donné des sujets de conférences et m'a fait passer des examens. Mais j'ai aussi beaucoup appris par moi-même. Entre temps, je dois posséder entre 40 et 50 livres sur les cocktails et la culture des cocktails.

Au début, tu avais cette question sur l'Aperol. De là est née une fascination. Et ensuite ? Esprit d'initiative et « apprentissage sur le tas » ?

Oui, exactement. J'ai vraiment appris en faisant. Les trois premiers mois à l'Atelier, j'ai simplement fait du service jusqu'à ce que je sois sûre de connaître toutes les recettes par cœur. Les après-midi, j'étudiais à la maison avec des fiches. Mais grâce au service, j'étais aussi constamment en contact avec les cocktails et pouvais mettre en pratique ce que j'avais déjà appris.

Qu'est-ce qui te fascine dans ce métier ?

Et maintenant, tu es barmaid à vie ?

(rires) Oui ! Absolument. C'est exactement ce que je cherchais.

Le travail à l'Atelier était une partie du nouveau chemin de Rebekka. La participation à de nombreux concours de mixage une autre. Alors que l'Atelier mise principalement sur les cocktails classiques, Rebekka a dû créer ses propres créations pour les concours. De ce travail créatif est né d'un désir de changement : « J'étais heureuse à l'Atelier, mais je voulais évoluer », se souvient-elle.

Après environ deux ans et demi passés dans le bar de Thoune, elle a commencé à chercher de nouvelles opportunités. Elle les a trouvées à Bâle. Depuis un peu plus de deux ans et demi, elle travaille au bar Angels' Share ; tout le contraire de l'Atelier. Beaucoup plus petit, plus intime et avec une carte de créations qui change tous les mois.

Entre Rebekka Salzmann et l'Angels' Share, ça a tout de suite fait tilt. À l'automne 2019, tous deux ont cartonné lors des Mixology Bar Awards à Berlin : Rebekka a été élue « Newcomerin de l'année » et Angels' Share a reçu le prix de « Bar de l'année ».

Des classiques à tes propres créations, tu as fait beaucoup de chemin. Tu préfères donc faire tes créations en tant que barmaid ?

Comment procédez-vous pour développer une nouvelle carte ?

J'ai commencé à m'intéresser aux arômes et à leurs combinaisons. Un livre sur le food pairing (appariement d'ingrédients) est actuellement mon préféré. On s'oriente alors fortement vers l'art culinaire et la question de savoir quels arômes vont bien ensemble. Actuellement, nous avons par exemple au menu une boisson aux cèpes et à l'abricot.

Je l'ai vue. C'est là qu'en tant qu'amateur on se demande : comment mettre de tels goûts dans un cocktail ?

Il y a deux possibilités. Soit on met un agent aromatisant dans un spiritueux jusqu'à ce qu'il en prenne le goût, ou alors on en fait un sirop. Nous travaillons beaucoup avec des « cordials » faits maison, ce sont des sirops auxquels on ajoute de l'acide. Cela fonctionne avec à peu près tout.

Tu as évoqué le food pairing. Peux-tu m'expliquer plus précisément ce que cela t'apporte ?

Qu'est-ce qui t'a donné l'idée de te tourner vers l'art culinaire ?

Est-ce que tu développes un cocktail comme un plat en cuisine en y ajoutant différents ingrédients au fur et à mesure, jusqu'à ce que tout s'accorde ?

Il y a certainement des similitudes. Nous partons souvent du sirop ou du cordial, puis nous partons à la recherche des spiritueux. La vodka ou le gin font presque toujours l'affaire. Mais le whisky ou le cognac, par exemple, ont un goût propre plus prononcé, et surtout très différent, et il faut ensuite regarder ce qui s'accorde le mieux. C'est un processus au cours duquel on assemble différents éléments au goût individuel.

Combien de temps s'écoule entre l'idée et le cocktail prêt à être servi ?

Quand j'aurai bu ce cocktail aux cèpes et aux abricots et que je voudrai absolument la refaire à la maison, est-ce que je pourrais avoir ta recette ?

Les prix décernés à Rebekka et au bar ont permis au Angels' Share d'acquérir une certaine notoriété. Les médias ont parlé d'elle et des clients plus nombreux et surtout nouveaux ont fait leur apparition dans le bar.

C'était à l'automne et à l'hiver 2019. Ensuite sont arrivés l'année 2020, la COVID et le confinement. Au lieu de profiter de la notoriété et de la popularité, le bar a fermé du jour au lendemain. L'avenir était incertain. Quand est-ce qu'il pourra rouvrir ? Quelle sera la prochaine étape ? Y en aura-t-il une ?

En parlant de nourriture : en matière de cocktail, on fait souvent la différence entre ceux pour avant et après le repas. Pourquoi ? Je ne peux pas boire ma boisson préférée quand je veux ?

Que faire si je ne sais pas vraiment ce que je veux ? Est-ce que je peux te dire « j'aimerais quelque chose avec du rhum et que ce soit frais » et tu improvises quelque chose ?

En fait, c'est presque ce que nous préférons faire. (rires) J'avoue, j'exagère un peu. Mais j'aime quand quelqu'un me dit qu'il aime telle ou telle chose et qu'il aimerait un cocktail fort ou sucré ou quelque chose dans le genre.

Faut-il beaucoup d'expérience pour pouvoir improviser de la sorte ?

Absolument. Mais si tu maîtrises déjà quelques variantes de base, tu peux rapidement jouer avec les ingrédients et faire des essais. Une fois que tu as la structure, tu peux commencer à varier les finesses ou justement répondre spontanément aux souhaits des clients.

Bien, alors je te cite quelques termes liés à la marque Galaxus. À quoi ressemblerait ton cocktail Galaxus ? Coloré, fantaisiste, non conventionnel, qualitatif.

Au fait : si vous avez lu l'article pour connaître la réponse à la question initiale, la voici : l'Aperol est une liqueur amère italienne. De couleur orange vif, elle se boit pur, en spritz ou en cocktail.

Cet article plaît à 8 personne(s)


User Avatar
User Avatar

Globetrotteur, randonneur, champion du monde de wok (pas celui sur la piste de bobsleigh), jongleur avec les mots et passionné de photos.


Cuisine
Suivez les thèmes et restez informé dans les domaines qui vous intéressent.

Habitat
Suivez les thèmes et restez informé dans les domaines qui vous intéressent.

Alimentation
Suivez les thèmes et restez informé dans les domaines qui vous intéressent.

En coulisse

Des informations intéressantes sur le monde des produits, un aperçu des coulisses des fabricants et des portraits de personnalités intéressantes.

Tout afficher

Ces articles pourraient aussi vous intéresser

  • En coulisse

    « Un jour, je finirai par le réparer » (c’est certain)

    par Michael Restin

  • En coulisse

    Des insectes pour chars de combat dans « Grounded 2 »

    par Debora Pape

  • En coulisse

    Tente, chien, enfants : nos débuts chaotiques en camping

    par Ann-Kathrin Schäfer