
Un marché qui n'a pas la banane
Un champignon, « le TR-4 », menace la filière banane. Les responsables ? Les monocultures et la multiplication asexuée.
Le nom « Tropical Race 4 » ressemble à une appellation de jeu vidéo de bas étage des années 90. Mais en réalité, il s'agit d'un champignon très agressif qui menace la banane de nos supermarchés. Il y a huit ans, le Forum mondial de la banane a donc mis en place un groupe de travail pour sauver ce fruit, mais en vain, semblerait-il. Le champignon se propage actuellement dans presque toutes les zones de culture ce qui provoque au passage le flétrissement fusarique de la plante.
La raison de cette rapide propagation ? La façon dont les bananes poussent. La banane que nous connaissons est de type « Cavendish » et tire ses origines en Angleterre il y a près de 200 ans. Les cultivateurs de bananes reproduisent le fruit de manière asexuée. Au lieu de fertiliser et de planter des graines, ils utilisent à chaque fois de nouvelles boutures de leurs plantes précédentes. Par conséquent, presque toutes les bananes sucrées de supermarché sont identiques au type « Cavendish ». Cette variété présente des avantages, notamment pour les agriculteurs : elle est facile à cueillir et se plante à proximité les unes des autres dans de gigantesques monocultures. Parfait donc pour la demande croissante de bananes bon marché. Mais la Cavendish a un problème : le « Tropical Race 4 », c'est un peu sa kryptonite. Il s'agit d'une maladie fongique attaquant la mère de toutes les bananes comestibles et se répandant comme une traînée de poudre dans les gigantesques bananeraies.

L'histoire se répète
Ce n'est pas la première fois qu'un champignon détruit des bananeraies. Jusqu'à la fin des années 1950, nous consommions la variété de bananes « Gros Michel », jusqu'à ce que les plantations soient dévastées par la première version du champignon. Cette variété ayant péri, les producteurs sont passés à la « Cavendish », une variété insensible au « Tropical Race 1 ». Mais nous en sommes au « TR4 » et l'histoire semble se répéter.
On essaie actuellement de lutter contre le champignon le mieux possible. Le « TR4 » se nichant dans les racines, les agriculteurs tentent de contrôler la situation en isolant les plantes et le sol malades. Pendant ce temps, les cultivateurs mettent au point de nouvelles variétés de bananes résistantes, y compris génétiquement modifiées. Toutefois, jusqu'à ce qu'elles soient prêtes, le prix des bananes risque d'augmenter dans les années à venir, y compris en raison de la hausse des coûts du transport. La poursuite de la propagation de la « Tropical Race 4 » signifie la fin des bananes bon marché. Dans quelques années seulement, la prochaine variété résistante aura pris racine et le cycle recommencera, très probablement avec des monocultures et une autre suite : la « Tropical Race Infinite ».
Lorsque j’ai quitté le cocon familial il y a plus de 15 ans, je n’ai pas eu d’autre choix que de me mettre à cuisiner pour moi. Cela dit, il ne m’aura pas fallu longtemps avant que cette nécessité devienne une vertu. Depuis, dégainer la cuillère en bois fait partie intégrante de mon quotidien. Je suis un vrai gastronome et dévore tout, du sandwich sur le pouce au plat digne d’un restaurant étoilé. Seul bémol: je mange beaucoup trop vite.