
En coulisse
Les soutiens-gorge de sport sont souvent des tueurs de motivation - ils sont désormais dans le collimateur des chercheurs
par Siri Schubert
Chaque année, en Suisse, près de 190 000 accidents se produisent dans le cadre du sport et des jeux. C’est ce que révèlent les statistiques de l’assurance-accidents suisse. Selon la Suva, 18 % de ces accidents sont des accidents de sports d’hiver.
La nouvelle saison de ski des professionnels a débuté fin octobre avec le slalom géant de Sölden, en Autriche, et entre-temps, la première neige est également tombée chez nous. Il est temps de sortir les skis et le snowboard du grenier ou de la cave et de planifier les vacances d’hiver à la montagne. Certain·es pourraient même, à titre préventif, profiter de l’occasion pour réserver un séjour à l’hôpital.
Les chiffres de la Suva concernant les accidents non professionnels annuels en Suisse sont impressionnants : l’année dernière, environ 600 000 accidents de ce type ont été enregistrés. Cela présente une augmentation d’environ 65 000 cas par rapport à 2021. Un bon tiers de ces accidents se produisent lors de la pratique d’un sport ou d’un jeu, et 18 % d’entre eux concernent les sports d’hiver. Au total, ces accidents de sport entraînent chaque année des coûts courants de plus d’un milliard de francs suisses.
À l’Alphaclinic de Zurich, le Dr Marcel Gloyer, orthopédiste, traite entre autres les personnes touchées par de tels accidents de sports d’hiver. [[infobox: title=Dr Marcel Gloyer; content=Marcel Gloyer est spécialiste en orthopédie et traumatologie de l’appareil locomoteur, ainsi qu’en chirurgie, et spécialiste des blessures sportives. Il est membre de la Fédération des médecins suisses (FMH). Il travaille en outre comme médecin pour l’équipe cycliste suisse Q36.5 Pro Cycling Team.;]]
En hiver, après un week-end ensoleillé, le Dr Marcel Gloyer avoue que le lundi est souvent une journée chargée dans son cabinet. Les patient·es qui se seraient tordu le genou ou blessé·es à l’épaule sur ou en dehors des pistes ne seraient pas rares. Le manque de forme des skieur·euses et snowboarder·euses serait souvent responsable des accidents. À cela s’ajouterait le fait que beaucoup ne maîtrisent tout simplement pas correctement leur équipement high-tech. Aujourd’hui, nous sommes nombreux à nous déplacer avec du matériel que seul·es les professionnel·les avaient aux pieds il y a encore quelques années. Les vitesses augmentent et le risque d’accident aussi.
La plupart des accidents sur les pistes et autres sont des accidents n’impliquant pas de tiers. Selon Marcel Gloyer, seul un accident sur cinq environ est dû à une influence externe. L’affirmation : « J’ai été renversé par quelqu’un sur la piste » ne s’applique donc que dans 20 % des cas. Lorsque l’orthopédiste interroge ses patient·es sur le déroulement de l’accident, il y a en général deux types de réponses : l’accident bête. Une personne descend du télésiège, quelqu’un d’autre lui marche sur les skis, le télésiège continue de pousser et le genou est tordu en moins de deux. Autre scénario : première descente des vacances, la personne n’a pas encore le contrôle du matériel et chute. Et là encore, c’est généralement le genou qui trinque.
Dans le deuxième type d’accident, la vitesse (trop) élevée joue alors aussi un rôle. Selon Marcel Gloyer, il s’agit souvent de blessures combinées qui touchent plusieurs parties du corps. Souvent aussi la tête. Sinon, les ruptures des ligaments croisés ou internes, les lésions du ménisque ou les blessures de l’articulation de l’épaule le tiennent généralement occupé.
Si l’on regarde les chiffres de la Suva d’un peu plus près, on constate que les blessures en ski touchent surtout les extrémités inférieures, alors qu’en snowboard, ce sont souvent les extrémités supérieures qui sont touchées. De plus, la luge est bien plus dangereuse que tous les autres sports d’hiver. Les accidents en luge sont plus nombreux que ceux en ski, en snowboard et en ski de fond réunis. Marcel Gloyer en fait également l’expérience dans son cabinet. Quand on lui en parle, il lève les yeux au ciel et se contente de dire : « Ne faites surtout pas de luge. »
Le manque de forme physique joue aussi en faveur des blessures. Faire un peu ou pas de sport toute l’année et se défouler sur les skis n’est pas une bonne idée. L’orthopédiste du sport recommande donc de développer de manière ciblée la force et l’endurance au plus tard quelques semaines avant les vacances d’hiver. L’accent devrait surtout être mis sur une bonne stabilité des muscles du tronc. Le mot magique ici est : la planche. Pour les débutant·es, 30 secondes maximum en appui sur les avant-bras suffisent ; avec le temps, cette durée peut être portée à deux minutes ou plus.
Il est également important de s’échauffer brièvement avant de se lancer dans la descente des pistes et d’amener le corps à sa température de fonctionnement, poursuit Marcel Gloyer. Pour cela, il existe d’innombrables petits exercices pour échauffer la musculature. Nous en avons tous fait l’expérience : on arrive frigorifié·e au sommet après dix minutes de télésiège ou alors on passe ce qui nous semble être une éternité dans l’une de ces cabines géantes, serré·e comme une sardine. Raide et refroidi·e, on chausse les skis et hop, l’accident est alors souvent programmé.
Le médecin a également une position claire sur le thème (tabou) de l’alcool à ski et à snowboard : quiconque provoque un accident sur les pistes en état d’ébriété est punissable. C’est pourquoi il faut reporter le vin chaud ou le café-schnaps à l’après-ski.
Et pour finir, le conseil du médecin : si, après un accident, l’articulation est gonflée, bloquée ou instable, il faut consulter un spécialiste. La plupart du temps, quelque chose ne va pas et il faut faire une IRM (imagerie par résonance magnétique).
Photo d’en-tête : Shutterstock / Jan NedbalAncien journaliste radio devenu fan de story telling. Coureur confirmé, adepte du gravel bike et débutant en haltères de toutes tailles. Quelle sera ma prochaine étape ?