
En coulisse
Les coulisses d’un paquet de chips ou quand Zweifel fait tout pour vous donner la patate
par Simon Balissat
Pour les non-initiés, difficile de savoir à quoi sert vraiment un SUP. Du drop stitch aux rails tapes soudées, le jargon technique s'en donne à cœur joie. Maurus Strobel, PDG d'Indiana Paddle & Surf, m'a montré quelques détails importants et révélé certaines astuces de marketing.
Les planches de stand-up paddle, les SUP omniprésents sur les lacs, ressemblent de l'extérieur à des livres colorés avec sept sceaux. Leur fonctionnement interne est caché sous des pads et des logos qui font bonne impression au premier coup d'œil. Mais en termes de prix, on trouve de tout. Que paye-t-on vraiment et quand doit-on se méfier ? En tant que PDG d'Indiana Paddle & Surf, Maurus Strobel vit naturellement pour ses produits, qui font ici figure de référence. Il a passé toute une après-midi à m'expliquer de nombreux aspects à connaître, quelle que soit la planche ou la marque utilisée.
Ce terme désigne les fils de polyester qui se trouvent à l'intérieur de la planche. « Il faut les utiliser pour en faire une planche, pas une saucisse », explique Strobel. Ils maintiennent le tout ensemble et doivent mesurer exactement la même distance entre le pont supérieur et le pont inférieur. Il n'est pas nécessaire de disposer les fils de manière symétrique pour avoir une bonne structure, c'est la densité qui compte. Une planche bon marché fera, entre autres, l'impasse là-dessus. S'il y a moins de fils par centimètre carré, la planche sera moins rigide. Au lieu d'être bien droite sur l'eau, elle finira par se plier comme une banane.
Les planches fines sont également à éviter : l'épaisseur standard de six pouces (15 cm) a fait ses preuves. Les planches plus fines économisent sur les matériaux élégants au détriment de la rigidité. Avec les produits bon marché, il y a également un plus grand risque que les fils de polyester s'affaiblissent ou se détachent du matériau textile au fil du temps. Ce « tissu » doit garantir que les fils de polyester sont fermement liés à la couche de PVC.
Il existe également différents niveaux de qualité pour le matériau textile. Comme souvent, l'objectif est de le rendre léger et durable. Maurus Strobel m'explique les différents matériaux utilisés à Indiana Paddle & Surf. Il montre le tissu dit « knitted », tricoté, plus grossier : « Si l'on prend un pull-over tricoté, il est évident qu'une grande quantité de PVC liquide y restera coincée. » Il m'explique en outre que même si ce tissu nécessite plus de matériau, il reste moins cher que la version tissée. Plus fin, le tissu dit « woven » utilise moins de PVC et est le plus léger du marché. Il est également beaucoup plus cher à produire.
Le plastique chlorure de polyvinyle circule dans le tissu avec lequel il forme le pont. Il est en outre indispensable pour les SUP gonflables. Vous entendrez souvent les termes « single layer » et « double layer » si vous vous intéressez au sujet. Ici, mieux vaut préférer deux couches de PVC, gage de qualité et de solidité des planches. Du moins, en théorie. Il existe bien entendu différentes qualités de PVC, de plastifiants, de colorants, de méthodes de traitement, d'usines et de contrôles de qualité.
Certains fournisseurs de planches à une seule couche font parfois preuve de créativité : « Dans certains cas, ils parlent d'un matériau de fusion, même s'il s'agit d'une couche unique normale », explique Maurus Strobel.
Mais les planches à couche unique ne sont pas pour autant à délaisser, et ce pour une bonne raison : l'augmentation de la demande en matériaux légers. Chez Indiana, on les retrouve dans la gamme Feather, qui combine le tissu tissé, plus léger et plus cher, avec une fine couche de PVC. « La légèreté est particulièrement importante pour les personnes qui l'utilisent en voyage ou lors de randonnées vers des lacs de montagne », explique Strobel. Lorsqu'on porte sa planche sur le dos pendant des heures, on apprécie chaque kilo en moins.
Mais à moins que le poids ne soit votre critère numéro 1, mieux vaut opter pour une bonne planche à deux couches, qui doivent évidemment être liées entre elles. « Pour les planches double layer, il y a d'abord la "real double layer", puis la deuxième couche en PVC que l'on vient coller sur le pont supérieur et inférieur », explique Strobel. « C'est une option très solide, mais aussi très lourde. »
Lorsque l'on parle de « pre-laminated » ou « fusion double layer », il s'agit d'un processus différent : « Les deux couches de PVC sont reliées dans l'usine de drop stitch à l'aide d'un procédé à forte pression et à très haute température. On obtient ainsi une combinaison idéale entre poids et rigidité. »
Le pont supérieur et le pont inférieur sont maintenus ensemble par les fils drop stitch. Pour former une planche, il faut des parois latérales, appelées « rails », qui sont formées par des bandes. Elles sont également disponibles en version simple ou multiple. Ces bandes doivent être très résistantes et, tout comme le pont, suffisamment souples pour bien enrouler la planche. Lorsque votre planche cuit au soleil, ce qu'il faut évidemment éviter, le matériau est soumis à un test de résistance. Cela peut parfois faire éclater les coutures et les produits bon marché sont plus souvent touchés.
Les bandes de rails sont soudées ou collées. Sur ce point aussi certains aiment tricher, car le soudage semble de meilleure qualité. « Certains essaient de tromper un peu le client », explique Strobel. « Chez nous, les deux bandes de rails sont collées afin d'éviter que les planches soient tordues. » Au premier coup d'œil, il est difficile de s'en rendre compte en raison de la couche de colle extrêmement fine. En y regardant à la lumière UV, on remarque une trace jaunâtre. « Après un séchage à haute température, on appuie bien fort sur la colle de contact et elle tient parfaitement », continue Strobel. « Et pour être sûr de ne pas manquer, on colle un ou deux millimètres de trop. » L'essentiel est que la planche tienne bien.
Lorsque les planches sont vendues comme étant à double couche, mieux vaut bien s'attarder sur les détails. Dans certaines circonstances, l'argument de vente ne se réfère qu'aux rail tapes, et non aux couches des ponts supérieur et inférieur.
La zone sur laquelle vous vous déplacez sur la planche doit être antidérapante et confortable. On ne peut souvent en juger qu'après quelques heures. Selon Maurus Strobel, mieux vaut éviter les structures rugueuses en forme de losange : « La coupe carré ou diamant est idéale pour surfer les vagues, car vous avez besoin d'une adhérence maximale. Si vous êtes sur le SUP pendant deux heures, vous aurez le motif imprimé sur vos pieds qui risquent de s'engourdir ». Sur le SUP, le mieux est l'ennemi du bien : « Nous utilisons de l'éthylène-acétate de vinyle de quatre millimètres d'épaisseur et nous y appliquons un gaufrage en peau de crocodile très confortable avec un rouleau en acier lourd. »
L'éthylène-acétate de vinyle est un plastique plus souple qui est notamment utilisé pour amortir les semelles de chaussures. De petites imperfections peuvent parfois apparaître sur le pad : si un simple grain de poussière s'interpose entre la planche et le pad pendant la fabrication, l'adhésif peut s'évaporer et former une bulle. Ce problème visuel peut être résolu en retirant la bulle d'air avec une seringue et une aiguille.
Les modèles d'entrée de gamme sont souvent équipés d'un aileron enfichable qui comporte un boulon en plastique suspendu à l'aileron à l'aide d'une ficelle qui glisse latéralement jusqu'à s'enclencher pour se fixer. « La résistance à l'eau du rail fin est très faible, et l'ensemble du système d'ailerons est très léger et pratique », explique Strobel. Sur les SUP, l'aileron n'est soumis qu'à une faible force latérale, il n'a donc pas grand-chose à supporter.
Plus variable et largement utilisé, le fin box américain est doté d'une vis et d'une petite plaque qui assurent le maintien. Il tient bien en place, mais s'avère un peu difficile à utiliser et facile à perdre. En revanche, ce système vous offre de la flexibilité et un grand choix de matériaux. Les débutants bénéficient par exemple d'un aileron long avec une grande surface : « Les personnes qui ne maîtrisent pas la technique du paddle peuvent le piloter sans avoir à faire des virages tout le temps », explique Strobel.
Les ailerons américains s'adaptent également à la boîte à ailerons à deux parties d'Indiana, ce qui facilite l'enroulement de la planche. Et le smart finbolt de la maison se resserre à l'aide d'une petite roue en plastique. C'est pratique, mais cela augmente un peu la résistance dans l'eau et risque d'accumuler du lest : « S'il y a beaucoup d'algues dans l'eau, elles risquent de s'y coller », explique Strobel. Pour l'utilisateur lambda, les avantages d'une manipulation facile l'emportent sur les inconvénients. Pour ceux qui privilégient la performance avant tout, mieux vaut choisir la petite vis. FCS propose également des ailerons avec attache rapide qui peuvent être facilement encastrés dans le fin box américain.
Tous les ensembles de planches ne sont pas livrés avec une leash et certains sont livrés avec une version très simple. Vous devez toujours être attaché à la leash qui vous relie à la planche lorsque vous êtes sur l'eau. « C'est très important », souligne Strobel. « Les planches ont un volume de plus de 300 litres et sont très légères. Si vous tombez à l'eau au beau milieu d'un lac, vous ne pourrez pas vous mettre à l'abri en cas de vent fort. » Une leash en spirale est recommandée, car elle peut s'étirer en longueur comme un cordon téléphonique et ne vous gênera pas constamment sur la planche. « Il est préférable de l'attacher sous votre genou pour qu'elle ne vous gêne pas et que vous puissiez vous déplacer facilement », conseille Strobel. Sur les rivières, la leash ne s'attache pas à la jambe. Le danger de rester accroché et d'être entraîné sous l'eau est trop grand. Il existe ici des systèmes d'attache rapide spéciaux qui se portent à la hanche avec une ceinture.
Souvent sous-estimée, une bonne pagaie est pourtant très importante. Les premiers prix comportent généralement un kit doté d'une pagaie en aluminium en trois parties. Extensibles, elles s'assemblent par clips et ne sont pas appréciées des paddlers avertis : « Nous détestons les pagaies en aluminium », explique Strobel. « Elles sont trop chaudes, trop froides, et parfois elles coulent. »
Les modèles plus chers, légers comme une plume et très rigides, sont fabriqués en carbone. Voici encore un point sur lequel les fabricants aiment tricher : « La pagaie peut par exemple n'avoir qu'un design en carbone et être en réalité beaucoup plus lourde et souple, car elle est fabriquée en majorité à partir de fibre de verre », explique Strobel. « Sur Internet, on trouve de véritables menteurs qui proposent des pagaies entièrement en carbone pour 69 francs. C'est moins que le coût de fabrication ! » Dans ses kits, comme le Family Pack, Indiana privilégie un manche en fibre de verre et une pale en plastique moulé par injection.
Un SUP ne sort pas de la chaîne de montage de manière entièrement automatique : « Le matériau pour le drop stitch est livré en rouleaux de 300 mètres pesant des tonnes », explique Strobel. Une fois que l'ordinateur a fraisé la forme de base, il faut continuer à la main. Les ponts supérieur et inférieur sont fixés à l'aide d'une rail tape, la planche est gonflée et vérifiée pour voir si elle est tordue ou non. « Il y a beaucoup d'autres étapes à la main avant que la planche ne soit terminée. Si le travail est bâclé, la planche ne sera pas belle. » Et si le matériau est bon marché, une prétendue bonne affaire se transformera rapidement en un matelas pneumatique plutôt cher et peu agréable à manipuler.
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Écrivain amateur et père de deux enfants, j’aime être en mouvement et avancer en équilibre sur le chemin sinueux de la vie de famille. Je jongle avec plusieurs balles et il m’arrive parfois d’en faire tomber une. Il peut s’agir d’une balle, ou d’une remarque. Ou des deux.