En coulisse

"Je voulais sortir de la vie conventionnelle".

Carolin Teufelberger
16/7/2018
Traduction: traduction automatique

Le développement durable est sur toutes les lèvres et tout le monde veut y apporter sa contribution. Mais beaucoup de gens, moi y compris, ont tendance à ne pas se sentir concernés. Je me suis rendu dans le Toggenburg et j'y ai rencontré une communauté qui va - plus ou moins - jusqu'au bout de sa démarche de vie durable.

Le voyage en train s'éternise. Depuis Zurich, il faut changer trois fois de train. Plus le trajet est long, moins il y a de maisons. J'ai enfin atteint ma destination. Enfin, presque. Arrivé à Degersheim, je dois encore monter pendant un quart d'heure. En plein soleil, avec mon ordinateur portable et mon appareil photo dans mes bagages. Mon enthousiasme est limité. Degersheim se trouve à l'extrémité du Toggenburg, dans le canton de Saint-Gall. Le village respire l'idylle à l'état pur. Il est entouré de collines et de montagnes, de prairies verdoyantes et d'une église au centre. Mais tout cela ne m'intéresse que modérément, je suis en route vers la périphérie du village.

70 personnes sous le signe de la durabilité

La communauté de Sennrüti cultive un mode de vie durable sur le plan écologique, économique et social. L'intégration vécue et la spiritualité complètent le concept. Environ 70 personnes, y compris des enfants et des bénévoles, vivent ensemble sur un grand terrain à la périphérie du village. L'objectif est de créer un mode de vie durable dans lequel l'homme et la nature sont en harmonie. Je trouve cela bien. Je devrais aussi me regarder plus souvent en face. J'essaie d'utiliser un sac réutilisable pour faire mes courses et de mettre mes légumes sans emballage dans le panier, mais je suis souvent assez dépensière. Un barbecue dans la nature ? Il vaut mieux que j'emporte ma vaisselle jetable en plastique ! Il y a encore une marge de progression dans ce domaine.

Après la courte marche mentionnée - qui n'a pas semblé si courte - je me retrouve à l'entrée. J'entre et je regarde autour de moi pour voir si René Hirschi est là. Je remarque une sorte de "téléphone à sonnerie" et trouve son nom dessus. Après la deuxième sonnerie, j'entends une voix d'enfant : "Mon père va arriver". Le fils a raison. Une minute plus tard, René Hirschi me salue dans l'entrée.

René Hirschi dans le jardin de la communauté Sennrüti.
René Hirschi dans le jardin de la communauté Sennrüti.

Tout début est difficile

Hirschi a fondé la communauté de Sennrüti il y a neuf ans avec sa femme, ses parents et quelques amis. Mais l'idée lui trottait dans la tête depuis bien plus longtemps. "Des années auparavant, je voulais déjà sortir de la vie conventionnelle. J'ai demandé à presque toutes les personnes de mon entourage si elles étaient prêtes à participer à un tel projet". Au final, il ne restait qu'un petit groupe prêt à mettre la théorie en pratique.

"Nous avons cherché partout en Suisse, en Argovie, à Lucerne et justement à Degersheim. Je n'aurais jamais pensé que nous finirions en Suisse orientale. Pour être honnête, je ne serais pas allé en Suisse orientale de mon plein gré", déclare Hirschi. Mais partout, il y avait des obstacles politiques ou financiers, sauf à Degersheim. La propriétaire de l'époque a été séduite par l'idée, car elle aussi accordait déjà de l'importance à la durabilité. "Et aujourd'hui, je dois dire que je trouve l'endroit super". C'est vraiment beau ici, mais aussi un peu terne. Mais je peux aussi imaginer que cela ne joue qu'un rôle secondaire pour 69 "colocataires&quot ;"

La propriété comprend trois bâtiments. Le bâtiment principal, qui abrite la plupart des appartements, servait auparavant de maison de cure. "Nous avons dû transformer toutes les chambres d'hôtes individuelles en appartements", explique Hirschi. Une équipe de construction interne a été constituée à cet effet et s'est également chargée de la direction des travaux. Tout ce qui pouvait être fait seul a été entrepris, pour le reste, la communauté a fait appel à des travailleurs externes des environs. Au début du projet, un architecte a également été engagé. "Mais au fil du temps, nous étions si bien informés que son intervention n'était plus nécessaire. Au dernier étage, un nouvel appartement est en cours de construction pour une famille qui quitte le village pour s'installer dans la communauté.

Les bonnes choses prennent du temps. La date d'emménagement est un peu plus éloignée dans le futur.
Les bonnes choses prennent du temps. La date d'emménagement est un peu plus éloignée dans le futur.

Le jardinage basé sur l'amour

Entre les trois bâtiments - la maison principale, l'annexe avec d'autres appartements et une maison avec des espaces de rencontre - se trouve un grand jardin. J'ai tout de suite été séduit. Ici, je pourrais me défouler. C'est probablement la même chose pour tous les enfants. Il y a une aire de jeux, des potagers et des baies, et même un sauna dans une sorte de yourte. Marianne, qui vit dans la communauté de Sennrüti depuis trois ans et demi, s'occupe principalement des légumes. "Lors de l'achat, le jardin était complètement à l'abandon, des plates-bandes ont été créées petit à petit, notamment dans le cadre d'une formation à la permaculture". La permaculture décrit un paysage délibérément conçu en suivant les modèles de la nature, ce qui le rend écologiquement durable. Le terme est dérivé de "permanent agriculture", c'est-à-dire agriculture permanente. Ainsi, l'équipe du jardin améliore le sol avec son propre compost, du purin et du charbon de bois. Pour ce faire, le charbon est "chargé" de micro-organismes efficaces et d'urine, puis soit composté, soit directement incorporé dans les plates-bandes. Je ne sais d'ailleurs pas de qui provient l'urine ni comment elle est collectée.

"Cette année, beaucoup de poux font des ravages", dit Marianne. Je ne peux que confirmer, mon balcon est lui aussi envahi par ces petites bêtes nuisibles. "Nous essayons de les réguler avec de l'émulsion de niem", dit-elle. "L'huile de niem est extraite des graines et des fruits du niellier et peut notamment être utilisée comme pesticide naturel". Encore une leçon. Qu'il s'agisse de chasser les poux ou de planter de nouveaux légumes, l'équipe du jardin travaille toujours avec amour, souligne Marianne. Dans la mesure du possible, elle suit le calendrier des semis de Maria Thun, pionnière de la culture biodynamique. Pour Marianne, comme pour beaucoup d'autres sans doute, le jardinage c'est "apprendre en faisant".

Mais bientôt, les choses devraient devenir plus professionnelles. René explique qu'un concept de jardinage complet, axé sur la permaculture, va être élaboré. "Pour l'instant, ils se nourrissent aux trois quarts de leur propre jardin et des agriculteurs bio des environs, et pour un quart des achats régionaux. Mais le rêve de René est de pouvoir un jour couvrir tous ses besoins avec son propre jardin. Aujourd'hui, tous les légumes sont déjà sans plastique, quelle que soit la source d'approvisionnement. Ils ont déjà une bonne longueur d'avance sur les grands supermarchés.

"La durabilité sociale est souvent négligée"

La communauté de Sennrüti attache également de l'importance à d'autres choses afin de mener une vie aussi durable que possible. D'une part, ils prennent d'autres mesures écologiques, comme l'utilisation de l'énergie solaire, l'utilisation de l'eau de pluie dans les toilettes et les machines à laver ou le fait de ne pas posséder de voiture. Nous sommes sur la bonne voie et essayons de nous rapprocher chaque jour d'un mode de vie durable, mais nous sommes encore loin d'être arrivés". Pour René, cela signifie par exemple une autosuffisance complète, une énergie provenant uniquement de sources renouvelables ou encore l'élimination des déchets résiduels. Mais cela prendra encore du temps.

En plus de tous les aspects écologiques, la durabilité sociale joue également un rôle important. Celle-ci est trop souvent négligée aujourd'hui. "En raison de la proximité géographique, nous sommes plus souvent confrontés à des conflits. Nous avons par exemple pour règle de parler les uns avec les autres et non les uns des autres", ce qui permet d'éviter les sentiments négatifs qui commencent à bouillonner sous la surface. "C'est important pour maintenir la paix dans la communauté", ajoute René.

C'est aussi pour cette raison que le Sennrüti a mis en place son propre outil de décision. Cet outil, appelé "Attunement", est basé sur trois niveaux : le niveau factuel, le niveau émotionnel et le niveau intuitif. Les décisions sont prises uniquement sur la base de ce dernier. Les images qui se forment automatiquement dans l'esprit sur le thème sont décrites. Il est ainsi possible de voir si l'attitude de base est négative ou positive. "Nous utilisons cet instrument pour les décisions importantes, comme l'admission dans la communauté ou l'attribution d'un logement. Cela prend une à deux heures, mais nous évite des discussions interminables et désagréables", explique René. La plupart du temps, le principe du consensus tacite prévaut. Les mesures sont rendues publiques sous la forme d'un procès-verbal. Ceux qui s'y opposent peuvent se manifester dans la semaine, mais ils doivent alors aussi aider à élaborer une alternative.

Je trouve l'idée de base et la vision de la communauté vraiment géniales. La manière dont la durabilité est vécue dans toutes ses facettes est exemplaire. Mais prendre des décisions sur la base d'images intuitives va un peu trop loin pour moi personnellement. Je ne comprends pas vraiment pourquoi je ne peux pas simplement dire "oui" ou "non". C'est plus rapide et plus clair à mes yeux. Mais je n'ai pas toujours besoin de tout comprendre.

Enraciné dans la région

Les résidents de la communauté exercent tous des métiers "normaux". Car il faut bien financer le tout. René estime que les obstacles à une vie complètement autonome sont plus élevés en Suisse qu'ailleurs. "Le prix des terrains ne permet pas de se couper complètement de la société, mais ce n'est pas non plus l'objectif des Sennrüti. Au contraire, ils sont très engagés dans la région. Ainsi, de nombreux résidents travaillent dans des professions sociales dans la région, René lui-même est actif dans l'animation jeunesse de Flawil.

En plus de ses propres revenus, la communauté en tant que telle est fortement soutenue financièrement par la Confédération, des donateurs privés et la banque Raiffeisen. Mais cela permet de financer des projets communs, la vie entre les quatre murs devant être assurée en grande partie par l'activité professionnelle de chacun. En effet, ce qui est cultivé dans le jardin est principalement utilisé pour la cuisine commune. Celle-ci sert le déjeuner presque tous les jours de la semaine et parfois lors d'événements spéciaux. La cuisine y est toujours végétarienne, ce qui se passe chez soi est une affaire privée. Les résidents peuvent y faire ce qu'ils veulent. Mais les plates-bandes ne sont pas tout à fait taboues, la communauté peut toujours en prendre un peu. L'équipe de jardinage dit alors : "Les courgettes sont prêtes à être récoltées, servez-vous", et je sais qui serait toujours au premier rang...

Un coup d'œil dans la cuisine commune.
Un coup d'œil dans la cuisine commune.

L'idée de base me plaît

Comme dans tout lotissement, il y a aussi un certain degré de fluctuation à Sennrüti. La plupart du temps, c'est parce que les habitants ne peuvent pas s'identifier complètement au mode de vie, parce que quelque chose a changé dans leur vie ou parce que la vie en communauté est trop lourde pour eux. Mais si cela convient, les gens restent. En abordant ce thème, je me demande si je pourrais vivre dans une telle communauté. L'idée de base de la durabilité me parle. D'autant plus qu'elle n'est pas seulement écologique, mais aussi économique et sociale. Les habitants parlent ouvertement des choses afin d'éviter les malentendus mutuels. Cela me ferait définitivement du bien à moi aussi. Trop souvent, je me tais et je "hais". Je me sentirais également très bien dans le grand jardin avec des parterres, une aire de jeux, un foyer, etc. Je pourrais y faire descendre mon pouce vert clair de quelques nuances et m'y dépenser comme il se doit. Si je reste assis toute la journée, je peux devenir très agaçant. Du moins, c'est ce qu'on m'a dit.

Malgré tous ces aspects positifs que je rencontre au cours de la journée, je ne pense pas être fait pour la vie en communauté. Pour pouvoir me prononcer définitivement, il faudrait que je vive quelque temps au Sennrüti. Mais cela ne me conviendrait pas avant quelques années. Pour l'instant, je suis satisfait de mon appartement de 3,5 pièces dans l'agglomération de Zurich. J'apprécie l'infrastructure, les courtes distances et la facilité d'accès aux amis. A mon stade actuel de la vie, Degersheim serait trop rural, trop calme, pas assez multiculturel. J'aimerais intégrer davantage l'idée de durabilité - et les trois types d'idées - dans ma vie, mais je ne veux pas subordonner ma vie à l'idée de durabilité.

Cet article plaît à 20 personne(s)


User Avatar
User Avatar

Élargir mon horizon: voilà comment je résumerais ma vie en quelques mots. J'aime découvrir de nouvelles choses et en apprendre toujours plus. Je suis constamment à l'affût de nouvelles expériences dans tous les domaines: voyages, lectures, cuisine, cinéma ou encore bricolage. 


Loisirs créatifs
Suivez les thèmes et restez informé dans les domaines qui vous intéressent.

Jardin
Suivez les thèmes et restez informé dans les domaines qui vous intéressent.

Plantes
Suivez les thèmes et restez informé dans les domaines qui vous intéressent.

Loisirs créatifs
Suivez les thèmes et restez informé dans les domaines qui vous intéressent.

Jardin
Suivez les thèmes et restez informé dans les domaines qui vous intéressent.

Plantes
Suivez les thèmes et restez informé dans les domaines qui vous intéressent.

Ces articles pourraient aussi vous intéresser

  • En coulisse

    "Maman, quand est-ce qu'on va semer les tomates ?"

    par Ann-Kathrin Schäfer

  • En coulisse

    La «Théorie de la classe de loisir» expliquait dès 1899 les comportements de consommation irrationnels

    par David Lee

  • En coulisse

    10 jours de jeûne ou comment perdre cinq kilos et se sentir bourré

    par Andrea Fricke

Commentaire(s)

Avatar