En coulisse

Gender reveal party : quand l'annonce du sexe de bébé se transforme en spectacle

Katja Fischer
8/4/2022
Traduction : Stéphanie Casada

Cette coutume venue des États-Unis est arrivée en Suisse, et même dans mon village. J'ai voulu en savoir plus sur cette fête plutôt hors du commun et j'ai appris des choses absurdes, voire drôles.

La baby shower, c'était hier. Les fêtes en l'honneur des enfants à naître ont atteint un nouveau niveau : elles s'appellent désormais gender reveal parties et servent à révéler le sexe du bébé.

Pardon ? Vous pensez peut-être avoir mal lu ce que j'ai écrit.

Ce qui est célébré à grande échelle depuis des années aux États-Unis est désormais pratiqué par un nombre croissant de futurs parents dans notre pays. La tendance me paraissait très lointaine. Du moins, jusqu'à maintenant.

Le bistrot du village rencontre le kitsch américain

La gender reveal party est maintenant arrivée dans mon petit univers. Dans une story Instagram du restaurant du village, j'ai récemment découvert un repost d'un tel événement, qui s'est apparemment déroulé dans la salle rustique. On peut y voir le chic d'un bistrot de village mélangé au kitsch américain.

Le compte Instagram n'a pas encore dévoilé la réponse. Peut-être qu'une vidéo du ballon qui explose suivra bientôt ? Je me suis surprise à développer soudain une curiosité insondable pour le sexe de ce bébé que je ne connais même pas et à faire des recherches sur les gender reveal parties. Pourquoi, comment et faut-il vraiment organiser une telle fête ? Le phénomène me fascinait et m'irritait à la fois.

Lors de mes grossesses, je n'ai même pas fait de baby shower. Et maintenant, j'ai plongé dans le monde rose et bleu clair des gender reveals. J'ai découvert des choses étonnantes, drôles et parfois même bizarres au sujet de ces fameuses fêtes organisées en l'honneur du bébé à naître. Voici mes dix principales découvertes.

1. Un secret bien gardé

Des ballons bleus s'envolant d'une boîte l'ont ensuite solennellement dévoilé en juin 2020. Un moment important pour Sara Leutenegger ; mais pourquoi ? Plus que le sexe du bébé, il s'agissait de « célébrer le fait que mon mari et moi allions devenir parents », dit-elle.

2. Les célébrités donnent le la

J'ai vite compris que la gender reveal party allait de pair avec les médias sociaux. Les influenceur·euses comme Sara Leutenegger font participer leur communauté à leur fête et la célèbrent publiquement sur Instagram, Youtube et autres. Ce sont de grands noms internationaux qui ont montré l'exemple et déclenché ainsi un engouement mondial.

Le footballeur anglais Harry Kane, par exemple, a donné un coup de pied dans un ballon rempli de poudre bleue en juillet 2020 et a ensuite fait savoir au monde entier que lui et sa femme attendaient un garçon en postant une vidéo sur ses canaux de médias sociaux.

L'actrice Kate Hudson a également eu droit à des ballons, remplis de confettis roses.

3. La gender reveal party la plus chère du monde

Dans une vidéo incroyablement longue (15 minutes !), le couple a partagé le grand événement avec ses followers. Elle a été vue plus de 40 millions de fois à ce jour.

Le mieux, c'est d'aller directement au point principal du programme, autrement dit l'annonce du sexe, à partir de la minute 12:16.

4. Les révélations les plus insolites

Avec ou sans millions sur leur compte en banque, l'imagination de futurs parents plutôt ambitieux ne connaît pas de limites. Certes, les ballons, les gâteaux ou les confettis restent les pratiques les plus courantes, mais ne sont plus considérées comme créatives depuis longtemps. En revanche, les méthodes suivantes, qui ont effectivement déjà été testées, le sont :

Si vous trouvez que ce n'est pas encore assez original, il y a aussi les deux idées suivantes, qui ont également déjà été mises en pratique :

  • illuminer une grande roue en rose ou en bleu
  • inciter un crocodile à déchirer un ballon rempli de poudre colorée

5. Une fête de plus en plus critiquée

Paradoxalement, l'engouement pour les gender reveal parties tombe justement à une époque où l'on discute intensément des identités et des stéréotypes de genre ainsi que du sexisme, et où de nombreux parents essaient justement de ne plus faire rentrer leurs enfants dans les cases habituelles des genres. Malgré ou à cause de la popularité croissante des gender reveals, les critiques publiques se multiplient.

6. Le problème du nom

7. L'inventrice a des regrets

Même l'inventrice des gender reveal parties, la blogueuse américaine Jenna Karvunidis, regrette désormais sa création. En 2008, pendant sa grossesse, elle a organisé une fête pour son premier-né, au cours de laquelle elle a coupé un gâteau fourré de rose, révélant ainsi son sexe aux invités. Elle a alors partagé des photos sur son blog, l'article a été repris par un magazine et est devenu viral.

Onze ans et un battage médiatique mondial plus tard, elle a ensuite soulevé la question dans un message Facebook : « Le sexe d'un enfant n'est-il pas indifférent ? » Pour cela, elle a posté une photo de famille avec son mari et leurs trois filles, deux en petite robe de dentelle, une en costume. « Plot Twist : le bébé de la première gender reveal party porte un costume ! »

8. Best of fails

Ces personnes ont parfois littéralement eu une peur bleue. Sur le Web, on peut trouver une multitude de vidéos de fêtes ratées. En voici un best of :

9. Des fêtes qui ont mal tourné

Dans le New Hampshire, en avril 2021, des explosifs ont provoqué une détonation si violente qu'elle a déclenché une alerte sismique dans la région. En Californie, un accident de machine à fumée a même provoqué un incendie de brousse à l'automne 2020. Près de 92 000 mètres carrés de terrain ont brûlé et il a fallu plus de deux mois pour éteindre le feu.

10. Le business autour des gender reveal parties

Ce qui n'était au début qu'une petite fête entre amis s'est transformé en une véritable industrie. En ligne, vous trouverez tout ce dont vous avez besoin pour organiser une gender party : des ballons à confettis aux canons « ready to pop », en passant par tous les accessoires de décoration imaginables en rose et en bleu clair.

Les précurseur·euses ont à leur tour fait des affaires. Il·elles font sponsoriser – et donc dorer – l'ensemble de leur événement. En échange d'une mention correspondante et d'un lien dans le contenu, il·elles reçoivent tout, de la planification à la décoration, en passant par les fleurs, les gâteaux et les cadeaux pour les invité·es.

Bilan : trop de gâteaux et de confettis

Mon bistrot de village n'a d'ailleurs jamais révélé le sexe du bébé de la gender reveal party. Et non, je ne me suis pas renseigné auprès de l'hôte à ce sujet. En fait, je suis assez satisfaite,

car, je le sais maintenant, ce n'est pas la fête en elle-même qui m'irrite tant. C'est plutôt toute la mise en scène qui l'entoure. Il ne s'agit presque plus que des idées les plus folles et de l'attention maximale grâce aux photos et aux vidéos, avec des conséquences parfois fatales.

Je reste sur ma position. Jamais je n'organiserais une fête de ce genre. Et si c'est le cas, ce sera tout au plus comme la youtubeuse allemande Mirella Precek, qui s'est moquée de sa propre baby shower sur Instagram : sans gâteau, sans confettis et sans photobox.

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Maman d'Anna et d'Elsa, experte en apéritifs, passionnée de fitness en groupe, aspirante ballerine et amatrice de potins. Souvent multitâche de haut niveau et désireuse de tout avoir, parfois chef en chocolat et héroïne de canapé.


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