Toute l'Europe est occupée par les armées de l'égalité des genres. Toute l'Europe ? Non, une société occupée par d'irréductibles courtiers en fleurs ne cesse de résister au progrès.
Vive les années 50
L'immobilisme social fait partie de la Suisse
En 2020, avec toutes les grèves, les manifestations et la pandémie qui vient de mettre en lumière toutes sortes de dysfonctionnements, Fleurop semble avoir tout de même joué un peu trop gros avec une ligne de produits sexistes. Peut-être l'année prochaine
Élargir mon horizon: voilà comment je résumerais ma vie en quelques mots. J'aime découvrir de nouvelles choses et en apprendre toujours plus. Je suis constamment à l'affût de nouvelles expériences dans tous les domaines: voyages, lectures, cuisine, cinéma ou encore bricolage.
Il y a quelques jours, les Pays-Bas ont décidé de supprimer la mention du sexe sur les cartes d'identité à partir de 2024. Les personnes doivent pouvoir s'épanouir librement dans leur identité. On peut saluer cette décision comme un pas dans la bonne direction. Comme le signe que les qualifications, le caractère et la vision du monde ne sont pas en corrélation avec l'identité de genre. Mais on peut aussi considérer qu'il s'agit d'une thérapie d'occupation superflue pour des politiciens sous-employés. Après tout, il existe biologiquement deux sexes. Dans le langage écrit, il n'y en a qu'un. C'est ainsi et cela l'a toujours été. Ou alors, on se contente de donner un sexe aux plantes, puisqu'on nous le refuse à nous, les humains.
Nouveau dans l’assortiment
Les plantes pour hommes sont là ! Préférez-vous Bruce ou Harry ?
Alors que nos concitoyens cherchent encore des arguments et des slogans de comptoir à balancer à la tête de ceux qui ne pensent pas comme eux dans le débat sur l'égalité, un fleuriste chevronné passe discrètement à l'action. Fleurop n'a pas envie de débattre et de s'échauffer. Elle se contente donc d'attribuer un sexe aux plantes et de leur donner vie en leur attribuant des rôles datant des années 50 pour exprimer son opinion. Un coup de marketing génial en 2020. Avec tous ces progrès en matière de racisme et de sexisme, il est important de célébrer aussi la régression.
L'idée de la nouvelle ligne "Plante pour hommes" séduit par sa simplicité. C'est bien connu, les hommes sont paresseux et n'ont pas vraiment la main verte. Leurs garçonnières sont décorées de sous-vêtements sales parce que la dernière visite à maman est tombée à l'eau à cause de maux de tête dus à l'alcool. Les femmes n'aiment guère cela. Elles aiment la verdure. Pas seulement comme une attention lors de la journée mondiale de la femme ou dans un smoothie sain, mais aussi dans les appartements des hommes.
Comment concilier la paresse de l'arrosage et le désir impérieux de satisfaction coïtale ? Bien sûr, en donnant des noms d'hommes aux plantes les plus faciles à entretenir, en les plaçant dans des pots en béton masculins et en proposant le tout à un prix trois fois plus élevé. Et voilà la nouvelle sainte trinité des symboles de la puissance masculine : Rolex au poignet. Porsche 911 dans le garage. Monstera à côté du canapé. Si, contre toute attente, cela n'aboutit pas à l'acte sexuel, alors, chers hommes, une petite consolation de la part de Fleurop : soyez simplement heureux de ne pas devoir partager votre appartement avec des femmes rebelles qui s'offusquent de votre enthousiasme pour le sport. Les plantes se taisent et sont jolies. Il est loin le temps où l'homme pouvait dire la même chose des femmes.
Les débatteurs ingénieux peuvent maintenant argumenter que le sexisme est dirigé contre les deux sexes, raison pour laquelle il se dissout en fait. Le moins multiplié par le moins donne un plus, ce sont des mathématiques simples. De plus, la Suisse n'a jamais été très ouverte au progrès social, comme en témoigne le droit de vote des femmes, qui n'est entré en vigueur qu'en 1971. L'immobilisme sociopolitique est aussi helvétique que Guillaume Tell ou le Stewi. Chez certains, il fait même naître un sentiment de fierté nationale dans leur poitrine bombée. Mais le Parlement suisse n'est pas le seul à être plus agité que jamais (bonjour le mariage pour tous et les DEUX semaines de congé paternité ! Peut-être.), la communauté Galaxus l'est aussi, contrairement à nous en tant que magasin. Elle ne se laisse pas prendre pour un imbécile à grands frais et dénonce l'utilisation maladroite des stéréotypes de genre.
