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À la fois effrayant et adorable : l’univers de l’horreur mignonne dans les jeux vidéo

Kim Muntinga
20/10/2025
Traduction : Aglaë Goubi

L’horreur ne doit pas nécessairement être sanglante. Certains jeux misent sur une esthétique enfantine, des personnages ludiques, et déploient ainsi une forme particulière d’effroi. Huit exemples montrent à quel point l’horreur peut être charmante.

Il y a horreur et horreur. Outre les jeux sanglants et les jeux de survie sombres, il existe un créneau à part entière qui peut sembler contradictoire à première vue : « l’horreur mignonne ». Il s’agit de jeux qui associent des thèmes effrayants, des histoires de fantômes ou des cauchemars à une présentation mignonne, souvent presque enfantine. Au lieu de gore et de panique, l’accent est mis ici sur l’atmosphère, les ruptures de style et les clins d’œil.

Avec la sortie de Little Nightmares III et Halloween qui approche à grands pas, il vaut la peine de s’intéresser à cette facette du genre qui vous permettra de vous initier à l’horreur sans pour autant vous priver de sommeil. Je vous présente huit jeux qui montrent à quel point l’horreur peut être charmante, morbide et parfois même mignonne.

« Little Nightmares » (série)

La série Little Nightmares de Tarsier Studios est devenue un classique moderne de l’horreur atmosphérique. Vous incarnez de petits personnages vulnérables tels que Six ou Mono, qui évoluent dans des mondes surréalistes et grotesques. Au lieu d’effets sanglants, l’horreur repose sur une atmosphère oppressante, des créatures bizarres et un sentiment d’impuissance constante.

Quand même une main se transforme en cauchemar : « Little Nightmares III » montre une fois de plus à quel point l’horreur douce peut être subtile et pénétrante.
Quand même une main se transforme en cauchemar : « Little Nightmares III » montre une fois de plus à quel point l’horreur douce peut être subtile et pénétrante.
Source : Kim Muntinga

Le charme réside dans le contraste : des protagonistes à l’apparence enfantine dans un environnement surdimensionné et menaçant, où chaque adversaire semble surpuissant. L’atmosphère oppressante n’est pas créée par le sang, mais par des images surréalistes et une vulnérabilité permanente.

Avec la sortie de Little Nightmares III, la série fait son grand retour et démontre une fois de plus à quel point l’horreur mignonne peut être efficace. Le jeu s’inscrit dans la continuité de la fascination sombre de ses prédécesseurs, tout en l’enrichissant de nouveaux environnements, d’énigmes et d’un mode de jeu coopératif. Dans ma critique de Little Nightmares III, je décris pourquoi le jeu est magnifique, mais aussi pourquoi il a ses défauts tout en conservant son charme : la fascination enfantine rencontre les peurs adultes.

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    par Kim Muntinga

« Luigi’s Mansion » (série)

Alors que Mario endosse généralement le rôle du héros, Luigi reste traditionnellement le frère craintif qui reste en retrait. Dans Luigi’s Mansion, il passe toutefois au premier plan, et ce en tant que chasseur de fantômes. Équipé d’une lampe de poche et d’un aspirateur, vous incarnez Luigi qui déambule dans des manoirs et des hôtels, accompagné de battements nerveux, de pas hésitants et de monologues silencieux.

L’horreur charmante plutôt que la panique : Luigi maîtrise le chaos avec une bravoure tremblante.
L’horreur charmante plutôt que la panique : Luigi maîtrise le chaos avec une bravoure tremblante.
Source : Nintendo

Si vous voulez vraiment vous faire peur, vous n’êtes pas au bon endroit. En revanche, vous trouverez ici beaucoup de charme et d’humour burlesque. Les fantômes sont animés de manière fantaisiste, Luigi lui-même ressemble à une caricature du héros malgré lui. La série est un excellent exemple d’horreur familiale.

Depuis ses débuts sur GameCube jusqu’à Luigi’s Mansion 3, le concept reste populaire : l’horreur avec humour. La série montre que l’épouvante ne doit pas nécessairement être sanglante et sérieuse, mais qu’elle peut aussi fonctionner en faisant sourire. Pour celles et ceux qui souhaitent approfondir le sujet : ma collègue Cassie a testé Luigi’s Mansion 2 HD et en conclut qu’il s’agit du meilleur opus de la série à ce jour.

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    par Cassie Mammone

« Cult of the Lamb »

Un adorable agneau à la tête d’une secte sinistre. Cette contradiction est la recette du succès de Cult of the Lamb. Le jeu combine des éléments de construction, des combats roguelite et un graphisme mignon inspiré des bandes dessinées. À première vue, les petits animaux ressemblent à des personnages sortis d’un livre pour enfants. Mais en jouant, on se rend vite compte qu’il s’agit ici de rituels, d’offrandes et du culte de dieux obscurs.

Un agneau en mission : entre yeux de fouine et symboles cultes, le charme macabre de « Cult of the Lamb » se déploie.
Un agneau en mission : entre yeux de fouine et symboles cultes, le charme macabre de « Cult of the Lamb » se déploie.
Source : Devolver Digital

C’est précisément cette rupture qui fait tout le charme du jeu. La présentation mignonne apporte une touche de légèreté, tandis que les thèmes abordés sont délibérément macabres. Vous construisez un village, rassemblez des disciples et invoquez des pouvoirs. Malgré tout, l’ensemble reste charmant, presque chaleureux.

Cult of the Lamb est l’un des succès indépendants de ces dernières années et un excellent exemple de combinaison entre l'humour noir et les graphismes mignons. Si vous appréciez l’humour noir, vous ne pouvez pas passer à côté de ce jeu. L’univers du petit agneau continue de s’étendre : une bande dessinée spéciale lui sera consacrée en octobre 2025. Vous trouverez plus d’informations à ce sujet dans mes actualités.

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    par Kim Muntinga

« Among the Sleep »

Dans Among the Sleep, vous vivez l’horreur sous un angle unique : celui d’un enfant en bas âge. Accompagné d’un ours en peluche, vous rampez à travers les chambres, les couloirs et les caves, tandis que l’environnement se transforme progressivement en un monde surréaliste et cauchemardesque. Même l’intrigue relativement simple, à savoir se réveiller la nuit et chercher sa mère, devient ainsi une véritable aventure émotionnelle.

L’horreur ne provient pas des monstres ou des éclaboussures de sang, mais de l’impuissance du personnage. Les objets du quotidien semblent menaçants, car ils apparaissent comme surpuissants aux yeux d’un enfant : une chaise renversée peut devenir un obstacle et une ombre peut déclencher des palpitations cardiaques.

Teddy est plus qu’un simple ami. Dans « Among the Sleep », la sécurité d’un enfant devient source d’horreur.
Teddy est plus qu’un simple ami. Dans « Among the Sleep », la sécurité d’un enfant devient source d’horreur.
Source : Krillbite Studio

Among the Sleep aborde de manière subtile des thèmes sérieux tels que la peur et les conflits familiaux, sans jamais quitter le point de vue de l’enfant. Il en résulte un jeu court et intense sur le plan émotionnel, qui montre à quel point l’horreur peut être à la fois vulnérable et fascinante lorsqu’on la vit à travers les yeux d’un enfant.

« Doki Doki Literature Club »

À première vue, Doki Doki Literature Club ressemble à un visual novel ordinaire. Vous rejoignez un club de littérature composé d’étudiantes anime joyeuses, vous écrivez des poèmes et vous vivez de petites romances. Tout laisse penser à un jeu de simulation de rencontres inoffensif, jusqu’à ce que l’illusion se brise et que la vérité apparaisse.

Ce qui commence comme une romance scolaire anodine se révèle être un jeu psychologique aux couleurs pastel.
Ce qui commence comme une romance scolaire anodine se révèle être un jeu psychologique aux couleurs pastel.
Source : Team Salvato

Le jeu commence par subtilement saper vos attentes. Des scènes apparemment mignonnes se transforment en moments oppressants, des conversations romantiques donnent lieu à des abîmes psychologiques. Lorsque le récit brise le quatrième mur, on réalise vraiment qu’il s’agit en réalité d’un jeu d’horreur déguisé en univers anime tout mignon.

Derrière la façade joyeuse de « Doki Doki Literature Club » se cache une histoire de solitude, de contrôle et de pression psychologique.
Derrière la façade joyeuse de « Doki Doki Literature Club » se cache une histoire de solitude, de contrôle et de pression psychologique.
Source : Team Salvato

C’est justement parce qu’il vous trompe que Doki Doki Literature Club fonctionne si bien. Il utilise son apparence innocente pour vous mettre en confiance et rendre l’horreur qui vient après d’autant plus intense. Un titre culte qui pousse à l’extrême le concept d’« horreur mignonne ».

« Little Misfortune »

Little Misfortune raconte l’histoire d’une petite fille à la recherche du « bonheur éternel ». Elle est accompagnée d’un narrateur dont les commentaires mélodieux, mais ambigus ne permettent jamais de savoir clairement s’il est un allié ou un manipulateur. Dès le début, l’esthétique du livre pour enfants se heurte à de sombres sous-entendus.

Le style graphique dessiné à la main donne une impression ludique et chaleureuse, mais derrière cette façade se cachent des thèmes tels que la mort, la solitude et la manipulation. Des situations anodines basculent régulièrement dans des épisodes macabres, accompagnés d’un humour noir qui fait de ce jeu un exercice d’équilibre entre innocence enfantine et gravité amère.

La mort comme passeur : dans « Little Misfortune », le chemin vers l’au-delà devient une histoire mélancolique pour enfants.
La mort comme passeur : dans « Little Misfortune », le chemin vers l’au-delà devient une histoire mélancolique pour enfants.
Source : Killmonday Games AB

C’est précisément ce contraste qui rend Little Misfortune si remarquable. C’est toujours mignon à regarder, même si l’histoire raconte une réalité sombre, parfois cruelle. C’est donc un excellent exemple d’horreur mignonne qui vous touche, vous perturbe et vous fait sourire en même temps.

« Yomawari » (série)

La série Yomawari de Nippon Ichi Software allie l’esthétique kawaii à une véritable horreur. Dans ces jeux, vous contrôlez de petites filles qui errent seules la nuit dans des villes et villages japonais. Avec pour seuls repères une lampe de poche et votre cœur qui bat la chamade, vous vous déplacez dans des rues sombres où rôdent des fantômes invisibles.

Le graphisme ressemble à celui d’un livre d’images : de grosses têtes, des petits personnages et des couleurs pastel. Ne vous méprenez pas, ce style mignon est trompeur. Le jeu aborde les thèmes de la solitude, de la perte et de la peur enfantine, et utilise cette façade mignonne pour rendre la menace encore plus forte.

Derrière le concept d’horreur se cache une histoire sur la gestion du deuil.
Derrière le concept d’horreur se cache une histoire sur la gestion du deuil.
Source : NIS America, Inc.

Yomawari est plus subtil que beaucoup de jeux d’horreur occidentaux. Il ne mise pas sur les effets chocs, mais plutôt sur l’atmosphère et un silence inquiétant. La série montre ainsi à quel point l’horreur peut être puissante lorsqu’elle est racontée du point de vue d’un enfant, et que le style mignon n’atténue pas l’horreur, mais la renforce.

« Pumpkin Jack »

Le voyage à travers l’horreur mignonne se termine avec Pumpkin Jack : un jeu de plateforme en 3D entièrement dédié à l’esthétique d’Halloween. En tant que héros à tête de citrouille, vous sautez à travers des paysages effrayants et colorés, vous combattez des démons et vous résolvez des petites énigmes. Le ton reste toujours ludique, presque comique, même lorsque des squelettes et des monstres apparaissent à l’écran.

Le jeu rappelle des classiques tels que MediEvil ou Jak and Daxter, mais apporte sa touche personnelle avec son charme d’Halloween. Au lieu de l’horreur, il mise sur l’action et l’humour.

« Pumpkin Jack » combine l’humour d’Halloween avec un gameplay d’action rapide comme l’éclair.
« Pumpkin Jack » combine l’humour d’Halloween avec un gameplay d’action rapide comme l’éclair.
Source : Evil Raptor

Pumpkin Jack est le jeu idéal pour conclure cette liste, car il montre que l’horreur n’est pas forcément oppressante ou sombre, mais qu’elle peut aussi être colorée, énergique et pleine de joie.

Entre sourire et chair de poule

Tous les jeux de cette liste ont un point commun : ils misent sur une esthétique mignonne, des personnages charmants et une approche ludique du thème de l’horreur. Contrairement aux grands classiques du genre tels que Resident Evil ou Silent Hill, ils cherchent moins à vous plonger dans une peur viscérale qu’à jouer avec les contrastes. Ils vous font sourire tout en vous donnant la chair de poule, et c’est précisément là que réside leur charme.

« L’horreur mignonne » est donc aussi une sorte de drogue d’initiation, parfaite si vous n’osez pas vous aventurer dans les jeux d’horreur. Les titres sont souvent plus courts, plus accessibles et vous font vivre des sensations effrayantes sans que vous n’ayez besoin de dormir avec une veilleuse.

Quand l’horreur fait sourire

Ce mélange entre mignonnerie et effroi montre à quel point le genre horreur peut être varié. Le gore, le sang et les effets chocs ne sont pas forcément nécessaires, parfois, l’horreur est d’autant plus forte lorsqu’elle se cache derrière un air adorable ou sous votre lit.

Que vous souhaitiez vous mettre dans l’ambiance de Little Nightmares III ou que vous cherchiez un jeu adapté pour Halloween, ces huit titres vous offrent le mélange parfait entre charme et frissons.

Maintenant, c’est à vous de jouer : quel jeu d’horreur mignon vous a déjà fait frissonner tout en vous faisant sourire ?

Photo d’en-tête : Nintendo

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