Essayez chaque chaise ! Voilà l'une des astuces d'Esther Angulo permettant de savoir si la conception tient la route. Quels sont les autres aspects à prendre en compte lors du choix d'une chaise de salle à manger ?
Les bonnes questions
Une chaise est comme un colocataire avec qui on doit bien s'entendre.
Les jeu de distances, de hauteurs et de mouvements
Pour tester la hauteur de siège convenant le mieux, elle vous conseille de procéder à une simulation. « Pour ce faire, prenez une chaise chez vous ! Placez par exemple un livre sous le piètement pour imaginer la hauteur. »
La distance entre le plateau de la table et le siège doit être comprise entre 23 et 28 cm, de telle sorte à croiser les jambes. Au-delà de 28 centimètres, en revanche, on aura l'impression d'être à une table pour enfants. La distance par rapport aux autres meubles ou au mur doit être d'au moins un mètre. La distance optimale entre les chaises est de 65 cm afin d'étendre les coudes sans toucher la personne assise à côté.
Les tests en valent la peine, que ce soit au magasin, à l'hôtel ou chez des amis. « Il faut pouvoir s'étirer et reculer sans que la chaise ne vacille ni grince », explique Esther. « Après le dîner, si vous avez envie de vous asseoir sur les genoux de quelqu'un d'autre, la chaise doit pouvoir résister sans problème. »
Avec ou sans accoudoirs
Le choix des matériaux
La durabilité et la qualité
Les patins
L'aspect esthétique
Chaque intérieur a besoin de quelque chose de vivant : j'aime les meubles exotiques et les éléments accrocheurs ici et là.
Les chaises, comme celles d'Horgenglarus, se singularisent en revanche par leurs formes simples et sobres. En cas de doute, combinez différentes chaises ! « C'est ce que nous avons fait à l'hôtel Walther », ajoute-t-elle. Pour jouer la carte de la diversité, quatre modèles différents avec tissus ont été utilisés dans la salle à manger.
Comme une pom-pom girl, je soutiens le bon design et vous fais découvrir tout ce qui a trait aux meubles et à l’aménagement intérieur. Régulièrement, je vous présente des astuces d’intérieur simples mais raffinées, je parle des tendances et j’interviewe des esprits créatifs sur leur travail.
La recherche d'un modèle de chaise adapté peut rapidement se transformer en un véritable tour de force. Rien que notre assortiment compte plus de 5000 modèles différents. Un tel choix de chaises débouchant sur un important investissement – il en faut plusieurs –, j'ai demandé conseil à Esther Angulo, architecte d'intérieur ayant déjà eu l'occasion de sélectionner de nombreux meubles pour des projets privés et publics. L'hôtel Walther à Pontresina et le restaurant Baretto à Zurich en sont deux exemples. J'ai rendez-vous chez Esther à Bâle. « Il faut commencer par une liste et se poser des questions précises », suggère-t-elle, « puis faire preuve de créativité. »
« Pouvoir rester assis pendant une période prolongée, se sentir à l'aise, jouer, être flexible... ; voilà les mots-clés que j'écris sur une page au début », explique Esther. Avant de commencer à penser au rendu des chaises, elle recommande la création d'une liste comportant leurs propriétés, ce qui permet de répondre aux besoins ultérieurs. Ce n'est qu'alors que l'apparence et les spécifications concrètes de la chaise entrent en jeu.
Les chaises doivent permettre de s'asseoir de différentes façons.
Esther pose à ses clients privés des questions sur leurs habitudes : comment la chaise est-elle utilisée avec d'autres meubles, par exemple avec une table à manger ? Elles veut également en savoir plus sur les points tels que la taille de la pièce, ses caractéristiques architecturales, le mobilier qui s'y trouve. « Dans une petite cuisine, une chaise en bois légère sans accoudoirs ni rembourrage est idéale. Il faut privilégier les matériaux hydrofuges pour venir facilement à bout des éclaboussures de cuisine.
Une fois le questionnaire rempli, Esther poursuit avec des images de référence. Si le client a des idées concrètes sous forme de photos, elle les intègre alors dans la recherche, ce qui donne lieu à un collage, un moodboard. Elle y ajoute ses propres idées glanées sur les réseaux sociaux ou dans sa vaste collection de photos prises au détour de visites de salons et de foires commerciales. Elle garantit ainsi une vision identique pour toutes les parties concernées.
S'il y a déjà une table à manger, Esther s'enquiert d'abord des dimensions. « Il ne faudrait pas être assis trop bas par rapport à la table », explique-t-elle. « Au risque de se sentir comme un enfant et de devoir lever les coudes et les épaules. Cela peut aller dans des cas exceptionnels, mais il en faut un plus pour se sentir bien. » En outre, les personnes âgées ont du mal à se lever d'une chaise trop basse telle qu'une chaise longue. Écrit par Neufert, « Les Éléments des projets de construction » est un ouvrage de référence fournissant des informations sur les distances normalisées ou les éléments de construction dans les zones d'habitation, les églises, les bureaux et bien d'autres choses encore. Entre le sol et l'assise, on considère que le confort se situe entre 40 et 47 cm d'écart. Dans certains restaurants, on peut même aller jusqu'à 48 cm. « Ce peut être souvent trop haut et devenir inconfortable lorsque les pieds flottent dans les airs », explique Esther.
Les livres n'aident pas seulement Esther à déterminer théoriquement la hauteur de l'assise.
Elle en place aussi sous la chaise pour simuler différentes hauteurs.
Pour que les sièges soient confortables, il faut de l'espace pour les jambes.
Le dossier doit être suffisamment haut et stable pour permettre de s'étirer vers l'arrière.
La quantité de mouvements que vous faites en mangeant détermine si les accoudoirs vous conviennent. Si vous n'êtes pas sûr, Esther vous conseille de combiner différentes chaises, avec et sans. Enfin, ce type de chaise nécessite plus d'espace et influence la distance par rapport à la table à manger. « Assurez-vous que les accoudoirs passent sous la table », explique-t-elle. « Vous évitez ainsi la perte de place. » Les chaises avec petits accoudoirs peuvent également faire l'affaire. Ils offrent le confort et, dans le cas de tables assez basses, permettent de placer au moins une partie de la chaise en dessous.
Pour un usage domestique et pour les surfaces qui sont en contact direct avec la peau, Esther n'aime pas utiliser le métal. Il est froid et peut être inconfortable au toucher. Elle évite les sièges en plastique fermés pour éviter de rester collé en été. De plus, ces derniers ne laissent pas l'humidité s'échapper en raison d'une mauvaise circulation de l'air. Outre le bois, Esther préfère les chaises rembourrées ou celles disposant d'une assise rembourrée. « Les assises rembourrées invitent à s'attarder », lance-t-elle. « Les surfaces douces sont particulièrement agréables sur la peau nue. » L'architecte d'intérieur veille à ce que le tissu soit imprégné, ce que l'œil ne voit pas de toute façon. Et puis si on renverse quelque chose dessus, le liquide s'écoule tout simplement. Elle demande également au fabricant si le tissu peut être remplacé ou si la chaise pourrait être rembourrée pour éviter ce genre de problème. Même si ce type de requête n'est pas bon marché, cela en vaut la peine à long terme.
Esther sélectionne les chaises pour ses projets selon des critères écologiques. Ce qui lui importe, c'est qu'une chaise ou ses différentes parties n'aient pas fait la moitié du tour du monde. De préférence, elle propose un beau modèle venu de Suisse et d'Europe pour ses projets. Elle recommande de s'assurer à l'avance de la facilité des réparations si nécessaire. « Dans le secteur de la restauration, il est essentiel que les pièces de rechange puissent être commandées à nouveau », explique-t-elle. « Les fabricants de meubles spécialisés dans les espaces publics y sont attentifs ; des entreprises de design comme Vitra se distinguent également par ce genre de prestations. Ce n'est souvent pas le cas chez les fournisseurs de chaises bon marché ».
Pour Esther, les chaises peuvent aussi accueillir des plantes...
...ou faire office de table, porte-revues et tabouret.
Pour attester de la qualité, il convient de soulever la chaise et de l'examiner en se posant les bonnes questions : comment sont les finitions, est-ce collé, vissé ? Il existe des chaises de qualité à prix abordable. La qualité se reconnaît à des vis en métal durable et non en plastique. Ensuite, il y a les vraies classiques : Esther possède une série de modèles « Classic » signés Horgenglarus d'occasion. « La durabilité, les chaises du fabricant suisse la doivent aux raccords et au bois massif qui vieillit magnifiquement. » En d'autres termes, un bois de qualité et un bon traitement de surface rendent une chaise plus durable. Esther ne lâche pas les producteurs d'une semelle en leur posant des questions : comment la chaise est-elle traitée ? Est-elle peinte ou huilée ? Comment se passe l'entretien ? Pour l'achat en ligne, il convient de jeter un œil au poids. Ce dernier indique la solidité du modèle.
Il y a souvent un détail qu'on oublie : les patins. Certaines marques vous fourniront les patins adaptés à vos sols si vous leur demandez », explique Esther. Sinon, il existe des patins en plastique et en feutre à visser pour parquets ou patins en métal pour tapis ou sols plastifiés. Sur un tapis, les patins en feutre sont peu pratiques, car ils ne glissent pas. Elle déconseille les patins en feutre autocollants : « Ils sont souvent visibles et se décollent rapidement. Ou bien ils accumulent la poussière, ce qui n'est pas très esthétique. »
Les patins en feutre atténuent le bruit sur les sols lisses.
Les chaises permettent de détendre l'image d'une pièce tout en structurant l'ensemble. « Il faut une certaine cohérence, mais un modèle à la fois ravissant et élaboré mettra rapidement en valeur toute la pièce », explique Esther. Des chaises comme la célèbre Eames Plastic Chair de Charles et Ray Eames, considérées comme des objets de design, sont souvent appelées à tort chaises Vitra. Selon elle, ce phénomène émane d'un marketing réussi (de la part de Vitra) et du design spectaculaire émanant de la coque colorée du siège et du piètement en contrefiches.
La décoration intérieure d'Esther est influencée par les différents endroits où elle a travaillé. Elle a commencé avec l'architecte d'intérieur Iria Degen à Zurich, au style classique et élégant. Elle s'est ensuite rendue à Copenhague pour travailler avec David Thulstrup. Les projets du studio sont connus pour l'élégance minimaliste toute scandinave. De Virginia Maissen, elle retiendra le sens de l'éclectisme. Cette architecte d'intérieur zurichoise est connue pour son esprit libre et son goût pour les meubles d'époque. Aujourd'hui, Esther Angulo travaille pour l'architecte Rolf Stalder. Elle participe entre autres à l'expansion d'un département de design d'intérieur et à la reconception d'un restaurant et d'un hôtel à Birsfelden près de Bâle. Aujourd'hui, elle décrit son propre style comme étant classique, intemporel et décontracté. « Une pièce a besoin d'harmonie, d'un élément fort et d'un objet spectaculaire qui lui confèrent tout son caractère. »
