
En coulisse
Après 45 ans, les hommes risquent de tomber dans une spirale négative fatale
par Martin Jungfer
Les papillomavirus humains (HPV) font partie des agents pathogènes sexuellement transmissibles les plus fréquents dans le monde. Mais : il existe un vaccin. Ce que peu de gens savent, c’est qu’il est aussi important pour les jeunes hommes que pour les jeunes femmes.
Dans certains pays, le virus du papillomavirus humain (HPV) figure sur la liste noire des ennemis publics. La raison : le HPV est le principal déclencheur du cancer du col de l’utérus et peut favoriser d’autres types de cancer (y compris chez les hommes).
Un coup d’œil à l’Autriche montre un changement d’attitude : dans ce pays, la vaccination contre le HPV est désormais possible et gratuite pour les deux sexes jusqu’à l’âge de 21 ans. En effet, les jeunes hommes savent rarement quel rôle ils jouent dans la propagation de l’infection sexuellement transmissible, et pourquoi le HPV met également leur santé en danger.
Et en Suisse ? J’appelle le Dr Rebecca Zachariah, spécialiste en gynécologie à l’Hôpital cantonal de Winterthour, pour qu’elle me dise tout sur le HPV et la vaccination pour les hommes et les femmes.
Les papillomavirus humains sont perfides. Avec les 200 types de virus connus à ce jour, les HPV comptent parmi les agents pathogènes les plus fréquents des maladies sexuellement transmissibles dans le monde. La plupart des infections à HPV sont asymptomatiques (on ne remarque donc pas l’infection), ne présentent aucun danger et disparaissent d’elles-mêmes. D’autres types peuvent en revanche entraîner des modifications cellulaires importantes, puis des lésions précancéreuses et, en l’absence de traitement, un cancer. Parmi ces types à haut risque au potentiel cancérigène figurent les virus HP 16, 18, 31, 33, 35, 39, 45, 51, 52, 56, 58 et 59.
Et à l’échelle mondiale, 99 pour cent de tous les diagnostics de cancer du col de l’utérus sont associés au HPV. C’est ce que rapporte le Centre allemand de recherche sur le cancer. Mais d’autres cancers peuvent également résulter d’une infection à HPV, qui peut toucher aussi bien les hommes que les femmes.
Deux tiers des infections à HPV ne présentent aucun symptôme et sont donc transmis par contact sexuel sans être détectés. Selon l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), 70 à 80 pour cent des femmes et des hommes sexuellement actifs sont infectés par le HPV au cours de leur vie, le risque d’infection étant le plus élevé au début de l’activité sexuelle.
Selon les estimations de l’OFSP, les HPV disparaissent d’eux-mêmes dans 70 pour cent des cas dans l’année qui suit l’infection et dans 90 pour cent des cas après deux ans.
Pour détecter une infection à HPV au niveau du col de l’utérus, le ou la gynécologue doit effectuer un frottis de dépistage ou un test HPV. « Le dépistage du cancer du col de l’utérus est recommandé tous les trois ans à partir de 21 ans en tant que dépistage cytologique et est remboursé par l’assurance maladie. Le dépistage primaire du HPV n’est recommandé qu’à partir de 30 ans, mais les coûts ne sont pour l’instant pas couverts par l’assurance maladie », poursuit l’experte.
Les HPV ont longtemps été considérés – et le sont encore aujourd’hui dans de nombreux cercles – comme un problème exclusivement féminin. Cela s’explique par le lien plus qu’évident avec l’apparition du cancer du col de l’utérus : en Suisse, environ 250 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus et quelque 5000 lésions précancéreuses sont diagnostiqués chaque année. Mais : les hommes peuvent aussi être infectés par le virus, le transmettre sans le savoir – et mettre ainsi leur partenaire en danger – ou développer eux-mêmes un cancer à la suite de cette infection.
« Les cancers anaux sont également associés au HPV », confirme le Dr Zachariah, « mais comme ils sont moins fréquents que les cancers du col de l’utérus, ils sont moins souvent thématisés. »
Des chercheurs australiens ont par ailleurs pu établir un lien entre certains virus HP et le cancer de la prostate dans une étude publiée dans la revue Infectious Agents and Cancer. « Un lien de cause à effet entre le HPV et le cancer de la prostate est très probable », écrivent les autrices et auteurs.
Enfin, les carcinomes de la bouche et de la gorge peuvent également être liés à une infection à HPV et peuvent toucher aussi bien les hommes que les femmes. De même, 90 pour cent de toutes les verrues génitales sont dues aux types HPV 6 et 11 à faible risque, comme le rapporte le Swiss Medical Forum.
Les verrues génitales désagréables, mais inoffensives, refont leur apparition en Suisse depuis les années 1990 : 25 000 nouveaux cas y sont recensés chaque année. La vaccination contre le HPV peut également protéger contre ce risque.
Le HPV touche donc aussi bien les femmes que les hommes. C’est pourquoi la vaccination est désormais recommandée par l’Institut Robert Koch pour les deux sexes. Le Centre allemand de recherche sur le cancer rapporte : « La vaccination protège 9 femmes sur 10 contre le cancer du col de l’utérus, 9 hommes et femmes sur 10 contre le cancer anal, 6 hommes et femmes sur 10 contre le cancer de la bouche et de la gorge, 8 femmes sur 10 contre le cancer du vagin, 7 femmes sur 10 contre le cancer de la vulve et 6 hommes sur 10 contre le cancer du pénis.
L’Organisation mondiale de la santé dresse également un bilan impressionnant du potentiel de la vaccination contre le HPV : dans un document de synthèse, elle affirme que la vaccination pourrait éviter 60 millions de cancers du col de l’utérus et 45 millions de décès prématurés au cours des 100 prochaines années.
Le Dr Zachariah souligne également la recommandation de vaccination pour les deux sexes : « En se faisant vacciner, les hommes préservent également la santé générale dans le sens de la protection du troupeau, ils protègent la santé des femmes, mais ils se protègent en fin de compte aussi eux-mêmes. »
En Allemagne, la Commission permanente pour les vaccinations (STIKO) recommande la vaccination avant le premier contact sexuel, c’est-à-dire entre 9 et 14 ans. Dans la fiche d’information du RKI, on peut lire qu’une « protection vaccinale ne peut être obtenue que si aucune infection persistante par les types de HPV contenus dans le vaccin n’a eu lieu avant la vaccination. »
Cela dit, la vaccination est toujours utile plus tard et même après une première infection, car elle protège contre plusieurs types de HPV potentiellement cancérigènes. D’ailleurs, la vaccination réduit également le risque de verrues génitales de 90 pour cent.
En Suisse, l’Office fédéral de la santé publique recommande la vaccination pour tous les jeunes entre 11 et 14 ans. Toutefois, la vaccination reste recommandée comme vaccination de base pour les filles et comme vaccination complémentaire pour les garçons. Le Dr Zachariah trouve « qu’il serait logique que le HPV soit inclus dans la vaccination de base des garçons ».
Le virus HP arrive et repart souvent sans aucun signe, mais dans de nombreux cas, l’infection entraîne des conséquences dramatiques pour la santé. Pour vous protéger, vous et vos partenaires sexuels, il existe d’autres mesures préventives auxquelles vous pouvez avoir recours en plus de la vaccination.
Pour les femmes, le Dr Zachariah conseille le frottis tous les trois ans à partir de 21 ans. Les préservatifs ne protègent malheureusement pas suffisamment contre une infection à HPV. L’Institut Robert Koch écrit : « certains types de HPV sont présents, outre sur les muqueuses, sur la peau dans les régions génitale et anale. C’est pourquoi une transmission par contact physique très étroit (malgré l’utilisation du préservatif lors des rapports sexuels) peut également se produire. » Les garçons et les hommes font preuve de la plus grande responsabilité face au virus en se protégeant et en protégeant les autres à un stade précoce par la vaccination.
J'aime les formulations fleuries et le langage symbolique. Les métaphores bien tournées sont ma kryptonite, même si parfois, il vaut mieux aller droit au but. Tous mes textes sont rédigés par mes chats : ce n'est pas une métaphore, mais je crois à « l'humanisation de l'animal de compagnie ». En dehors du bureau, j'aime faire des randonnées, jouer de la musique autour d'un feu de camp ou faire du sport, voir parfois même aller à une fête.