
Point de vue
Netflix : un partage de compte contre supplément ? Une entreprise inutile
par Luca Fontana

La direction de Netflix doit se dire qu’il reste encore un peu de jus dans le citron. En effet, le prix des abonnements devrait à nouveau augmenter dans les mois à venir. C’est difficilement justifiable.
Deux des trois syndicats principaux d’Hollywood étaient récemment en grève : la guilde des scénaristes et celle des acteur·ices. La grève des scénaristes a pris fin la semaine dernière. Les auteur·rices ont obtenu une amélioration amplement méritée de leurs salaires. Concrètement, il s’agit des points suivants :
La rumeur veut que Netflix attende la fin de la grève des actrices et des acteurs. Il serait difficile d’expliquer une hausse des prix alors que la quantité de contenu est en diminution en raison des grèves.
Alors, pourquoi réaugmenter aujourd’hui ? Je ne sais pas.
Photo d’en-tête : Luca Fontana.J’écris sur la technologie comme si c’était du cinéma – et sur le cinéma comme s’il était réel. Entre bits et blockbusters, je cherche les histoires qui font vibrer, pas seulement celles qui font cliquer. Et oui – il m’arrive d’écouter les musiques de films un peu trop fort.
Vous lirez ici une opinion subjective de la rédaction. Elle ne reflète pas nécessairement la position de l’entreprise.
Tout afficherSans blague : des sources fiables du Wall Street Journal rapportent que Netflix a l’intention d’augmenter ses prix dans les prochains mois, une fois encore. La dernière fois que cela s’est produit en Suisse, c’était au début de l’année 2022. En Allemagne, un an auparavant. Aux États-Unis, au courant de l’année dernière. En revanche, la fin du partage de compte en 2023 a concerné le monde entier. L’introduction d’un nouveau modèle commercial, le partage de comptes payants, a récemment permis à Netflix d’atteindre des chiffres records en termes d’abonnements.
Il n’y a donc pas de raison valable de vouloir augmenter à nouveau les prix. Néanmoins, je sais déjà comment Netflix va légitimer sa stratégie. En évoquant l’augmentation des coûts de production et la nécessité d’investir dans de nouveaux contenus. Le blabla habituel, en fait. Peut-être même que le géant du streaming aura l’audace de rejeter la faute sur les grévistes d’Hollywood. Retirez le « peut-être ». Je suis prêt à parier. Ça ne prend pas chez moi.
En clair, la rémunération est proportionnelle au nombre de vues de chaque production. Le service de streaming n’est pas obligé de communiquer ces chiffres publiquement, mais il doit informer la guilde des scénaristes. De son côté, la guilde a calculé au début de la grève que ses revendications ne coûteraient à Netflix qu’un peu plus de 0,2 pour cent de son chiffre d’affaires annuel global en 2022. Concrètement, cela représente donc 68 millions de dollars sur un chiffre d’affaires annuel de 31,6 milliards.
Selon Statista, Netflix compte 238 millions d’abonné·es dans le monde. Si le service de streaming répercutait au ratio 1:1 les revendications des scénaristes sur le montant payé par la clientèle, cela correspondrait à un supplément d’environ 0,29 centime par abonnement par an. D’un point de vue médiatique, Netflix aurait certainement intérêt à rejeter la faute sur les grèves. Néanmoins, ce serait un mensonge.
L’ampleur de l’augmentation des prix n’a pas encore été révélée. Le géant du streaming ne s’est pas encore exprimé officiellement sur ces rumeurs. Dans le passé, le géant californien du streaming augmentait le montant mensuel de 1 à 2 dollars. En Suisse, 2 ou 3 francs par mois. Cela fait de la Suisse le pays Netflix le plus cher du monde, avec le Liechtenstein. Je trouverais injuste de nous taxer encore plus.
De surcroît, Netflix est rentable depuis plus de 15 ans. En 2022, le chiffre s’élevait à 4,49 milliards de dollars. Certes, 2022 témoigne de la première baisse des bénéfices dans l’histoire de l’entreprise. Mais avec les nouveaux modèles d’abonnement, l’entreprise devrait très bien s’en sortir cette année, voire mieux que toutes les concurrentes qui sont actuellement dans le rouge, notamment Disney. En fait, la maison de la souris a de bien meilleures raisons pour justifier sa prochaine hausse (cachée) des prix.
Je suis curieux de voir les prochaines annonces de Netflix dans les médias. J’aimerais bien savoir à quelle gymnastique cérébrale le département de communication de l’entreprise va se livrer pour trouver une justification plausible. L’entreprise semble financièrement solide. Les revendications des syndicats ne devraient guère entraîner de baisse sensible du chiffre d’affaires et des bénéfices. Les nouveaux modèles d’abonnement, comme le partage de comptes payants, assurent d’ores et déjà de nouvelles sources de revenus. Et les premières hausses de prix ont commencé ces dernières années, il n’y a pas longtemps.