En coulisse

Rien n’est à l’abri des chiens policiers

Darina Schweizer
6/3/2024
Traduction : Rose-Hélène Moquet
Photos: Christian Walker

Flairer l’ecstasy, la méthamphétamine ou la coke, retrouver de l’argent ou encore des personnes disparues : les chiennes Anora et Diara de la police cantonale zurichoise nous montrent l’étendue de leurs capacités.

Le silence règne. On entend seulement le chant d’une mésange charbonnière résonner dans la forêt près du centre de chiens policiers de Dübendorf. Difficile de croire que la majeure partie des 610 chiens policiers suisses sont formés sur ce site grand comme deux terrains de football. Ils étaient 33 l’an dernier, 99 en tout. Alors pourquoi n’entend-on aucun bruit ?

Let the dogs out

Nous nous approchons lentement d’un fourgon blanc dans lequel les chiennes attendent. Comme sur commande, elles commencent à aboyer. Je m’attends déjà à voir un doberman imposant lorsque Jörg ouvre la porte arrière et le box du chien. Mais à ma grande surprise, c’est une Münsterländer hirsute qui m’accueille en se dandinant joyeusement. Voici Anora, 4 ans.

La recherche recommence. Anora tâtonne rapidement avec son museau jusqu’au plancher du véhicule. Elle s’arrête à nouveau : c’est ici que se cache la méthamphétamine.

Une petite récompense, et ça repart. Cette fois-ci, place à la recherche contrôlée. Jörg sort une baguette avec une petite boule colorée au bout dont il se sert pour indiquer à Anora où chercher, par exemple sous le capot ouvert. Lorsqu’il tape dessus, Anora saute sur le moteur.

En position précaire, Anora utilise ses pattes pour garder l’équilibre. « Elle a appris cela sur le terrain d’entraînement », m’explique son maître en montrant une grande prairie derrière lui. Là, les chiens policiers en formation franchissent des obstacles comme des grilles transparentes ou des surfaces instables. Sur l’échelle d’une cabane en bois, ils s’habituent à être portés ou hissés à travers une fenêtre.

Une formation avec des signaux clairs

Entre-temps, Anora a fait une découverte : la cocaïne est cachée entre la batterie et le liquide de frein. Il est temps de faire une pause. Du point de vue de la chienne, il ne s’agissait pas d’un exercice, mais d’une mission bien réelle. Le fourgon climatisé les attend déjà.

Lorsque nous arrivons, Jörg ordonne à Anora de s’asseoir d’un mouvement du doigt. Leur communication calme et succincte m’impressionne. « Ça ne sert à rien de durcir le ton. Ce qui est important, c’est de donner des commandes claires. Si vous donnez des signaux ambigus et inconstants et que vous ne faites que parler, le chien arrêtera vite de vous écouter », dit-il. En souriant, il ajoute : « Je suis un peu pareil. »

Certains doivent-ils parfois arrêter en cours de route ? Selon Jörg, c’est très rare. « On est à moins de 10 % par an. » La plupart du temps, la raison vient des humains : un membre de la famille développe une allergie aux chiens, ou le policier ou la policière a trop de travail. Les chiens n’échouent quasiment jamais en termes de performance. Des contrôles annuels permettent de maintenir le niveau d’exigences.

La ruée vers l’argent

Dix minutes plus tard, Anora a fait sa pause pipi et se tient prête dans le centre de commandement pour sa prochaine mission. C’est ici que Jörg a caché des billets de banque. Dans la réalité, il s’agit le plus souvent de délits économiques. « Cherche ! », Anora s’exécute.

Après quelques secondes, elle se dirige vers un petit placard qui semble contenir quelque chose d’intéressant. Jörg l’ouvre, Anora poursuit sa recherche. Elle trouve quelque chose dans une petite boîte en carton au fond du placard. Son regard me dit qu’elle aimerait bien la réduire en miettes, mais elle reste bien immobile.

Jörg sort la boîte, l’ouvre, la déplie, et découvre à nouveau de l’argent caché entre deux couches de carton. Quel flair ! « Leur odorat est mille fois plus puissant que le nôtre », m’explique le maître-chien en félicitant Anora. C’est à présent l’heure de prendre une pause déjeuner bien méritée.

Comme Roger Eckert, Diara a déjà retrouvé des personnes et même sauvé des vies, par exemple celle d’un homme de 94 ans qui n’était pas revenu d’une promenade. Après avoir reniflé son maillot de corps, la chienne a entraîné le maître-chien sur un chemin escarpé. « Personne ne pensait qu’il pouvait se trouver ici. Il était tombé dans un buisson de ronces. Si nous ne l’avions pas retrouvé, il serait probablement mort de froid. »

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J'aime tout ce qui a quatre pattes ou racines - en particulier mes chats de refuge Jasper et Joy et ma collection de succulentes. Ce que j'aime par-dessus tout, c'est faire des reportages avec des chiens policiers et des chats-chasseurs, ou faire fleurir des histoires sensibles dans des brocantes de jardin et des jardins japonais. 


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