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Révolution des superhéros DC : que va-t-il se passer à l’expiration des droits d’auteur ?

Superman et Batman sont deux des superhéros les plus connus au monde, mais leurs droits d’auteur vont expirer dans les prochaines années. Alors, quid de l’avenir des personnages ?

Il fut un temps où Zack Snyder développait une histoire plutôt tordue pour son DC Extended Universe. La copine de Superman, Lois Lane, devait en effet tomber enceinte de Batman. Cette intrigue secondaire devait se dérouler pendant le film Justice League, avant la résurrection de Superman. Batman serait mort à la fin du film et Lois aurait élevé leur enfant avec Superman.

Un scénario qui a de quoi faire trembler d’effroi les puristes du comics… C’était sans doute aussi le cas des responsables de Warner Bros et DC Studios puisque la version de Snyder a été tuée dans l’œuf. Ouf ! Les deux studios de cinéma ont bien repris en main les droits d’auteur de Superman et Cie. Jusqu’à maintenant.

Mais que se passera-t-il à l’expiration des droits d’auteur de Superman et Batman ?

Les superhéros ne meurent jamais, mais les droits d’auteur oui

« Ce qu’il y a de triste à Hollywood, c’est que les superhéros ne meurent jamais vraiment, mais leurs droits d’auteur oui », écrit le magazine spécialisé Variety. Je n’aurais pas dit mieux, et Disney non plus. Ces derniers en savent quelque chose puisque les droits d’auteur de Mickey Mouse ont expiré en début d’année (enfin, la version de Steamboat Willie). Le jour même sortait une bande-annonce pour un jeu d’horreur avec la version Steamboat Willie. Sans l’aval de la maison mère évidemment, mais c’est parfaitement légal.

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Ce qui s’est passé ? À l’expiration du droit d’auteur sur le Mickey de 1928, l’adorable souris est tombée dans le domaine public. Les œuvres et personnages qui ne sont plus protégés par les droits d’auteur peuvent donc être utilisés librement. En général, il faut compter 70 ans après la mort du ou des auteurs. S’il n’y a pas d’auteur clairement établi ou si la date du décès n’est pas connue, le délai court à partir de la publication de l’œuvre.

Si ça vaut pour Mickey, ça vaut donc pour tout le monde, même les icônes de comics comme Superman, Wonder Woman et Batman, les prochains à perdre leurs droits d’auteur.

Un bébé pour Batman et Lois Lane ?

La vision de Snyder, enterrée par Warner Bros et DC, pourrait devenir réalité ! En tout cas, Snyder n’aurait plus besoin de l’autorisation de DC pour donner vie à une histoire aussi ahurissante. Mais il lui faudra patienter un peu : Superman et Lois Lane ne tomberont dans le domaine public qu’en 2034. Suivront Batman en 2035, le Joker en 2036 et Wonder Woman en 2037.

Et ensuite ?

« Des centaines de nouveaux comics non autorisés sortiront le jour même de l’expiration », affirme Chris Sims, auteur de comics et expert Batman, dans l’article pour Variety. Le monde du cinéma s’emparera aussi immédiatement des personnages pour créer ses propres versions. C’est précisément ce qui est arrivé à Dracula ou Robin des Bois, qui sont tombés depuis longtemps dans le domaine public. Sims évoque toutefois des limitations : « Vous aurez Batman, mais pas Robin. Vous pourrez refilmer un Superman, mais pas évoquer la kryptonite. »

Superman et son pire ennemi, la kryptonite.
Superman et son pire ennemi, la kryptonite.
Source : DC Comics

Ce que Sims veut dire, c’est que le droit d’auteur ne s’applique pas de manière générale au personnage, mais seulement à une itération du personnage, et peut donc expirer en conséquence. Ainsi, la première version de Superman en 1938 n’était pas encore affaiblie par la kryptonite et ne pouvait même pas voler, juste sauter très, très loin. Le droit d’auteur expirant en 2034 concerne uniquement cette version-là. Il faudra donc encore patienter pour que Superman souffre de l’exposition à la kryptonite ou vole en dehors des productions DC.

Comment DC se protège de l’expiration du droit d’auteur

DC est parfaitement au fait de ce que décrit Variety. Dès 2001, Jay Kogan, directeur adjoint du service juridique de DC, avait élaboré une stratégie pour protéger les personnages, notamment ceux qui tomberaient dans le domaine public au cours des décennies suivantes. Comme seules les anciennes versions perdent leur protection, il a insisté pour que les personnages DC restent toujours frais et d’actualité.

DC s’est effectivement efforcé au fil du temps de modifier légèrement l’apparence de Superman, ses caractéristiques, ses forces et ses faiblesses, le maintenant « frais et d’actualité ». Cela a donné à chaque fois naissance à une nouvelle itération soumise au droit d’auteur, alors que l’essence même du personnage n’a jamais réellement changé. Ces nouvelles forces et faiblesses sont tellement ancrées dans l’inconscient collectif que toute version non autorisée de Superman aurait l’air d’une pâle copie, inodore et sans saveur.

Après tout, que serait Superman sans kryptonite ? Ou sans le fameux « S » sur sa poitrine ? Un S qui ne symbolise explicitement l’espoir des Kryptoniens que depuis le comics de 2003 Superman : Droit du sang

Ce n’est pas un simple S sur sa poitrine, mais le symbole kryptonien de l’espoir, affirme Superman dans « Man of Steel ».
Ce n’est pas un simple S sur sa poitrine, mais le symbole kryptonien de l’espoir, affirme Superman dans « Man of Steel ».
Source : « Man of Steel » / Warner Bros. & DC Studios

« Le public doit être conditionné à considérer les œuvres de tiers dans lesquelles apparaissent les personnages d’un propriétaire de marque comme des contrefaçons de second ordre », écrivait le service juridique de Kogan dans son rapport. C’est très malin : DC s’assure ainsi que ce n’est plus le droit d’auteur qui protège ses personnages, mais les fans !

L’expiration des droits d’auteur, la kryptonite de DC ?

« Cela n’empêchera pas les producteurs de films et de comics de se précipiter sur ces personnages », prédit Mark Waid, auteur de comics et historien, connu notamment pour son travail sur des titres DC comme Superman : Droit du sang. Après tout, c’est aussi comme ça qu’on gagne de l’argent. « Et un Superman vs Godzilla alors ? C’est une zone grise. Mais nous avançons au rythme du capitalisme, pas vrai ? » ajoute-t-il dans son entretien avec Variety.

L’auteur de comics Chris Sims est du même avis, mais émet un bémol : « Tout dépendra de l’exécution. Et, finalement, il n’y a qu’une seule entreprise habituée à raconter des histoires de Superman. »

Photo d’en-tête : « Man of Steel » / Warner Bros & DC Studios

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Vivre des aventures et faire du sport dans la nature et me pousser jusqu’à ce que les battements du cœur deviennent mon rythme – voilà ma zone de confort. Je profite aussi des moments de calme avec un bon livre sur des intrigues dangereuses et des assassins de roi. Parfois, je m’exalte de musiques de film durant plusieurs minutes. Cela est certainement dû à ma passion pour le cinéma. Ce que j’ai toujours voulu dire: «Je s’appelle Groot.» 


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