
Test de produit
La Tolino Shine 5 est une petite liseuse solide et de qualité
par Martin Jungfer
Question idiote : une clé USB devient-elle plus lourde lorsque vous y enregistrez des données ? La réponse est encore plus absurde : non, au contraire !
Je suis un adepte de liseuses depuis un certain temps déjà. Un écran qui ressemble à du papier, mais qui peut s’éclairer la nuit, et une batterie qui semble tenir éternellement. Que demander de plus ? Et en plus, mon Tolino Shine est léger, il ne pèse que 173 grammes. Un gros soulagement comparé à un pavé qui peut facilement peser jusqu’à un kilo.
En plus, la liseuse peut stocker jusqu’à 12 000 livres sans que j’aie à transporter plus de poids... n’est-ce pas ? Les données pèsent-elles quelque chose ? Une clé USB ou un SSD deviennent-ils plus lourds lorsqu’on y stocke des fichiers ?
Intuitivement, on pourrait penser qu’une clé USB pleine est plus lourde qu’une clé vide, car elle contient « plus » de données. Paradoxalement, c’est exactement le contraire : plus il y a de données, plus le support de stockage est léger. Mais comment cela se fait-il ?
Pour comprendre comment le poids d’une clé USB diminue, nous devons jeter un œil au fonctionnement de la mémoire.
Pratiquement toutes les mémoires de données modernes, telles que les clés USB, les cartes SD et les SSD, reposent aujourd’hui sur le même principe : la mémoire flash NAND (en anglais). Contrairement aux HDD, aux disques vinyles ou aux bandes magnétiques, les fichiers sont ici stockés de manière purement électronique et binaire sur des transistors, les fameux « 1 » et « 0 ».
Chaque bit, c’est-à-dire chaque transistor, de votre support de stockage peut donc être vide (0) ou plein (1). Jusqu’ici, tout va bien. Pour changer d’état, c’est-à-dire pour ajouter ou supprimer des données, des électrons sont « chargés » ou « déchargés » sur ces transistors. Et c’est là que ça devient intéressant. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, un transistor chargé correspond à un 0 et un transistor déchargé à un 1. En d’autres termes : transistor chargé = 0 = aucune donnée ; transistor non chargé = 1 = données.
Pensez aux anciennes cartes perforées de l’époque des premiers ordinateurs : une carte vide n’a pas de trous, donc plus de matière. Pour écrire des données sur la carte, il faut faire des trous, donc enlever de la matière. Dans les mémoires flash modernes, cependant, il s’agit de courant et non de matière. Un transistor plein ne laisse plus passer le courant et est interprété comme un 0.
Cette explication est bien sûr très simplifiée, car en réalité, le sujet est encore beaucoup plus complexe (en anglais), mais elle suffit pour notre réflexion.
Nous pouvons maintenant calculer la différence de poids entre une clé USB vide et une clé USB pleine (spoiler : elle est minime).
Un électron a une masse de 9,11e-31 kg ou très exactement 0,0000000000000000000000000000911 gramme. Une clé USB de 64 Go comporte environ 512 milliards de bits, dont chacun peut potentiellement contenir un électron. En extrapolant, une clé USB pleine de cette capacité est donc 0,000000000000000466 gramme plus légère qu’une clé vide. Comme mentionné ci-dessus, tout cela est très simplifié.
Mais vous l’aurez deviné, la différence de poids est pratiquement nulle. Pour mesurer une différence d’un nanogramme, il faudrait plus d’un billion de clés USB de ce type. À titre de comparaison, un grain de poussière pèse environ 100 000 nanogrammes. En réalité, votre clé USB perd plus de poids à cause de l’usure physique des contacts lorsque vous l’insérez ou la débranchez que lors du transfert de données.
Pour en revenir à ma liseuse : sa mémoire de 64 Go me permet de stocker 12 000 livres virtuels (j’en ai huit pour l’instant). Donc oui, en théorie, ma liseuse serait un peu plus légère si j’avais vraiment autant de livres enregistrés dessus, même si cela semble complètement contradictoire.
Mais, soyons réalistes, cette différence de poids ne sera sans doute pas déterminante pour savoir si mon bagage à main est trop lourd pour l’avion ! Je vais plutôt réfléchir à la question de savoir s’il faut vraiment emporter trois maillots de bain ou si deux suffisent.
J'ai toujours été fasciné par tout ce qui a des boutons, des écrans et des haut-parleurs. En tant que journaliste spécialisé dans la technologie et la société, je mets de l'ordre dans la jungle du jargon technique et des fiches techniques confuses.