
En coulisse
Pourquoi votre appareil mobile mérite-t-il un changement de décor ?
par Dayan Pfammatter
Même en 2023, une connexion stable entre le smartphone et l’appareil photo ne va pas de soi. Mais pourquoi au juste ?
Les applis pour smartphones destinées aux appareils photo sont, en théorie, une super chose. Elles permettent d’établir une connexion sans fil directe entre les appareils. Que ce soit pour partager rapidement les photos de vacances avec des amis ou pour utiliser votre smartphone comme déclencheur à distance. La réalité est souvent toute autre : la connexion ne s’établit qu’au énième essai ou s’interrompt en cours d’utilisation. D’après mon expérience, ces problèmes de connexion ne sont pas l’exception, mais la règle.
Je ne suis pas le seul. Dans un article publié sur dpreview.com, Richard Butler se demande pourquoi les fabricants d’appareils photo n’ont toujours pas réussi à fournir quelque chose d’aussi banal qu’une connexion Wi-Fi stable. Son analyse me semble plausible. Je résume ici les raisons avec mes propres mots.
Avec Android, les fabricants d’appareils photo doivent composer avec des appareils, des fabricants et des versions d’Android très différents. Par conséquent, les fabricants d’appareils photo sont loin de tester toutes les combinaisons d’appareils et de systèmes. Dans l’univers Apple, la situation est plus claire, mais les problèmes sont différents. Apparemment, il n’est pas possible à ce jour pour les appareils photo d’utiliser la connexion NFC des iPhone. En outre, les applis n’ont longtemps pas été autorisées à modifier les paramètres WiFi. Aujourd’hui, elles peuvent le faire, mais seulement après avoir demandé l’autorisation. Cela augmente certes la sécurité, mais cela empêche une appli d’appareil photo d’établir une connexion de manière entièrement automatique.
Un appareil photo est du matériel. Bien entendu, il contient aussi des logiciels et l’importance des logiciels n’a cessé de croître au fil des ans. Mais au fond, les fabricants d’appareils photo restent des fabricants de matériel et investissent relativement peu dans le développement de logiciels.
Cela ne concerne pas seulement les applications pour smartphones. Un appareil photo a un système d’exploitation propriétaire. Celui-ci fonctionne sur un processeur spécialisé et aucun composant standard n’y est utilisé comme dans un smartphone. Les fabricants d’appareils photo sont ici livrés à eux-mêmes.
Dans les années deux mille, j’ai testé diverses plates-formes de smart TV ou encore des téléphones portables dotés de systèmes d’exploitation propriétaires. J’ai pu voir ce qui se passe lorsque des groupes centrés sur le matériel développent eux-mêmes des logiciels et des systèmes d’exploitation entiers. Le résultat manquait souvent de fluidité, était lent, sujet à des erreurs et rarement intuitif. Android a rendu un grand service à ces fabricants. Dans le domaine des appareils photo, il n’existe encore rien de comparable.
La troisième raison avancée par Richard Butler est que les appareils photo sont généralement utilisés pendant cinq, dix ans, voire plus, contrairement aux smartphones. C’est pourquoi ils ne prennent pas souvent en charge les nouvelles normes sans fil plus rapides. Mais le problème de base est le même que pour la raison numéro une : l’appareil photo devrait être compatible avec les générations les plus diverses de smartphones et leurs systèmes d’exploitation.
Il y a des progrès. Avec un nouvel appareil photo et un smartphone récent, la connexion fonctionne désormais très bien et reste stable. Du moins, la plupart du temps. Mais le rythme des progrès est lent. Et je doute que cela ne change bientôt.
Il devient de plus en plus difficile pour les fabricants de tout développer de manière propriétaire. En effet, les exigences envers les logiciels augmentent. Les fabricants devraient envisager d’intégrer des composants standard dans les appareils photo. Par exemple, des puces basées sur ARM et un système avec un noyau Linux, c’est-à-dire une version allégée d’Android. Je ne sais pas si c’est techniquement faisable, mais ce serait une bonne chose sur le plan économique. Ainsi, les fabricants pourraient probablement mieux répondre aux exigences futures et ce, à moindre coût.
Mon intéret pour l'informatique et l'écriture m'a mené relativement tôt (2000) au journalisme technique. Comment utiliser la technologie sans se faire soi-même utiliser m'intéresse. Dans mon temps libre, j'aime faire de la musique où je compense mon talent moyen avec une passion immense.