L’étude posturale : les cinq millimètres qui font toute la différence
6/9/2023
Photos: Christian Walker
Traduction: Alassane Ndiaye
Je veux enfin trouver la position assise parfaite sur mon gravel bike et c’est pourquoi je me rends chez un professionnel de l’étude posturale. Trois heures plus tard, je quitte la Crossklinik à Bâle avec un « nouveau » vélo et la certitude que cinq millimètres peuvent parfois faire la différence.
« Vous devez multiplier la longueur de foulée par 0,885 » ou « il suffit de s’asseoir sur la selle et de poser le pied avec le talon sur la pédale ». Ce sont deux des règles empiriques les plus courantes lorsqu’il s’agit de déterminer la bonne hauteur de selle pour le vélo. Trouver la position la plus parfaite possible sur son vélo dépend toutefois de nombreux autres facteurs. C’est pourquoi je n’ai pas besoin d’une règle approximative, mais d’une étude posturale réalisée par un professionnel.
C’est dans ce but que j’ai rendez-vous avec Raphael Böni de la Crossklinik à Bâle. Ce diplômé en sciences du sport, qui a suivi des formations continues dans le domaine de l’étude posturale, va adapter mon gravel bike exactement à ma masse corporelle et à ma posture, à la clinique d’orthopédie et de médecine du sport. Ce triathlète amateur passionné effectue deux à quatre séances de réglage par jour, qui durent entre deux et trois heures. À la fin, j’aurai l’impression de rentrer chez moi avec un nouveau vélo. Mais commençons par le commencement.
Anamnèse et essai fonctionnel du système locomoteur
Les troubles liés à l’effort, c’est un terme indésirable. Dans mon cas, cela signifie concrètement : des tensions au niveau de la nuque et du bas du dos. Sur le vélo, ma main gauche s’endort régulièrement et la plante extérieure droite de mon pied s’engourdit. De nombreux·ses client·es de Raphael Böni se plaignent en outre de douleurs au genou. Les genoux et le dos semblent être les parties du corps qui souffrent le plus d’une mauvaise position sur le vélo. À cela s’ajoute le fait que la régénération est insuffisante chez un grand nombre de sportif·ves amateur·rices. En plus de la mauvaise sollicitation, il y a donc aussi la surcharge
et la question de la mobilité. En particulier à un âge avancé, la souplesse n’est souvent plus aussi bonne. Dans mon cas, il y a un déséquilibre entre la jambe droite et la jambe gauche, cette dernière étant nettement en retard sur la première en termes de mobilité. Raphael Böni me donne tout de suite quelques exercices pour remédier à ce déficit et améliorer la stabilité de l’axe des jambes.
Analyse de la position assise et mesure de la pression : de petits ajustements pour de grands effets
Une demi-heure s’est déjà écoulée et mon gravel bike est toujours dans la cave de la Crossklinik, sans avoir été réparé. Mais cela va changer, car avec le système de capture de mouvement 3D de Retül, la Crossklinik propose une analyse avancée pour déterminer la position assise dynamique. En quelques secondes, Raphael Böni saisit les angles du corps des sportifs et sportives. Cela lui permet de mesurer immédiatement les modifications apportées à la position assise et de vérifier si on s’est rapproché de la position optimale.
Il est important de souligner que la présente étude posturale et la mesure de la pression sur la selle, sont réalisées avec gebioMized (en allemand). En principe, il est possible de ne pas utiliser cette fonctionnalité. Raphael Böni la recommande toutefois expressément, car cette mesure fournit des indications importantes sur la position assise (répartition de la pression et stabilité).
Pendant les deux heures qui suivent, nous passons du réglage des patins à celui de la hauteur et du décalage de la selle par rapport au guidon, puis à celui de la potence. Raphael Böni procède toujours aux plus petites modifications et vérifie ensuite le résultat point par point. Finalement, nous avons optimisé la position de la selle à l’aide de la mesure de la pression de la selle, en adaptant la hauteur, le dos et l’angle à ma masse corporelle, en réglant le guidon de manière ergonomique et en ajustant les cales.
Entendons-nous bien : nous parlons ici de quelques millimètres. À première vue, les adaptations semblent minimes. En y regardant de plus près, je constate que les conséquences sur le vélo sont énormes. Par exemple, Raphael Böni remarque que mes cales sont positionnées un peu trop en avant de la chaussure. Il les recule donc de cinq millimètres pour qu’elles se trouvent exactement dans l’axe entre les articulations de base du gros et du petit orteil.
Beaucoup de données et une importante prise de conscience
Après trois heures, quelques kilomètres ont été parcourus sur le rouleau et mon gravel bike est maintenant réglé, pardon, ajusté selon mes besoins. Pour finir, Raphael Böni crée une image numérique de mon vélo à l’aide de l’outil appelé Zin-Tool de Retül et me remet un PDF de 10 pages avec mon rapport personnel contenant des chiffres sur toutes sortes de réglages, comme la position de la selle et du guidon, l’orientation des pédales et l’angle articulaire.
En se référant au proverbe « une image vaut mille mots », on peut dire que ces deux images en disent plus que 1000 chiffres :
D’un point de vue subjectif, la position de conduite me semble désormais beaucoup plus sportive. J’ai tendance à m’asseoir plus bas, à me pencher davantage vers l’avant, de sorte que la position est également confortable sur le drop-bar, c’est-à-dire la partie inférieure du guidon. Mes épaules s’abaissent légèrement et mes bras ne sont plus complètement tendus, mais dans une position détendue. Tout cela en changeant (seulement) les choses suivantes :
- cales 5 mm vers l’arrière ;
- selle abaissée de 5 mm ;
- angle de la selle à 0 ;
- guidon tourné vers le bas et le capuchon de levier de vitesse 10 mm vers le haut ;
- selle 5 mm en arrière.
Après cette étude posturale chez un professionnel, je rentre chez moi avec le sentiment d’avoir un « nouveau » gravel bike tout en ayant conscience que : faire du vélo n’est pas aussi simple que nous le pensons. Mais, à y regarder de plus près, l’interaction entre l’homme et la machine est un processus complexe, dans lequel cinq millimètres peuvent sembler petits, mais ils font toute la différence. L’illustration ci-dessus symbolise parfaitement la répartition de la pression sur la selle. Après l’étude posturale, je suis pour ainsi dire plus « léger » qu’avant.
Épilogue
Quelques jours se sont écoulés depuis ma visite chez Raphael Böni à la Crossklink et j’ai parcouru environ 50 kilomètres avec mon vélo nouvellement réglé. J’ai remarqué ceci :
les tensions dans la nuque et le bas du dos ont disparu, la main gauche ne s’endort plus. Seul l’avant de la plante du pied droit s’engourdit encore un peu, nettement moins qu’auparavant. Raphael m’avait toutefois fait remarquer lors de ma visite que cela était probablement dû aux chaussures ou à la semelle. Mes pieds sont un peu trop larges pour la chaussure Shimano que je porte. Si les douleurs persistent, il m’a recommandé d’autres semelles de Specialized ou, en dernier recours, une autre chaussure, par exemple un modèle de Lake Cycling.
En outre, la transmission de la force me semble bien meilleure. Dans l’ensemble, la conduite semble un peu plus sportive. Comme je l’ai dit, il s’agit d’une première impression après quelques kilomètres, mais c’est tout de même une grande différence par rapport à avant.
Si vous vous intéressez à une étude posturale professionnelle à la Crossklink à Bâle, vous trouverez ici toutes les informations pertinentes à ce sujet.
Photo d’en-tête : Christian WalkerPatrick Bardelli
Senior Editor
Patrick.Bardelli@digitecgalaxus.chAncien journaliste radio devenu fan de story telling. Coureur confirmé, adepte du gravel bike et débutant en haltères de toutes tailles. Quelle sera ma prochaine étape ?
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