
Critique
"Herdling" à l'essai : un voyage enchanteur qui manque de moments forts
par Philipp Rüegg
Certains jeux restent longtemps gravés dans notre mémoire. Ils entrent dans la tête et n’en sortent plus, même plusieurs jours après le générique de fin. « Bye Sweet Carole », du studio indépendant Little Sewing Machine, est exactement ce type de jeu.
Bienvenue dans Bye Sweet Carole, le nouveau jeu de Little Sewing Machine qui, dès le premier instant, rappelle les dessins animés classiques de Disney des années 40. Une histoire sombre et mélancolique qui m’a donné la chair de poule plus d’une fois se cache dans les profondeurs des jolis dessins.
Je me glisse dans la peau de Lana Bennet. Elle est à la recherche de sa meilleure amie, Carole, qui a mystérieusement disparu. Au cours de son voyage, elle rencontre une série de personnages bizarres, qui ne sont pas tous bienveillants à son égard. L’histoire n’est pas révolutionnaire, mais elle tient la route.
En même temps, l’amitié est au centre émotionnel du jeu. Le lien indéfectible entre Lana et Carole ainsi que leur alliance inattendue avec le gentil M. Baesie donnent une lueur d’espoir à ce monde sombre. Le jeu ne prêche jamais ses messages. Il les laisse parler d’eux-mêmes à travers l’action et les personnages.
Les premiers chapitres sont un peu longs, certaines personnes devront donc s’accrocher au début. La progression est volontairement lente et devient plus émotionnelle et inquiétante à chacun des dix chapitres.
Sur le plan ludique, Bye Sweet Carole reste volontairement en retrait. Pour faire avancer l’histoire, le gameplay se compose principalement de plates-formes et d’énigmes faciles dont certaines sont intelligemment conçues.
Au fil du jeu, je développe de nouvelles compétences. Par exemple, je peux me transformer en lapin, ce qui me permet de passer dans des espaces plus étroits. Je suis aussi plus rapide et je peux sauter haut et plus loin en m’aidant des murs.
Quand je suis un lapin ou Lana, je dois fuir les adversaires. Bon, ce n’est pas si difficile que ça. Les ennemis sont faciles à semer en se cachant et en retenant son souffle. Cette simplicité n’est pas une faiblesse, elle est l’une des plus grandes forces du jeu. L’accent reste sur le récit.
Heureusement que l’histoire reste le plus important, car les commandes ne sont pas parfaites. Le saut sur les murs, par exemple, ne fonctionne pas toujours. Il m’est arrivé plusieurs fois que Lana reste accrochée à des leviers sans pouvoir lâcher prise. Les énigmes sont certes simples, mais pas toujours intuitives. L’absence de tutoriel met ma patience à rude épreuve.
Les temps de chargement me font également perdre patience. Si je suis poursuivi par un monstre et que je change de zone, il me faut parfois cinq secondes avant d’entrer dans la zone suivante. Désolé, mais en 2025, ce n’est plus possible.
Visuellement, Bye Sweet Carole est une merveille. Le style artistique rappelle immédiatement l’âge d’or de Disney. Chaque scène, chaque animation, chaque personnage est dessiné à la main avec un incroyable souci du détail.
Par exemple, lorsque j’entre dans un champ de fleurs, la caméra zoome élégamment d’une vue grand-angle sur la protagoniste ; et lors du nettoyage de la cave, un nuage de poussière recouvre l’écran et l’environnement nettoyé apparaît.
À chaque image, on ressent la passion que l’équipe de Little Sewing Machine a injectée dans le projet. Le jeu comporte de très nombreuses cinématiques, à tel point que j’ai l’impression de regarder un dessin animé oublié, ce qui me plaît beaucoup.
Que seraient ces magnifiques graphismes sans le son pour aller avec ? Là encore, le jeu est performant sur toute la ligne. La bande-son de Luca Balboni est phénoménale. Elle sait exactement quand se faire discrète avec des mélodies douces et quand faire monter la tension avec des violons dramatiques.
La synthèse vocale est tout aussi impressionnante. La voix du méchant, M. Kyn, m’a particulièrement époustouflé.
« Bye Sweet Carole » est disponible depuis le 9 octobre sur PlayStation 5, Xbox Series et PC. Le jeu m’a été fourni par Maximum Entertainment à des fins de test sur PC.
« Bye Sweet Carole » est un chef-d’œuvre de narration et de présentation visuelle. J’ai rarement fait autant de captures d’écran dans un jeu. Les animations dessinées à la main sont magnifiques et les voix sont excellentes. L’histoire de Lana restera longtemps gravée dans ma mémoire.
Le gameplay est simple et parfois frustrant, mais ces passages sont généralement courts et je suis tenu en haleine par la progression de l’histoire. Si vous aimez les jeux centrés sur le récit, je vous recommande vivement « Bye Sweet Carole ».
Pro
Contre
La technologie et la société me fascinent. Combiner les deux et les regarder sous différents angles est ma passion.
Quels sont les films, séries, livres, jeux vidéos ou jeux de société qui valent vraiment la peine ? Recommandations basées sur des expériences personnelles.
Tout afficherLana entre dans un magnifique jardin. Une lettre virevolte devant elle et atterrit à ses pieds. Alors que Lana s’apprête à la ramasser, un coup de vent l’envoie sur la branche d’un arbre. Elle déplace un banc pour l’atteindre et la lettre est à nouveau emportée par le vent. Ça continue jusqu’à ce que Lana quitte le jardin et entre dans une forêt inquiétante. Comme si cela ne suffisait pas, elle est soudain poursuivie par le méchant M. Kyn et doit s’enfuir.
L’histoire se déroule au début du XIXe siècle en Grande-Bretagne, une époque où les premières féministes sont devenues politiquement actives. Bye Sweet Carole me transporte dans un monde entre l’orphelinat sinistre de Bunny Hall et l’environnement fantastique de Corolla. C’est une histoire d’amitié, de perte et de la frontière étroite entre l’innocence de l’enfance et l’horreur de la réalité.
Sous la façade toute mignonne de « Bye Sweet Carole » bouillonnent des thèmes sérieux qui confèrent à l’histoire une profondeur impressionnante. Le plus évident est le sous-entendu féministe. La directrice de l’orphelinat, Mme Hinman, a une idée très stricte de ce qu’est une « dame convenable » : gracieuse, polie et attirante pour les prétendants potentiels. Lana et Carole refusent cette image, ce qui leur vaut d’être raillées et mises à l’écart par les autres filles.