La came au télétravail
4/5/2021
En télétravail, les stimulants dangereux sont monnaie courante. Les mineurs ne sont pas épargnés non plus. Les autorités tirent la sonnette d'alarme.
La monotonie du télétravail sape le moral. De plus en plus de personnes cherchent un petit remontant. Actuellement, il y a une came qui jouit d'une grande popularité au télétravail, c'est la papèterie. Certains connaisseurs utilisent le mot « Stat », qui nous vient tout droit de l'anglais « stationery ». Particulièrement dangereuse, cette « Stat » prend différentes formes : marqueurs pastel, gommes en forme de fleurs, notes autocollantes à pois, stylos plume décoratifs, papier à lettres gaufré, trombones en forme de flamants roses et cachets de cire chatoyants. Il s'agit là d'une dépendance aux multiples facettes. Mais les effets restent toujours le même : on en veut toujours plus. Plus de couleur. Plus de choix. Plus de forme. Sur les réseaux sociaux, sous le hashtag #stationery, on partage sans détour ses expériences avec les objets censés apporter du bonheur.
De nombreux piégés
Les experts mettent en garde : les sentiments de bonheur sont éphémères. Au début, la routine du bureau à domicile donne l'impression que le travail se fait tout seul. Mais les conséquences à long terme sont dévastatrices : baisse de concentration, sentiment de déprime à la vue d'articles de bureau courants comme le crayon rouge Caran D'Ache, les stylos bleus ou encore les cahiers sans citations inspirantes, pour ne citer que quelques exemples. Les accros racontent également qu'ils passent des heures à rédiger des listes de choses à faire. Cependant, rien sur la liste n'est fait. Je n'ai pas le temps pour ça me confie Marie-Sofie*. « Je passe surtout du temps à trouver du ruban washi pour décorer les listes. » Cette jeune femme de 26 ans est elle-même accro aux fournitures de bureau, mais n'y voit rien de répréhensible. « Ce n'est pas comme si j'affichais mon vice en public, je m'y adonne chez moi. »
*Prénom modifié par la rédactionMarie-Sofie a 17 ans lorsqu'elle essaie pour la première les « Stat ». « J'avais besoin de marque-pages pour préparer mon exemplaire du Code des obligations en vue d'un examen. Le choix était énorme. Il y en avait trop. En voyant toutes ces couleurs, j'ai été submergée de bonheur. Et voilà-t-il pas que j'étais en train de dépenser tout mon argent de poche. Au début, c'était juste les marque-pages, puis j'ai eu envie de quelque chose de plus fort », se souvient-elle. Ses parents ne veulent pas entendre parler de tout ça. Depuis, la « Stat » s'est imposée sur le marché des consommateurs, surtout grâce au confinement. « Depuis que le télétravail est de rigueur, les anciens modèles de comportement sont également revenus. »
Parents et superviseurs inquiets pointent désormais du doigt les détaillants en ligne, accusant les autorités d'un scandaleux manquement à la réglementation. Le problème de la papèterie, c'est qu'on en trouve à tous les coins de rue. Les papèteries et les magasins en ligne vendent leurs produits en plein jour et en toute légalité, même aux écoliers. Les autorités disent qu'elles ne peuvent pas y faire grand chose. Elles s'appuient donc sur une stratégie de numérisation préventive. Par conséquent, les accros ne devraient pas être dépendants d'aides physiques pour effectuer leur travail en premier lieu. Mais les premiers chiffres d'une étude frivole de courte durée, basée sur le sentiment, le montrent : les mesures ne fonctionnent pas. Bien au contraire. Le milieu dégénère en une contre-tendance de l'ère numérique. La protestation du milieu du télétravail gagne en force. Les addicts demandent à ce que leur vice soit mieux accepté.
Il n'y a toujours pas d'endroit officiel où se rendre pour les accros aux stats comme Marie-Sofie. Toutefois, ce ne devrait être qu'une question de temps avant que des programmes de décrochage et des formes spécialisées de thérapie ne soient proposés.
Natalie Hemengül
Senior Editor
Natalie.Hemenguel@digitecgalaxus.chEn tant que fan de Disney je vois toujours la vie en rose, je vénère les séries des années 90 et les sirènes font partie de ma religion. Quand je ne danse pas sous une pluie de paillettes, on me trouve à des soirées pyjama ou devant ma coiffeuse. PS Le lard est un de mes aliments favoris.
Bureau
Suivez les thèmes et restez informé dans les domaines qui vous intéressent.
17 commentaires
later