Je suis arrivé avec un sérum, je suis reparti avec des comprimés
14/8/2025
Traduction: Stéphanie Casada
Ma chevelure est de plus en plus clairsemée. Un bel héritage familial. Puis-je retarder l’inévitable en suivant une cure antichute de cheveux ? J’en apprends malheureusement un peu trop et je reçois un traitement de consolation.
Je suis intrigué en découvrant un échantillon du traitement capillaire au nom évocateur de « Triphasic Progressive » de la marque René Furterer. Je n’en reviens pas en lisant toutes ses promesses sur l’emballage :
- « + 10 023 cheveux après une cure » ;
- « efficace dès le premier mois » ;
- « formule professionnelle – trois brevets ».
S’il faut faire un test, autant le faire correctement. Mon expertise en matière de cheveux se limite à la perte de ceux-ci et à des visites régulières chez le coiffeur, qui, il faut le dire, fait vraiment du bon travail lorsqu’il s’agit de dompter les cheveux restants. Je crois qu’il redoute d’ailleurs de ne plus pouvoir me compter parmi ses clients dans un avenir proche. Je ne peux pas m’expliquer autrement pourquoi, à chaque visite, la conversation porte sur un ami à lui qui pourrait me greffer des cheveux à bas prix en Turquie.
Cela dit, tout ce que cela implique, grandes douleurs et coûts élevés compris, me font peur. Un tonique à verser sur mes cheveux une ou deux fois par semaine est nettement plus avantageux en termes de prix, même si je dois me laver les cheveux avec un shampooing spécial et ensuite masser le cuir chevelu avec un concentré stimulant.
Shampoing
CHF20.65 CHF103.25/1l
Rene Furterer Shampooing Triphasic pour la chute des cheveux
200 ml, Shampoing liquide
Mon plan : faire une comparaison avant/après. Je ne fais pas confiance à l’indication d’exactement 10 023 cheveux en plus que René Furterer annonce sur l’emballage.
Je me rends donc au cabinet du Dr Ralph Trüeb à Wallisellen (en allemand). Il est en quelque sorte le pape du cheveu en Suisse, auteur de toute une série d’ouvrages spécialisés et professeur de dermatologie. Le professeur lui-même ne prend plus de nouveaux patients et je ne déroge pas à la règle, même si je suis journaliste. C’est la docteure Cristina Garcia Bielsa qui m’invite à entrer dans la salle de consultation. Sur l’écran de son ordinateur, on peut voir les photos de ma tête (prises peu de temps auparavant par une professionnelle de la santé) avec des cheveux affreusement clairsemés.
Le diagnostic ne donne pas matière à un nouvel épisode de Dr House parce que le cas est clair comme de l’eau de roche, la perte de cheveux est héréditaire. Terme médical : alopécie androgénétique. Mon âge (47 ans), l’historique capillaire des hommes de ma famille ainsi que l’examen des photos conduisent à un diagnostic sans appel. Mes racines capillaires, m’explique Cristina Garcia Bielsa, médecin diplômée, s’affaiblissent pour des raisons génétiques. Elles produisent d’abord de nouveaux cheveux plus fins, puis, à un moment donné, elles finissent par ne plus en produire parce qu’elles sont mortes. Le résultat : un front de plus en plus dégarni et rien ne repousse. Une fois mortes, les racines des cheveux ne peuvent plus être réanimées. Si je voulais retrouver mes cheveux, je ne pourrais le faire que par la chirurgie. Des racines de cheveux individuelles seraient alors prélevées à l’arrière de la tête à l’aide d’aiguilles spéciales et réimplantées à l’avant. Aïe !
Les racines des cheveux font aussi des pauses
Cela dit, je ne suis pas un cas complètement désespéré. Je peux renforcer les racines des cheveux qui font encore sagement leur travail actuellement, m’explique le médecin. « Avec ça ? », je demande en posant le carton vert « Triphasic Progressive » sur la table. Mme Garcia commence par étudier la liste des ingrédients. Elle trouve de bonnes choses comme différentes vitamines, des extraits de plantes et des huiles, mais ces dernières ne suffisent pas pour faire revenir de nouvelles racines de cheveux aux endroits déjà dégarnis. Elles ne font autre que stimuler le cuir chevelu.
Et les 10 023 cheveux en plus promis ? Sur Internet, René Furterer en dit un peu plus que sur l’emballage. Il s’agirait d’une étude menée sur 28 hommes et 32 femmes, au cours de laquelle l’augmentation moyenne du nombre de cheveux pendant la phase de croissance a été déterminée. Pour cela, vous devez savoir qu’une racine de cheveu fonctionne en trois phases : croissance, transition et repos. C’est la phase de croissance qui dure le plus longtemps, entre deux et six ans, et 80 à 90 % de vos cheveux se trouvent dans cette phase. Dix à 15 % sont en phase de repos, qui dure entre deux et quatre mois. Plus rien n’y pousse, l’approvisionnement en sang de la racine est stoppé, les cheveux tombent. Vous perdez ainsi environ 100 cheveux par jour. Ensuite, le follicule se régénère et tout recommence.
Pour moi, mieux vaut miser sur les comprimés
Pour l’impression sur la boîte, René Furterer a-t-il aussi compté les cheveux qui repoussent de toute façon ? Sur quelle base de comparaison les calculs ont-ils été effectués ? Ce qui est sûr, c’est qu’une cure comme « Triphasic Progressive » peut être utile, mon médecin me le confirme. Toutefois, elle n’a pratiquement aucun effet sur la perte de cheveux héréditaire. Par exemple, si l’étude menée par René Furterer comportait de nombreuses femmes souffrant d’une chute de cheveux d’origine hormonale, il est tout à fait possible qu’elle ait donné de bons résultats. En tout cas, meilleurs que s’il n’y avait eu que des hommes avec mon destin dans le panel de test.
Ma vie ne changera donc pas de manière décisive avec le sérum « Triphasic Progressive ». Plutôt que de m’en mettre sur les cheveux, je préfère l’offrir à quelqu’un qui en profitera davantage. Je remets le sérum dans le sac. Mme Garcia me donne une boîte pour laquelle on a nettement moins investi dans le design de l’emballage. Le Minoxidil en comprimés doit permettre aux vaisseaux sanguins de se dilater, aux follicules d’être mieux approvisionnés en substances nutritives, et ensuite, de se remettre en forme pour faire pousser de nouveaux cheveux plus épais. Mais seulement le temps de la cure. Si j’arrête, les gènes l’emportent.
Martin Jungfer
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Martin.Jungfer@digitecgalaxus.chJe suis journaliste depuis 1997. Stationné en Franconie, au bord du lac de Constance, à Obwald, Nidwald et Zurich. Père de famille depuis 2014. Expert en organisation rédactionnelle et motivation. Les thèmes abordés ? La durabilité, les outils de télétravail, les belles choses pour la maison, les jouets créatifs et les articles de sport.
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