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Ford F-150 Shelby: 200 km de plaisir

La Ford F-150 est grosse. La Shelby, plus grosse. Plus puissante. Beaucoup plus puissante. Ce pick up développe 755 chevaux, c'est ahurissant. Mais je l'adore, je ne peux pas m'en empêcher.

Soyons honnêtes, la Ford F-150 n'a rien à faire sur les routes suisses, ça n'a aucun sens. Ford propose des véhicules plus judicieux pour pratiquement toutes les utilisations. Posséder une F-150 est absurde. Mais une Shelby encore plus, surtout après ce que les ingénieurs lui ont ajouté.

Un véhicule pour les Américains quoi. Ou pour les amoureux de grosses cylindrées. Apparemment.

Je tiens la clé de contact dans la main. À moi donc la F-150 Shelby avec toute sa puissance. Mais seulement pour une journée, et 200 kilomètres. Car cette voiture est une pièce de collection. Chaque kilomètre que je fais réduit son prix à la revente et donc sa valeur. Et ne parlons pas d'égratignures ni d'accidents !

Les premiers mètres

Je place la manette en position D ; la Ford F-150 Shelby est une automatique. J'appuie sur la pédale. Il ne lui en faut pas beaucoup pour réagir au quart de tour. Je mets mon clignotant, sors du parking d'Auto Kunz et m'engage sur la route.

Tour du village

Après quelques centaines de mètres seulement, mes craintes se dissipent. La Shelby est agréable. Certes, je n'ai jamais conduit de véhicule aussi gros, mais la Shelby sait se montrer malléable, ou agressive s'il le faut. Pour ce deuxième cas de figure, je me cherche une longue ligne droite à l'écart de l'autoroute, derrière Beromünster, le patelin par lequel je dois justement passer pour y arriver.

Comment savoir si c'est étroit là-bas ?

À Beromünster, je remarque tout de suite la surprise des autres usagers face à ma F-150. Ça, on peut le dire, elle ne passe pas inaperçue. Alors oui, elle prend de la place. Oui, les manœuvres sont presque impossibles. Non, la Shelby n'aime pas les virages serrés. Les angles droits, n'en parlons pas, et les parkings, uniquement en période de faible affluence. Mais ce véhicule plaît.

Je fais signe aux enfants de Beromünster, souris aux adultes et lève deux doigts comme pour remercier les autres conducteurs qui me facilitent le passage. Car à Beromünster, je ne traverse pas le centre du village, je suis, à moi tout seul, le centre du village.

Je suis certain qu'aucun Suisse ne voudrait d'une Shelby dans son quartier, parce qu'on m'entend avant de me voir.

C'est ce qui s'est passé avec un motocycliste au niveau d'Entlebuch. En fait, je veux me rendre à la Migros pour acheter un coca et un sandwich, mais je rate la sortie. Qu'à cela ne tienne, j'aperçois un giratoire en face qui me permet de faire demi-tour sans bloquer toute la circulation.

Le motocycliste me cède le passage au rond-point, car il a dû m'entendre avant de me voir. Il tourne la tête dans ma direction. Il prend un peu peur. Je suis sûr qu'il esquisse un sourire sous son casque. Il lève la main droite en l'air, plie les doigts et tend son pouce comme pour annoncer son approbation. Je le salue en retour et souris.

Plein gaz

Il ne reste plus qu'un seul mystère à élucider derrière Beromünster : quel effet ça fait 755 PS ? La réponse se trouve au détour d'une longue ligne droite. Après avoir découvert que la Shelby est difficilement maniable en mode deux roues motrices – avec le mode transmission, elle a tendance à survirer à chaque intersection –, je passe donc en quatre roues motrices. Elle colle au bitume, la F-150 !

Sur la ligne droite que je me suis dégotée, la limite de vitesse, c'est 80, je le sais. Mais il n'y a personne, ni devant ni derrière. Vous voyez où je veux en venir ?

Pédale à fond !

Le compresseur Whipple fait son petit effet. Le moteur vrombit, hurle. Puis il lâche tout : avec 755 PS, on laisse des traces sur le bitume. Je suis littéralement scotché au dossier du siège. Bien qu'il faille 7,6 bonnes secondes à la Shelby pour passer du 0 au 100, on peut dire qu'elle en a sous le capot. La puissance semble infinie, car après avoir atteint les 80 km/h, la Shelby est loin d'être essoufflée. J'ai la chair de poule.

Quand je retourne au parking d'Auto Kunz à la fin de ma virée, les roues sales, les portes latérales légèrement éclaboussées, une chose devient claire pour moi : je ne veux plus jamais conduire autre chose. Alors oui, c'est un camion, c'est stupide, c'est une motorisation surpuissante, c'est une aberration écologique, c'est tout sauf maniable.

Mais elle a fait un adepte de plus. La puissance débridée, l'espace, le plaisir de conduite... Oui, Ford et Shelby ont fait quelque chose de génial.

C'est aussi simple que ça. Je retourne à ma petite voiture. Je remercie au passage Arag de m'avoir autorisé à la rouler sur le terrain de la gravière.

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Journaliste. Auteur. Hackers. Je suis un conteur d'histoires à la recherche de limites, de secrets et de tabous. Je documente le monde noir sur blanc. Non pas parce que je peux, mais parce que je ne peux pas m'en empêcher.


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