Contrôle de la glycémie (presque) sans piqûre : test du FreeStyle Libre 3
1/7/2025
Traduction: Aglaë Goubi
Photos: Oliver Fischer
Comment le FreeStyle Libre 3 permet une mesure continue de la glycémie et pourquoi il est également intéressant pour les non-diabétiques. Res Kocher, chef d’équipe en ingénierie chez Galaxus, a testé le capteur et nous fait part de ses conclusions surprenantes.
Une règle d’or à la rédaction de Galaxus : nous testons nous-mêmes les produits sous toutes leurs coutures avant d’en parler, mais cette fois-ci, je fais une exception et je vous présente un système de mesure de la glycémie sous forme d’interview. En effet, mon collègue Res Kocher, chef d’équipe en ingénierie, a testé de manière approfondie le capteur Abbott FreeStyle Libre 3 et a recueilli des informations si détaillées qu’il est le mieux placé pour vous en parler lui-même.
La particularité de ce capteur est qu’il permet une surveillance continue des taux de glycémie sans avoir à se piquer le doigt en permanence. Dans cette interview, Res explique pourquoi il a décidé de tester ce capteur, quelles sont les fonctionnalités qui l’ont convaincu et où il voit un potentiel d’amélioration.
Res, tu as testé le capteur Abbott FreeStyle Libre 3. Qu’est-ce qui t’a poussé à essayer cet appareil alors que tu n’es pas diabétique ?
Res : Lors d’un contrôle de routine, mon taux de glycémie était légèrement élevé par rapport à la valeur moyenne sur deux à trois mois (valeur HbA1c). Cela m’a un peu inquiété et j’ai voulu savoir comment mon corps réagissait à différents aliments et ce que je pouvais améliorer.
Cela semble être une expérience personnelle particulièrement intéressante. Quelle a été ta première impression face à ce capteur ?
Au début, l’installation m’a un peu déconcerté, car il faut placer le capteur, qui comprend une aiguille très fine, sur ou sous la peau. Mais j’ai ensuite été agréablement surpris par la simplicité et la discrétion du capteur. Il mesure le taux de glucose toutes les minutes et enregistre les valeurs localement jusqu’à ce qu’elles soient transférées sur le smartphone. Pas de piqûre constante, pas de scan, et pourtant j’ai obtenu des valeurs en continu, ce qui était vraiment pratique.
Tu as porté le capteur en continu pendant deux semaines à l’arrière de ton bras. Est-il bien fixé ou bien tu avais peur qu’il tombe ? Est-ce qu’il t’a gêné, par exemple pendant le sport ou pendant ton sommeil ?
Il est toujours resté bien en place. Il est important de bien choisir l’emplacement sur le bras : si le capteur est trop près du coude, il peut gêner, mais s’il est trop haut, c’est-à-dire trop près de l’épaule, il peut s’accrocher et se détacher, par exemple lorsque vous retirez votre t-shirt. C’est pourquoi un emplacement juste sous la manche était idéal. Il a ainsi tenu deux semaines sans problème, même quand je dormais, sous la douche, à la piscine, au sauna, au sport ou pendant d’autres activités. La nuit, il peut toutefois arriver que l’on s’allonge sur le capteur, ce qui réduit temporairement la précision des données.
Qu’as-tu découvert pendant les 14 jours où tu as porté le capteur ?
C’était vraiment passionnant de voir comment ma glycémie réagissait à différents aliments. L’évolution de mes valeurs était complètement différente. Cela fait une énorme différence si je mange des pâtes avec ou sans graisses et protéines supplémentaires.
Contexte : qu’est-ce que l’index glycémique ?
L’indice glycémique (IG) mesure l’intensité et la rapidité avec lesquelles un aliment contenant des glucides fait augmenter le taux de glycémie après sa consommation. L’IG a été développé afin de pouvoir comparer l’effet de différents aliments sur la glycémie. La référence est généralement le glucose, qui a un IG de 100. Les aliments à IG élevé (supérieur à 70) entraînent une augmentation rapide et importante de la glycémie, tandis que les aliments à IG faible (inférieur à 55) ne font augmenter la glycémie que lentement et modérément. Une augmentation rapide de la glycémie peut entraîner des fringales, des fluctuations d’énergie et, à long terme, une résistance à l’insuline ou un diabète de type 2. Il est donc judicieux de privilégier les aliments à faible IG afin de maintenir un taux de glycémie stable.
Comment stabiliser votre taux de glycémie ?
Si vous ajoutez par exemple un peu d’huile d’olive (lipides) et du blanc de poulet (protéines) à une portion de pâtes (IG élevé), votre taux de glycémie augmentera nettement moins vite et moins fortement après le repas que si vous aviez consommé les pâtes seules. Le taux de glycémie reste ainsi plus stable, ce qui réduit non seulement le risque de fringales, mais favorise également la santé à long terme, en particulier chez les personnes diabétiques ou insulinorésistantes.
Chaque aliment a certes son propre IG, mais l’effet glycémique d’un repas dépend principalement de sa composition globale. En combinant des glucides avec des lipides et des protéines, il est possible d’influencer positivement la glycémie et de réduire le risque de pics glycémiques et de fringales.
**As-tu discuté des résultats avec ta doctoresse ?
Oui, et je lui ai envoyé l’évaluation détaillée en format PDF. Elle m’a conseillé de continuer à tirer parti de cette expérience et de refaire un test HbA1c dans quelques mois.
Ça a l’air vraiment utile. Est-ce que tu dirais qu’un tel capteur est également utile pour les personnes qui ne sont pas diabétiques ?
Absolument ! C’est passionnant de voir comment le corps réagit à certains aliments ou à l’exercice physique. J’ai beaucoup appris sur les aliments qui ont un effet négatif sur ma glycémie. On apprend beaucoup sur soi-même et on peut adapter son alimentation en conséquence.
Source : Capture d’écran
As-tu changé ton alimentation ou ton mode de vie après cette expérience ?
Oui, depuis l’expérience, je fais plus attention à mon alimentation. J’accorde désormais plus d’importance à la combinaison de glucides, de protéines et de lipides afin de maintenir un taux de glycémie stable. J’ai considérablement réduit ma consommation d’aliments à indice glycémique élevé, comme les sucreries. De plus, je m’accorde des pauses plus longues entre les repas et j’évite de grignoter fréquemment. Dans l’ensemble, je fais plus attention à mon alimentation.
**Le capteur peut-il être réutilisé après 14 jours ?
Malheureusement, non. Après 14 jours, il faut en racheter un nouveau. Mais les données que j’ai collectées pendant cette période sont suffisantes pour me faire une idée de l’effet des aliments.
**Est-ce que cette expérience t’a été bénéfique ?
Oui, très, elle m’a permis de prendre conscience des points à améliorer. J’ai découvert comment apporter plus de calme et d’équilibre à mon corps grâce à de petits ajustements.
Anna : Merci beaucoup Res, pour ces précieuses informations !
*Res a testé le capteur Abbott FreeStyle Libre 3, qui n’est pas disponible actuellement. Le modèle plus récent, le capteur FreeStyle Libre 3 Plus, offre une durée de port prolongée d’un jour, une autorisation d’âge élargie et une compatibilité supplémentaire avec les pompes à insuline et les systèmes AID.
Bilan
Une bonne aide au quotidien avec de petits compromis
Le capteur Abbott FreeStyle Libre 3 permet une mesure continue de la glycémie, sans avoir à se piquer régulièrement. Les données continues et la simplicité d’utilisation le rendent intéressant tant pour les diabétiques que pour les personnes soucieuses de leur santé. Quelques points faibles, tels que la durée d’utilisation limitée à 14 jours, ternissent quelque peu le tableau. Dans l’ensemble, le capteur s’avère être un outil pratique qui répond à la plupart des attentes.
Pro
- le capteur peut enregistrer les données même sans smartphone
- alarmes réglables individuellement pour les valeurs élevées/basses
- utilisation simple et application claire
- informations utiles sur la glycémie et son évolution
- stockage local des données
- mesure continue sans piqûre constante
Contre
- toutes les fonctions supplémentaires ne sont pas pertinentes pour chaque utilisateur
- synchronisation possible uniquement par smartphone ou récepteur spécial
- coût d’acquisition élevé
- capteur utilisable pendant 14 jours seulement
Photo d’en-tête : Oliver Fischer
Anna Sandner
Senior Editor
Anna.Sandner@galaxus.deRédactrice scientifique et biologiste. J'aime les animaux et je suis fascinée par les plantes, leurs capacités et tout ce que l'on peut faire avec et à partir d'elles. C'est pourquoi mon endroit préféré est toujours à l'extérieur - quelque part dans la nature, volontiers dans mon jardin sauvage.
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