Atomic Blonde : rien de nouveau à l'Est
La guerre froide, en plein été. Il est vrai que l'été n'est plus aussi chaud qu'avant. Raison de plus pour passer une heure et demie au cinéma sans mauvaise conscience. L'occasion est "Atomic Blonde", thriller d'espionnage avec Charlize Theron dans le rôle d'un agent du MI6. Alors découvrons à quel point la guerre froide est encore réellement froide à Berlin en 1989.
Je trouve le titre plutôt stupide. C'est la première chose à laquelle j'ai pensé quand j'ai entendu parler du nouveau film de Charlize Theron, Atomic Blonde. Mais sa performance en tant qu'Imperator Furiosa dans "Mad Max : Fury Road" m'a plus qu'enthousiasmé. Je l'ai également trouvée formidable en "psychotic prom-queen bitch" dans "Young Adult". Et puis, un titre ne fait pas un film. J'ai donc décidé de donner une chance à la blonde atomique. Après tout, les histoires de femmes qui savent se battre et embrasser d'autres femmes sont malheureusement encore trop rares.
Hollywood semble toutefois se faire à l'idée que les femmes peuvent aussi donner des coups. Charlize Theron est l'une d'entre elles. Elle est déjà pressentie par son collègue Chris Hemsworth (Thor, Black Hat) pour être le prochain Bond. Je suis clairement en faveur d'Idris Elba dans le rôle de 007, mais ce n'est qu'un détail. Theron est déjà un agent dans "Atomic Blonde", alors qui sait ce que l'avenir nous réserve. Le film est une adaptation du roman graphique "The Coldest City" et se déroule à Berlin, juste avant la chute du mur en 1989. Un agent du MI6 est assassiné. Une liste est dérobée à cette occasion. Celle-ci est comme la valise de Pulp Fiction : tout le monde la veut, personne ne sait exactement ce qu'elle contient.
La seule chose qui est claire, c'est que la liste peut démasquer toute une série d'agents doubles. Apparition de Charlize Theron dans le rôle de Lorraine Broughton, également agent du MI6 et protagoniste taciturne. La blonde atomique du titre. Sa mission : récupérer la liste et secouer le KGB.
John le Carré rencontre Stranger Things
D'un point de vue purement esthétique, le film, avec son ambiance des années 1980, rappelle la série de Netflix "Stranger Things". Mais quand Eleven (Millie Bobby Brown) sera adulte, elle ne voudra pas devenir Lorraine, mais plutôt l'empereur Furiosa. La musique du film fait également revivre l'époque des épaulettes et des permanentes et est très amusante. De The Clash à Queen, en passant par David Bowie et Siouxsie and the Banshees, tout y est.
Les prémisses sont donc prometteuses. Mais ce qui met des bâtons dans les roues du film, c'est son intrigue. Plus l'intrigue se déroule en méandres, plus j'ai perdu le fil et la patience avec elle. L'histoire est racontée en flashbacks, ce qui ne fait qu'accroître la confusion générale. La seule continuité est la couleur des cheveux de Lorraine. Sa mission change toutes les 15 minutes environ. Lorsqu'il devient clair qu'une taupe torpille sa mission, nous sommes de retour au bon vieux film d'espionnage. John le Carré vous salue. Broughton continue à se battre brutalement à travers Berlin et rencontre l'agent français Delphine Lasalle (Sofia Boutella), avec laquelle elle entame une liaison. Malheureusement, celle-ci ressemble un peu à un rêve fiévreux d'un enfant de 13 ans. Comme le dit l'adage "Quand deux personnes s'embrassent, la troisième se réjouit" . Comme la protagoniste n'a pas de passé ou de motivation apparente, elle ne suscite pas beaucoup de sympathie ou d'intérêt. Elle partage ce sort avec les autres personnages. Ainsi, l'intrigue compliquée n'est pas vraiment portée par les personnages sans chair.
Killer Queen Lorraine
Ce qui manque au film en termes d'intrigue compréhensible et de personnages travaillés, il le compense par ses scènes de combat. Celles-ci semblent d'autant plus impressionnantes quand on sait que Charlize Theron réalise elle-même une grande partie de ses cascades. Lorsqu'elle se bat dans une cage d'escalier pendant plus de sept minutes, tout le reste devient secondaire. Le réalisateur David Leitch (John Wick) a clairement mis l'accent sur les différents affrontements physiques. Ces scènes sont plus réfléchies et plus passionnantes que le reste de l'histoire. Il est intéressant de noter que c'est aussi à ces moments-là que le caractère de Lorraine se révèle le plus. Lorsqu'elle se détend dans une baignoire remplie de glace et que l'on voit son corps meurtri par les combats qu'elle a menés. Cela permet de comprendre que, malgré son inaccessibilité et sa force, elle est humaine.
Ma conclusion est donc que "Atomic Blonde" est principalement un témoignage des impressionnantes capacités de Charlize Theron en matière d'arts martiaux. Si vous avez envie d'action d'agent, vous êtes au bon endroit. Si cela ne suffit pas, vous pouvez vous réjouir de voir "Proud Mary" de Taraji P. Henson. Le film sur Mary, une tueuse à gages, sortira l'année prochaine et la bande-annonce, du moins, semble prometteuse.
On peut donc espérer qu'à l'avenir, Hollywood misera de plus en plus sur des personnages féminins intéressants, capables de botter le cul de tous ceux qui se mettent en travers de leur chemin.
En tant qu'auteur et lecteur passionné, une grande partie de mon temps appartient au monde des mots. J'aime voyager et découvrir le monde, toujours avec un livre dans mes bagages. Les langues de toutes sortes m'inspirent, presque autant que la perspective du prochain café.