Philipp Lenhard

La philosophie postmoderne n'est rien d'autre que la survie du national-socialisme dans la démocratie (Adorno). Parce que la rupture radicale avec la pensée qui a conduit à Auschwitz a été évitée, et parce qu'au contraire, dès les années soixante, des tentatives ont été faites, en prétendant briser des tabous, de rendre la philosophie national-socialiste utilisable pour des projets apparemment émancipateurs, l'idéologie allemande apparaît aujourd'hui comme de gauche et progressiste. Cette dernière idéologie allemande n'est pas seulement un courant philosophique, mais l'expression d'une tendance sociale. L'exercice postmoderne qui consiste à dénoncer toute définition générale des concepts comme logocentrique et toute analyse de la société sous des critères de raison comme totalitaire, est à la fois un reflet de l'objectivité de l'inutilité du monde dans les conditions de la société tard-capitaliste et une tentative de donner un sens à ces mêmes conditions. Enfin, dans son culte de l'immédiateté, le poststructuralisme cherche à s'allier avec l'islam radical et trahit toute idée de réconciliation. Avec des contributions de Manfred Dahlmann, Martin Dornis, Alex Gruber, Birte Hewera, Tjark Kunstreich, Philipp Lenhard, Niklaas Machunsky, Florian Ruttner et Gerhard Scheit.