

Vanlife avec un chien : liberté ou stress sur quatre roues ?

Ceux qui choisissent la vie en camping-car aspirent à la liberté. Qu’en est-il avec un chien ? Quelles sont les restrictions ? Pour le savoir, j’ai rendu visite à Patricia et Simon, un couple de YouTubeurs.
Ari est nerveux. Lorsque j’entre dans le salon des parents de Patricia* dans le canton d’Argovie, le chien s’agite dans son panier et m’observe d’un regard vigilant. Contrairement aux autres chiens, il n’a pas l’habitude d’avoir un domicile fixe. Il voyage plutôt avec ses propriétaires dans leur camping-car, et les invités restent généralement dehors, autour de la table de camping.
« Nous ne restons que quelques jours pour voir la famille, les amis et faire la lessive. Ensuite, nous repartons », explique Simon (45 ans). Depuis quatre ans, son épouse Patricia (26 ans) et lui parcourent l’Europe en camping-car. Ils ont déjà visité 24 pays et partagent leurs aventures sur les réseaux sociaux sous le nom de Patnsim. Ari les accompagne depuis le début.

De chien errant à globetrotteur
Ce chien croisé âgé de quatre ans était autrefois un chien errant en Roumanie. Chiot, il a été recueilli et placé dans une famille en Allemagne, mais il ne s’y plaisait pas. La protection des animaux est intervenue et l’a emmené dans un refuge suisse. Patricia a vu l’annonce d’Ari alors qu’elle étudiait pour obtenir son diplôme d’infirmière en 2021. « J’ai tout de suite su que c’était lui », se souvient-elle, les yeux brillants.
Afin de savoir si Ari était apte à voyager et si la vie en camping-car était financièrement viable, le couple a décidé, juste après la remise du diplôme de Patricia, de faire le test et de partir aux points les plus au sud et au nord de l’Europe. Pendant le voyage, Simon a travaillé en tant que responsable du marketing relationnel, Patricia comme nutritionniste et autrice pour des guides de camping (en allemand). Au bout d’un an, le verdict était clair : le projet était une réussite et Ari se sentait parfaitement à l’aise dans sa maison roulante.

Un refuge et de courtes étapes
Il est temps de découvrir la vie en camping-car. Nous partons donc faire une petite excursion dans la forêt argovienne. Plus nous nous approchons du véhicule blanc orné d’une rose des vents, plus Ari est heureux. Il remue joyeusement la queue, et le chien discret s’épanouit complètement. Il se précipite à l’intérieur dès que Patricia ouvre la porte. Sitôt à l'intérieur, il se love dans sa petite tanière, sa place préférée située sous le lit.

« Quand on voyage avec un chien, c’est l’une des choses les plus importantes », explique Simon. « Il doit avoir un endroit où se réfugier dans le camping-car, où il ne sera pas constamment bousculé. » Quand il démarre le moteur, Ari lève brièvement la tête. « Combien de temps partez-vous à chaque fois ? », lui demandé-je alors que nous roulons sur un petit chemin forestier. « Pas plus d’une heure par jour », répond Patricia. « Sauf si un voyage plus long est inévitable. Dans ce cas, nous faisons une pause toutes les deux heures et nous accordons ensuite deux jours de repos à Ari. »

Rituels de voyage et un explorateur à quatre pattes
Ce jour-là, notre destination n’est qu’à deux pas. Nous arrivons déjà dans une clairière. Simon coupe le moteur et dit : « Ah oui, les routines sont aussi importantes. » Il appelle Ari et lui met sa laisse avant de sortir et faire un petit tour pour explorer les environs. « Nous faisons toujours cela lorsque nous arrivons quelque part », dit Patricia en souriant. « Ari reconnaît immédiatement beaucoup d’endroits lors de nos voyages. »
Cela n’a rien d’étonnant, vu que ce chien curieux explore tout ce qui se trouve sous ses pattes. Que ce soit en Turquie, en Espagne ou au Monténégro, Ari adore creuser. Patricia et Simon le surnomment d’ailleurs parfois le « chercheur ». Je trouve que cela lui va bien. En regardant la tête ébouriffée d’Ari, je ne peux m’empêcher de penser au physicien et professeur Daniel Faraday (en allemand) de la série Lost.
L’expédition est terminée pour l’instant : Ari et Simon sont de retour et heureusement, ils n’ont pas rencontré d’ours, comme en Europe de l’Est. Simon aurait alors emporté un bâton et un spray anti-ours. « Dans certains pays, il faut être prudent, tenir son chien en laisse et ne pas laisser de nourriture dehors », explique Simon. À propos de nourriture, Ari mange-t-il toujours les spécialités locales ? « Non. Nous avons découvert une marque que l’on trouve partout : Acana. »
Entre aventure et vigilance
Les animaux sauvages tels que les ours ne représentent pas toujours un danger. Il y a un an, lors d’un voyage en Roumanie, Ari a été attaqué par un chien de protection. « Pendant la journée, il était en laisse et semblait paisible. Ce que nous ne savions pas, c’est que la nuit, les chiens de protection sont lâchés pour chasser les ours. Pile quand nous faisions notre promenade du soir », raconte Simon. Ari a été blessé à la patte et a dû être recousu par un vétérinaire le lendemain matin. « Heureusement, nous avons toujours une trousse de premiers secours pour chiens de notre vétérinaire à bord », explique Patricia.
Le couple a rencontré un chien de protection roumain à une autre reprise. Celui-ci a brutalement déchiqueté un chevreuil. « Pour nous, la Roumanie est désormais proscrite, même si c’est un pays magnifique », déclare Patricia. En revanche, ils n’ont jusqu’à présent eu pratiquement aucun problème avec les chiens errants, que ce soit en Turquie, en Albanie, en Bulgarie ou en Hongrie.
Lors d’un voyage, il est toutefois important de faire vacciner son chien contre la rage et de rester vigilant. « En cas de doute, nous changeons de trottoir lorsque nous nous promenons », explique Simon. « C’est également notre devise sur les aires de stationnement : si nous avons un mauvais pressentiment, nous allons autre part. »
Beaucoup de promenade et presque jamais seul
Lorsque je dis au revoir à Patricia et Simon et que nous nous éloignons de quelques pas du camping-car, je suis curieux de voir comment le chien va se comporter. Il est très rarement seul, et quand c’est le cas, c’est uniquement dans des endroits frais, avec le toit ouvrant ouvert. « Pour le bien-être d’Ari, nous voyageons généralement dans le nord en été et dans le sud en hiver, là où le climat est tempéré », explique Patricia.
Nous nous éloignons lentement du camping-car. Quand je me retourne, je ne peux m’empêcher d’éclater de rire. Ari s’est installé sur le siège passager et observe les environs d’un air curieux. « C’est un super chien de garde », dit Simon. « Et il est probablement beaucoup plus heureux que beaucoup de chiens d’appartement. » Patricia acquiesce. « Oui. Peu de chiens ont autant d’espace, de diversité et de temps à passer avec des humains. »

Tous les chiens ne sont pas faits pour vivre dans un camping-car
Simon indique toutefois que tous les chiens et toutes les races ne sont pas faits pour la vie en camping-car. Les chiens classés dangereux, dont la détention est restreinte ou interdite par les autorités en raison d’un potentiel d’agressivité supposé, ne sont par exemple pas autorisés partout. « Il faut tenir compte de tout cela. Le mieux est d’essayer le camping avec son chien pendant les vacances et de prendre une décision dans l’intérêt de l’animal », conseille-t-il.
Ari est un « vanlifer » né. Jour après jour, il part pour de nouvelles expéditions dans son véhicule de recherche roulant, et la fin de son voyage d’exploration n’est pas en vue. Les prochaines aventures l’attendent déjà sur la côte française et en Toscane...

*Afin de préserver la vie privée de Patricia et Simon, nous ne mentionnons dans ce texte que leurs prénoms.
Avez-vous déjà voyagé avec des animaux ? À vos claviers dans les commentaires !


J’aime tout ce qui a quatre pattes et des racines. La lecture me permet de plonger dans les abîmes de l’être humain. Je déteste les montagnes : elles ne font que cacher la vue sur la mer. Quand j’ai besoin d’air frais, je vais le respirer au sommet d’un phare.