Test de produit

Test du Sony RX1R III : un appareil pour le plus petit nombre

Samuel Buchmann
6/8/2025
Traduction: Rose-Hélène Moquet

Un appareil photo qui coûte plus cher et qui fait moins que son concurrent de la même marque ? J’avoue que j’étais très sceptique avant de tester le Sony RX1R III. Une semaine plus tard, je n’ai pas envie de le rendre.

Sur le papier, le nouvel appareil photo compact de luxe de Sony, doté d’un capteur plein format, fait penser à une mauvaise blague. Le RX1R III intègre en grande partie la même technologie que l’Alpha 7C R, mais sans stabilisateur d’image et avec un objectif fixe et assez ancien. Et pourtant, il est vendu au prix de 4199 francs suisses ou 4900 euros. Pourquoi ? Parce que Sony exploite sans vergogne le pouvoir d’achat du public cible.

Cela devrait suffire pour me faire détester le RX1R III. Mais après une semaine passée à m’en servir dans le Tessin, j’ai eu le coup de foudre malgré toutes ses imperfections.

Malgré un côté rétro moins prononcé que chez d’autres fabricants, je trouve le RX1R III joli.
Malgré un côté rétro moins prononcé que chez d’autres fabricants, je trouve le RX1R III joli.

Design et utilisation : un appareil résolument compact

L’identité du Sony RX1R III tourne autour de sa taille très réduite et de sa légèreté. Avec un poids de 498 g, il pèse nettement moins qu’un Alpha 7C R avec FE 35mm f/1.8 (795 g en tout) et également moins que le Leica Q3 (page en allemand – 743 g) ou le Fujifilm GFX100RF (735 g).

La différence d’environ 250 g ne semble pas énorme, mais je la sens bien lorsque je porte l’appareil autour du cou ou dans mon sac. La sensation du RX1R III est totalement différente de celle de l’Alpha 7C R. C’est un véritable appareil photo à emporter partout avec soi. Une sorte de Fujifilm X100VI sous stéroïdes.

Le RX1R III est si léger que je le sens à peine autour de mon cou. Pour plus de confort, la sangle en cuir de haute qualité est rembourrée en caoutchouc et reste bien en place.
Le RX1R III est si léger que je le sens à peine autour de mon cou. Pour plus de confort, la sangle en cuir de haute qualité est rembourrée en caoutchouc et reste bien en place.

Le boîtier a une surface mate et est presque entièrement plat. Il est fabriqué au Japon dans la même usine que les objectifs G-Master de Sony et dispose d’excellentes finitions. Le côté droit en caoutchouc offre un peu de soutien. C’est suffisant pour un appareil photo de cette taille, mais j’aurais apprécié une poignée moulée pour mes doigts et un endroit pour poser mon pouce à l’arrière. En outre, l’appareil photo n’est malheureusement pas étanche à la poussière ni à l’eau.

Comme accessoires, Sony propose un étui en similicuir (150 francs / 179 euros) et un repose-pouce en métal (240 francs / 279 euros), qui devraient assurer une meilleure prise en main. Le pare-soleil est également vendu à part (169 francs / 200 euros). Je sais que Sony a besoin de faire du profit, mais ces prix sont franchement scandaleux. Un appareil photo aussi cher devrait au minimum être fourni avec un pare-soleil.

Pour ce qui est de l’utilisation, la petite taille du boîtier fait qu’il y a moins de boutons que sur un appareil plus grand, ce qui ne me dérange pas. Les fonctions importantes sont accessibles par les boutons et le menu est assez simple à naviguer. Les points de pression des boutons sont un peu faiblards, comme c’est souvent le cas sur les petits appareils photo de Sony. D’autres fabricants font mieux.

L’utilisation est réduite et axée sur la photographie, sans toutefois être restrictive.
L’utilisation est réduite et axée sur la photographie, sans toutefois être restrictive.

Ce qui est inhabituel, c’est que je dois impérativement régler le diaphragme sur l’objectif. La bague n’a pas de position « A », qui permettrait un réglage numérique par molette. Je finis par m’y habituer rapidement. La deuxième bague de l’objectif permet de changer la zone de mise au point entre macro (0,2 m – 0,35 m) et normale (0,35 m – infini). Les deux bagues ont beaucoup de résistance, impossible de les déplacer par erreur.

Fonctionnalités et écrans : des restrictions embêtantes

Qui dit compact dit compromis. Pour commencer, le Sony RX1R III n’est pas équipé d’un stabilisateur d’image. Ce n’est pas très dérangeant tant que je prends des photos en journée. Lors d’une journée nuageuse en forêt, je dois augmenter un peu la sensibilité ISO pour que les photos prises à main levée restent nettes. Le capteur est toutefois suffisamment bon pour que la qualité d’image reste à peu près constante jusqu’à 800 ISO.

C’est lorsque le soir commence à tomber que l’absence de stabilisateur devient une véritable contrainte. Je dois à présent augmenter la sensibilité ISO à 4000 pour obtenir une vitesse d’obturation de 1/60 de seconde. Et ça ne suffit pas toujours à garantir la netteté de l’image. En passant à l’Alpha 7C R avec capteur stabilisé, je peux photographier la même scène à 400 ISO et 1/10e de seconde pour un résultat plus net et avec moins de bruit.

Au crépuscule, le RX1R III sans stabilisateur d’image est désavantagé par rapport aux autres modèles.
Au crépuscule, le RX1R III sans stabilisateur d’image est désavantagé par rapport aux autres modèles.
Pour la même scène, je dois augmenter la sensibilité ISO sur le RX1R III (à gauche, 1/60 s, 4000 ISO) par rapport à l’Alpha 7C R (à droite, 1/10 s, 400 ISO).
Pour la même scène, je dois augmenter la sensibilité ISO sur le RX1R III (à gauche, 1/60 s, 4000 ISO) par rapport à l’Alpha 7C R (à droite, 1/10 s, 400 ISO).

Deuxième restriction : les écrans. Pour gagner de la place, Sony a installé le même viseur électronique que sur l’Alpha 7C R. Autrement dit, un viseur assez petit et de mauvaise qualité. Il n’atteint qu’un grossissement de 0,7 fois et une résolution de 2,36 millions de pixels (1024 × 768 pixels). L’œilleton en caoutchouc est plus grand que sur les autres appareils photo Sony, ce qui est très gênant pour les porteurs de lunettes comme moi. En raison de la grande distance entre l’œil et l’écran, je ne peux voir qu’une grosse moitié de l’image.

La plupart du temps, je prends donc des photos en utilisant l’écran LCD de 3 pouces à l’arrière. Ce dernier est bien lumineux et possède également 2,36 millions de pixels. Une bonne valeur qui semble nette vu qu’on regarde l’écran de plus loin. Cependant, ce dernier est complètement fixe et ne se déplie pas comme sur le modèle précédent. Ce choix de conception me laisse perplexe. Quelques millimètres et grammes supplémentaires pour une charnière auraient vraiment valu le coup.

Un écran rabattable aurait rendu cet appareil photo tellement plus performant...
Un écran rabattable aurait rendu cet appareil photo tellement plus performant...

Troisième restriction, même si moins grave : la batterie. La NP-FW50 est issue des appareils photo APS-C de Sony. Mais comme elle doit ici faire fonctionner un capteur plein format, elle ne permet de prendre que 300 clichés avec l’écran LCD et 270 avec le viseur (classement CIPA). C’est tout de même un net progrès par rapport au RX1R II (220 clichés avec LCD, 200 avec viseur). Dans la pratique, la batterie peine à durer toute une journée et je dois toujours en emporter une de rechange.

Autofocus et obturateur : rapidité et silence

Lors de la présentation du Sony RX1R III, j’étais sceptique quant à la capacité du vieil objectif Zeiss à rivaliser avec les systèmes autofocus actuels. Heureusement, mon inquiétude s’est avérée infondée. L’appareil photo fait la mise au point plus rapidement que tous ses concurrents, y compris l’Alpha 7C R avec le FE 35mm f/1.8. La puce IA de Sony et les algorithmes les plus récents reconnaissent les personnes, les visages et les yeux de manière parfaitement fiable. Le suivi des objets fonctionne également très bien.

Par rapport aux appareils photo à objectif interchangeable, l’obturateur est différent. Le RX1R III n’a pas d’obturateur à fente devant le capteur, mais un obturateur central dans l’objectif qui s’entend à peine. C’est pratique lorsque je veux prendre des photos en restant discret. Je pourrais également synchroniser les flashs jusqu’à la vitesse d’obturation maximale.

Le vieil objectif Zeiss fait la mise au point avec une rapidité appréciable et dispose d’un obturateur central.
Le vieil objectif Zeiss fait la mise au point avec une rapidité appréciable et dispose d’un obturateur central.

Inconvénient de l’obturateur central : à f/2, la vitesse d’obturation la plus rapide est de 1/2000 seconde. Cela ne suffit pas avec la sensibilité native (ISO 100) lorsque le soleil brille. Je dois passer à l’obturateur électronique ou atténuer la luminosité. L’obturateur central peut atteindre 1/3200 de seconde à f/4 et 1/4000 de seconde au maximum à f/5.6.

Qualité d’image excellente pour un appareil de cette taille

Le capteur était déjà présent sur le Sony Alpha 7R V, le Sony Alpha 7C R et le Leica Q3. Trois ans après son lancement, il fait toujours partie des meilleurs pour les photos grâce à sa haute résolution, sa grande plage dynamique et son bon comportement au bruit.

Les nombreux mégapixels offrent de la place pour le zoom numérique. Je peux basculer entre trois longueurs focales virtuelles en appuyant sur un bouton. Les JPG sont sauvegardés découpés. Les images RAW sont toujours prises par l’appareil photo en pleine résolution, mais les fichiers sont automatiquement affichés découpés dans Lightroom :

  • 35 mm (1,0 ×) : 60,2 mégapixels
  • 50 mm (1,4 ×) : 29,4 mégapixels
  • 70 mm (2,0 ×) : 15,1 mégapixels
Grâce à la haute résolution, il reste encore suffisamment de mégapixels pour la plupart des utilisations après le passage de 35 mm (à gauche) à 70 mm (à droite).
Grâce à la haute résolution, il reste encore suffisamment de mégapixels pour la plupart des utilisations après le passage de 35 mm (à gauche) à 70 mm (à droite).

L’objectif Zeiss n’est que partiellement à la hauteur de la résolution du capteur. Au centre de l’image, l’objectif donne des résultats nets en pleine ouverture. La différence avec l’Alpha 7C R doté d’un FE 35mm f/1.4 GM est à peine visible. En revanche, sur les bords de l’image, la différence est nette, même lorsque je fais passer le RX1R III à f/8. Je remarque également une distorsion en barillet très prononcée. Elle peut être corrigée numériquement, mais cela réduit encore la netteté dans les coins.

De gauche à droite : 35 mm f/1.4 GM (centre de l’image, f/2), RX1R III (centre de l’image, f/2), 35 mm f/1.4 GM (bord de l’image, f/2), RX1R III (bord de l’image, f/2), RX1R III (bord de l’image, f/8).
De gauche à droite : 35 mm f/1.4 GM (centre de l’image, f/2), RX1R III (centre de l’image, f/2), 35 mm f/1.4 GM (bord de l’image, f/2), RX1R III (bord de l’image, f/2), RX1R III (bord de l’image, f/8).

Les apologistes aiment souligner que cette qualité d’image pour le moins passable donne du « caractère » aux clichés. Pour moi, c’est une vaste plaisanterie marketing. Néanmoins, je suis plutôt satisfait de la qualité en dehors des prises de vue en laboratoire.

L’appareil est doté d’une fonction vidéo, mais l’écran fixe et l’absence de stabilisateur d’image la rendent difficilement utilisable. Les images en mouvement sont limitées à 4K et 30 fps. Des résolutions ou des taux de rafraîchissement plus élevés feraient probablement surchauffer le petit boîtier.

Pour ce genre d’images avec des contrastes élevés, je sais qu’il va falloir travailler en post-traitement.
Pour ce genre d’images avec des contrastes élevés, je sais qu’il va falloir travailler en post-traitement.

Analyse du concept et de la concurrence

Malgré ses limites, le Sony RX1R III me plaît plus que je ne le pensais après une semaine. Son principal avantage par rapport à ses concurrents c’est qu’il est suffisamment petit pour pouvoir l’emporter et prendre quelques photos par-ci par-là, qui seront d’ailleurs d’une qualité bien supérieure à celles d’un smartphone.

Comparons-le à d’autres modèles.

  • Le Sony Alpha 7C R coûte moins cher, possède le même capteur, un stabilisateur d’image, un écran orientable, une meilleure autonomie, une poignée et pas d’objectif fixe. C’est sans aucun doute le meilleur appareil pour ceux qui sortent principalement pour faire de la photo. L’inconvénient, c’est qu’il est moins pratique à transporter.
  • Plus prestigieux, le Leica Q3 (en 28 mm et 43 mm) dispose du même capteur, d’un stabilisateur d’image et d’un objectif plus net. Mais il est plus cher, sa mise au point est plus lente et son poids trop lourd pour pouvoir être emporté partout avec soi.
  • Le Fujifilm GFX100RF est le meilleur en matière de qualité d’image. Il n’a pas de stabilisateur d’image, mais il a au moins un écran rabattable. L’autofocus est moins rapide que celui du Sony RX1R III, mais ce n’est pas son principal inconvénient. D’abord, l’objectif du GFX100RF est moins lumineux de deux diaphragmes complets. Ensuite, avec ses 735 g, je le trouve trop lourd pour pouvoir l’emporter partout, comme le Leica Q3.
  • Le Fujifilm X100VI bénéficie d’un rapport qualité-prix nettement plus intéressant que l’appareil photo de luxe de Sony. Il est presque aussi compact et dispose d’un stabilisateur d’image. En revanche, son capteur et son objectif offrent une qualité d’image moindre et moins de possibilités de jouer avec la profondeur de champ.
  • Moins cher de cette liste, le Ricoh Gr III est le seul appareil photo à capteur APS-C qui tient dans la poche. Cependant, la longueur focale de 18 mm (28 mm en équivalent 35 mm) à ouverture f/2.8, le capteur plus petit et l’autofocus vieillissant font qu’il ne joue pas dans la même catégorie que le Sony RX1R III.
L’Alpha 7C R (à droite) avec un objectif de 35 mm semble similaire au RX1R III sur le papier, mais la sensation est totalement différente en réalité.
L’Alpha 7C R (à droite) avec un objectif de 35 mm semble similaire au RX1R III sur le papier, mais la sensation est totalement différente en réalité.

Bilan

Un appareil photo à emporter aussi cher qu’excellent

Le Sony RX1R III n’est pas un appareil photo qui s’adresse au plus grand nombre. Plus qu’un outil, c’est un appareil de luxe à emporter partout avec soi, pour autant que l’on ait un budget illimité. Si vous faites partie du public cible, vous allez adorer. Si ce n’est pas le cas, vous risquez sans doute de rester perplexe devant son prix et ses restrictions.

Ce qui distingue le RX1R III, c’est son mélange de légèreté, qualité d’image, luminosité et autofocus d’excellente qualité. L’objectif Zeiss relativement ancien ne peut certes atteindre la résolution du capteur qu’au centre de l’image à pleine ouverture, mais cela s’avère bien moins gênant que l’absence de stabilisation d’image, l’écran LCD fixe ou encore le piètre viseur.

Selon les situations, ces compromis sont parfois très agaçants. Malgré tout, je préfère ce modèle à ceux de la concurrence, tous trop lourds pour les porter autour du cou, ou sans réelle valeur ajoutée par rapport à mon smartphone. Le RX1R III est lui aussi compact que performant. Dommage que Sony le fasse payer si cher.

Pro

  • petit et léger
  • excellente qualité d’image
  • objectif lumineux
  • autofocus de qualité
  • utilisation facile
  • finitions soignées

Contre

  • prix déraisonnable
  • pas de stabilisateur d’image
  • écran fixe
  • viseur de piètre qualité
  • manque de netteté de l’objectif
Sony RX1R III‎ (35 mm, 61 Mpx, Plein format)
Appareil photo
CHF4199.–

Sony RX1R III‎

35 mm, 61 Mpx, Plein format

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Mon empreinte digitale change régulièrement au point que mon MacBook ne la reconnaît plus. Pourquoi ? Lorsque je ne suis pas assis devant un écran ou en train de prendre des photos, je suis probablement accroché du bout des doigts au beau milieu d'une paroi rocheuse. 


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