Critique

Test de « Constance » : si « Hollow Knight » allait consulter

Kevin Hofer
29/11/2025
Traduction : Martin Grande
Photos: Kevin Hofer

De nos jours, on trouve des metroidvanias en veux-tu en voilà. Afin de ne pas se perdre dans la masse, un jeu doit se démarquer d’une façon ou l’autre. « Constance » y parvient. Le jeu copie sur les meilleurs et y ajoute de la profondeur émotionnelle.

Constance me fait directement penser à Hollow Knight. Du style graphique au côté ludique, l’inspiration du chef-d’œuvre de Team Cherry est évidente. Après avoir récemment dévoré Hollow Knight : Silksong, je suis tout de suite à l’aise dans l’univers du développeur Blue Backpack Games.

Il est difficile de faire un bon metroidvania de nos jours. La concurrence est énorme et même les excellents jeux risquent d’être oubliés dans l’ombre des géants du genre, mais Constance fait sacrément bien les choses.

Un jeu qui colle à la peau

Constance aborde des thèmes tels que l’anxiété, la dépression et la solitude. Le monde du jeu est une métaphore de la santé mentale déclinante de la protagoniste, dont le jeu tire son nom.

Il fait noir dans la tête de Constance.
Il fait noir dans la tête de Constance.

Chaque biome est magnifiquement conçu et coloré, représentant l’espoir de Constance. En même temps, tout est fragile et en déclin, à l’image de son état psychique. L’objectif est de collecter quatre larmes à la clé de quatre combats contre des boss. Elles libèrent des souvenirs qui montrent pourquoi Constance a le moral dans les chaussettes : harcelée au travail, humiliée par sa prof de musique... La jeune femme se fait constamment répéter qu’elle n’est pas assez bonne dans ce qu’elle fait.

Je rejoue des souvenirs de Constance, dont son cours de musique traumatisant.
Je rejoue des souvenirs de Constance, dont son cours de musique traumatisant.

Cette transparence dans la gestion du burnout et du doute de soi est rafraîchissante et importante. L’histoire m’a poussé à l’introspection.

À grands coups de... pinceau

Les passages fluides entre les plateformes rappellent beaucoup Hollow Knight, mais Constance ne se limite pas à cela. Comme son monde est une toile peinte, l’héroïne a la capacité de se transformer elle-même en peinture. En combat, les pinceaux remplacent les épées.

Constance acquiert de nouvelles compétences après avoir coloré les toiles vierges qu’elle découvre.
Constance acquiert de nouvelles compétences après avoir coloré les toiles vierges qu’elle découvre.

Après avoir effectué un dash, je deviens violet et invulnérable un court instant, ce qui me permet de me faufiler à travers les ennemis ou les épines. Je débloque ces compétences au fur et à mesure. Si je tombe sur une toile dans le monde du jeu, je la peins et j’obtiens une nouvelle compétence. J’apprends à effectuer des wall jumps en tant que peinture liquide ou à utiliser des épines et des ballons comme trampoline. J’atteins ainsi des zones auparavant inaccessibles et je dois mettre ces compétences en œuvre contre des boss.

Je dois utiliser mes compétences nouvellement acquises, comme ici en fuyant un boss.
Je dois utiliser mes compétences nouvellement acquises, comme ici en fuyant un boss.

Une fois que j’ai débloqué toutes les compétences, les enchaînements de capacités sont magnifiques. Je me sens puissant. Les ennemis qui m’agaçaient au début ne sont soudain plus un problème, et je vole littéralement à travers les biomes. Le jeu de mouvements fluide est agréable.

Combats de boss : entre coups de génie et frustration

Les combats contre les boss sont systématiquement bons, voire fantastiques. Il y a par exemple un mage chauve-souris en lévitation qui m’attaque avec des avions en papier et se suspend au plafond pour y régénérer son énergie vitale. Pour éviter cela, je dois utiliser une compétence que je viens d’apprendre : c’est super. Le joker, quant à lui, est une carte à jouer. Je dois éviter les autres cartes qu’il fait voler à travers la pièce et je ne peux lui infliger des dégâts qu’après plusieurs phases d’esquive. Ça m’énerve jusqu’à ce que je comprenne le truc.

Le joker est l’un des boss les plus agaçants.
Le joker est l’un des boss les plus agaçants.

Du point de vue de l’apparence et des éléments de gameplay, certains combats me plaisent encore plus que les modèles de Hollow Knight.

Bémol : l’exploration

Constance est un jeu fantastique, mais pas parfait. Le plus grand défaut réside justement dans la discipline phare du genre : l’exploration.

Malgré un monde magnifique, l’exploration laisse à désirer.
Malgré un monde magnifique, l’exploration laisse à désirer.

En dehors des sentiers battus, il n’y a pas grand-chose à découvrir. La plupart du temps, je ne trouve que de quoi faire grandir ma barre de vie ou des cristaux pour améliorer mes compétences. Il manque les vrais secrets : des boss cachés, de nouvelles armes ou des indices me permettant d'en apprendre plus sur le lore et récompenseraient ma curiosité.

Chaque fois que je trouve une pièce secrète, je suis euphorique pendant un moment, pour ensuite être déçu de constater qu’elle ne contient que quelques cristaux. Les zones cachées sont visuellement monotones.

« Constance » est sorti le 24 novembre pour PC. Le jeu m’a été fourni par btf à des fins de test.

Bilan

Réservé aux fans du genre

« Constance » est mon coup de cœur dans le genre metroidvania. L’inspiration de « Hollow Knight » est évidente, mais grâce aux idées fraîches et au thème des couleurs, le jeu vole de ses propres ailes.

Alternant entre le monde réel et la psyché fragile de la protagoniste, l’histoire est prenante : triste, mais pleine de vérité sur la dépression, emballée dans un gameplay addictif et un platforming tout doux. Si l’on peut faire abstraction de l’exploration qui laisse à désirer, on peut se laisser entraîner dans une expérience qui sollicite à la fois le cœur et la manette.

Pro

  • profondeur émotionnelle
  • gameplay créatif
  • esthétique cool
  • très ludique
  • boss design réussi

Contre

  • exploration décevante
  • récompenses monotones

Cet article plaît à 7 personne(s)


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