Test de produit

Sony XG95: un écran puissant, mais pas irréprochable

Luca Fontana
3/7/2019

Le XG95 de Sony est un téléviseur LCD qui a de l’ambition: la technologie Triluminos promet des couleurs vives et le processeur X1 Ultimate un traitement d’image impeccable. N’oublions pas le Full Array Local Dimming qui fonctionne trop bien à certains égards, autrement dit pas du tout.

Pour Sony, 2019 a signalé la relève de la garde: jusqu’à présent le XF9005 était le modèle phare du fabricant japonais dans la catégorie LCD grand public. La série XG95 prend désormais le relais.

Ce rôle convient vraiment bien au XG95. En tout cas, c’est l’impression que l’on a en survolant la fiche technique. La technologie d’image Triluminos propre à Sony est là pour offrir des couleurs intenses. Le processeur X1 Ultimate optimise le traitement de l’image et le «Multi Acoustic Sound» annonce un son à la hauteur. Citons également le Full Array Local Dimming (FALD) pour obtenir de bonnes valeurs de contraste.

C’est vrai que le FALD fonctionne, mais d’une certaine manière il fonctionne même trop bien. Il cause des problèmes incontestables, mais commençons par le commencement.

Un design minimaliste et créatif assumé

« Look industriel », c’est le terme que j’ai entendu chez Sony il y a déjà quelques jours lors de l’essai du téléviseur LCD 8K. Il semble que ce soit la devise de la marque japonaise cette année. En effet, le XG95 avec son écran de 75 pouces que Sony m’a remis présente un look vraiment sobre.

Sinon, ce téléviseur est d’une élégance classique. Il ne présente pas autant d’alu fraisé comme c’est souvent le cas chez Samsung – j’aime les designs de la marque sud-coréenne –, mais l’impression est loin d’être bon marché.

En revanche, l’arrière du XG95 n’a rien d’extraordinaire. On note bien l’existence de petites gaines qui guident les câbles dans les pieds, ce qui permet de mieux les dissimuler. En dehors de cet aspect, je ne dirais pas que le fabricant a accordé beaucoup d’attention à la face arrière. Ce n’est pas un problème si le téléviseur n’est pas planté au milieu de la pièce.

Eh oui, la dalle est plutôt épaisse: environ 7,3 cm à son endroit le plus épais. C’est sans comparaison avec les écrans OLED dépourvus de rétroéclairage et donc nettement plus minces. Le Q85R de Samsung, un écran LCD comparable, n’est qu’un peu moins épais avec ses 6,2 cm.

Vous l’aurez compris, le XG95 n’est pas un canon de beauté. En tout cas, pas tant que le téléviseur est éteint. Ce n’est pas là sa raison d’être, ce qui est d’ailleurs très intéressant: le téléviseur est un équipement dont l’existence est systématiquement ignorée jusqu’à ce qu’on l’allume et qu’il monopolise l’attention de tous.

Le téléviseur offre suffisamment de connecteurs.

  • 4 ports HDMI 2.0, dont un avec eARC
  • 1 sortie pour Toslink
  • 3 ports USB 2.0
  • 1 port LAN
  • Google Chrome intégré

La télécommande aussi est nouvelle. Ce n’est plus une antiquité en plastique noir, mais une création en alu fraisé de toute beauté.

Full Array Local Dimming avec des faiblesses

Le XG95 fait vraiment bonne figure. Rien d’étonnant à cela, le rétroéclairage FALD et la technologie Triluminos sont des arguments convaincants.

Jusqu’ici, rien à redire.

Vous pouvez voir les auréoles au-dessus de la bande, là où les deux projecteurs diffusent une lumière vive à côté du T-Rex. En comparaison, j’ai retrouvé exactement la même scène, cette fois sur mon Blu-ray normal.

La démonstration imite un cas extrême et a pour but d’estimer le nombre de zones de dimming.

Le problème pourrait aussi s’expliquer par le fait que la zone de dimming dans l’image avec le T-rex soit plus grande en surface que les deux petits projecteurs. La bande noire serait donc partiellement éclairée alors qu’elle ne devrait pas l’être. Les cristaux liquides qui isolent les pixels de la lumière vive des projecteurs sont dépassés: l’auréole apparaît.

Quoi qu’il en soit, alors que l’on pourrait s’attendre à ce que le FALD soit l’atout majeur du XG95 en termes d’intensification du contraste, les auréoles qui apparaissent avec les supports HDR sont très désagréables. Moi qui suis cinéphile, je n’achèterais pas ce téléviseur.

Triluminos: la qualité des couleurs comme argument marketing

Rien de gênant du côté des couleurs, bien au contraire! Regardez par exemple cette scène entourée de nuages de cendres sombres où le rouge du brasier causé par l’éruption volcanique contraste avec le vert de la jungle. Au centre, le brachiosaure gris se cabre une dernière fois avant de disparaître. Un magnifique spectacle haut de gamme!

Chez Sony, ce procédé s’appelle Triluminos. Samsung et LG fonctionnent d’ailleurs exactement d’après le même principe. Chez Samsung, la technologie s’appelle simplement QLED – les nanoparticules sont appelées points quantiques, et chez LG, Nanocell TV.

X1 Ultimate: le processeur Sony le plus puissant… cette année

Sur n’importe quel téléviseur, le processeur est l’un des composants les plus importants, justement parce que les dalles de différents fabricants proviennent souvent de la même usine. Dans ce cas, il est clair que ce n’est pas toujours la dalle elle-même qui permet de se distinguer par rapport à la concurrence, mais la manière dont le processeur traite les informations d’images à partir des sources.

Par exemple lorsque le signal TV en définition Full HD doit être mis à l’échelle Ultra HD. Ou lorsqu’il s’agit d’atténuer du bruit d’image disgracieux, de lisser les bords ou d’intensifier les couleurs. Toutes ces tâches sont effectuées par le processeur. Il réalise ces processus d’optimisation d’image pour toutes les sources, y compris sur les supports Ultra HD HDR, mais à des degrés divers.

Le processeur X1 Ultimate intégré au XG95 n’est pas une nouveauté. Depuis l’année dernière, il équipe tous les téléviseurs Sony haut de gamme, ceux de la série Masters. C’est par exemple le cas du ZG9, le premier téléviseur 8K de Sony. Le X1 Ultimate semble effectivement avoir été développé dans le but de faire fonctionner sans soucis même le 8K très gourmand en ressources.

La nouveauté concernant le X1 Ultimate porte uniquement sur le fait que le processeur le plus puissant de Sony soit aussi mis en œuvre au-delà de la série Master, sur le XG95 en l’occurrence. Sur cet appareil, même les images TV HD en direct semblent provenir au moins d’un Blu-ray: les petites rides ou les pores sont perceptibles sur les visages et les dégradés sont uniformes. Aucun bruit d’image en vue et encore moins d’artéfacts inopportuns.

C’est en tout cas ce que j’ai constaté quand le «Dégradé lissé» est réglé sur «Faible» dans la rubrique «Pureté» des paramètres avancés. Ainsi, l’image ne présentera pas de dégradés visibles, même dans les scènes comme celle que vous voyez ci-dessous. Il s’agit d’un extrait d’«Interstellar» où des zones particulièrement claires et sombres sont directement les unes à côté des autres.

Il faut des émissions avec une définition d’au moins 720 p ou des Blu-ray avec 1080 p. Sinon, le résultat est vraiment décevant sur un écran de 195 centimètres de diagonale, peu importe la puissance du processeur.

Un son avec des défauts

Si vous voulez acheter un téléviseur haut de gamme sans prêter attention à la qualité du son, vous ne pouvez vous en prendre qu’à vous-même. La configuration de certains logements ne permet pas l’ajout d’une installation surround ou il se peut que vos voisins n’apprécient pas les basses.

Dans ce cas, Sony propose une solution intelligente pour un son tout à fait acceptable: deux enceintes de 10 watts sont positionnées en bas de l’écran. À cela s’ajoutent encore deux tweeters au dos du téléviseur. Ils se trouvent au niveau du tiers supérieur de l’appareil. Ainsi, le son ne semble pas venir d’en bas, mais plutôt du milieu de l’écran. C’est une technologie intéressante.

Eh oui, je critique le son de ce téléviseur qui manque de punch. Peut mieux faire.

Conclusion: un peu en deçà de ce que j’attendais

J’attendais beaucoup du XG95 et je n’ai pas été totalement satisfait. Ma déception porte notamment sur la technologie de rétroéclairage FALD que j’ai déjà complimentée sur le Q9FN de Samsung ou le ZG9 de Sony. Sur le XG95 en revanche, des auréoles gênantes apparaissent au niveau des objets clairs sur fond sombre avec les contenus HDR. C’est un défaut majeur à mes yeux. Le son aussi pourrait être plus puissant et mieux remplir la pièce.

À part cela, le XG95 se défend plutôt bien: la synergie entre le FALD et la technologie Triluminos offre de bonnes valeurs de noir et un rendu des couleurs équilibré avec une luminosité élevée. Le processeur X1 Ultimate s’avère très performant pour mettre à l’échelle les contenus qui ne sont pas Ultra HD HDR et assurer le fonctionnement fluide du système d’exploitation.

Dans l’ensemble, il s’agit d’un téléviseur LCD qui n’a pas à rougir de ses performances et dont le prix est nettement inférieur à celui de ses concurrents directs.

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J’écris sur la technologie comme si c’était du cinéma – et sur le cinéma comme s’il était réel. Entre bits et blockbusters, je cherche les histoires qui font vibrer, pas seulement celles qui font cliquer. Et oui – il m’arrive d’écouter les musiques de films un peu trop fort. 


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