Point de vue
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par Luca Fontana
Qu’est-ce qui fait de « La diplomate » la série politique contemporaine la plus intelligente ?
21/11/2025
Traduction : Sophie Boissonneau
Il a fallu attendre la sortie de la troisième saison pour que je découvre « La diplomate ». Comment ai-je pu ignorer cette série aussi longtemps ?
Ce n’est pas comme si je n’aimais pas les séries politiques. Jusqu’à sa sixième saison pour le moins « spéciale », House of Cards était synonyme de grand divertissement (même cette saison finale ne mérite pas sa mauvaise réputation). Borgen était sacrément intelligente, quant à The Crown, c’est un majestueux jeu de pouvoir bien plus politique qu’il n’y paraît.
Il semblerait donc que les séries politiques soient sorties de mon radar ou que j’ai arrêté de les chercher. Jusqu’à ma découverte de La diplomate, une série qui, dès les premières minutes, m’a rappelé ce que j’aimais tant dans le genre : elle est intelligente, rythmée et démontre que les jeux de pouvoir peuvent être plus passionnants quand personne ne dégaine une arme.
Une ambassadrice, un baril de poudre
La diplomate raconte l’histoire de Kate Wyler (Keri Russell), une diplomate expérimentée soudainement nommée ambassadrice des États-Unis à Londres, en pleine crise internationale. Entre jeux de pouvoir politiques, tapage médiatique et alliances en péril, elle doit littéralement sauver le monde du prochain cataclysme politique, mais ce n’est pas tout, son plus grand défi l’attend après le travail.
En effet, elle n’est pas venue seule et son mari Hal Wyler (Rufus Sewell), lui-même ex-ambassadeur brillant, mais manipulateur, a du mal à accepter que cette fois-ci, sa femme soit sous les feux de la rampe.
La série a donc une dynamique électrique, notamment grâce aux dialogues de la showrunner et scénariste Debora Cahn qui transforme les simples conversations du couple en véritables jeux de pouvoir. Tantôt partenaires, tantôt adversaires, tantôt amants... Et parfois un mélange de tout ça. C’est cette oscillation constante entre confiance et calcul froid qui rend leur relation si captivante. Je ne sais jamais s’ils se tirent mutuellement vers le haut ou s’ils se coulent l’un l’autre.
Keri Russell est clairement la pièce maîtresse de la série. Elle interprète Kate avec un mélange d’intelligence, d’usure et d’optimisme inébranlable. On devine qu’elle comprend mieux que quiconque comment fonctionne le pouvoir et à quel point il peut vous ronger. Son personnage est vulnérable, mais jamais faible. Elle se prend les pieds dans le tapis, doute, se bat et c’est précisément ce qui la rend si réelle et humaine.
Source : Netflix
Quant à Rufus Sewell, il donne à Hal la dose parfaite de charme et de poison pour transformer chaque scène en véritable danse du diable. Un homme si séduisant, charmant et intelligent qu’on lui fait aveuglément confiance pour le regretter aussitôt. Ou pas... À moins que... À vous de le découvrir.
L’art de la langue de bois
Ce qui m’a le plus frappé, c’est la manière dont La diplomate dépeint la diplomatie, pas toujours comme un jeu de société élégant et ennuyeux, mais comme un monde plein d’arrière-salles, d’appels nocturnes et de crises à désamorcer en secret avant même que le public ne soit au courant.
Dans ce monde, les accords décisifs concernant l’avenir de nations entières ne sont pas conclus lors de réunions officielles, mais dans la pénombre d’un couloir, dans un bureau discret ou avant même de passer la porte. Et les informations les plus importantes ne sont souvent même pas directement abordées, mais soufflées entre les lignes si subtilement qu’il m’arrive de les manquer lorsque je n’écoute pas attentivement.
Source : Netflix
C’est ce qui rend la série si exigeante. La diplomate nous demande patience, attention et réflexion. Il ne s’agit pas d’une série que l’on peut laisser tourner en fond alors que l’on fait autre chose. Elle veut que nous écoutions, que nous réfléchissions, que nous comprenions les non-dits et que nous percevions ces petits glissements de pouvoir silencieux qui, dans la vraie vie politique, sont souvent plus décisifs que n’importe quel discours public.
La politique serait comme une partie d’échecs dont les coups sont joués à toute vitesse.
C’est peut-être pour cela que La diplomate me rappelle tant une époque où les séries nous mettaient vraiment au défi et exigeaient de nous patience, attention et passion. Dans La diplomate, tout ne vous tombera pas tout cuit dans le bec, la série tient son public en estime et attend de lui qu’il retienne de nombreux noms, lieux et histoires qui s’entremêlent pour former un tout.
Mieux vaut tard que jamais
Je me suis donc laissé envouter par ce monde plein d’intrigues et de messages cachés. Il est vrai que c’est un peu tard, la troisième saison vient de sortir et une quatrième est déjà confirmée (en anglais), mais si vous n’avez pas encore commencé la série, c’est le bon moment.
La diplomate n’est pas juste une bonne série de plus, c’est la preuve qu’il existe encore des programmes qui ne sont pas prémâchés. Je regrette certes de ne pas l’avoir découverte plus tôt pour vous en parler, mais parfois, cela vaut le coup d’arriver un peu plus tard pour rester plus longtemps.
Pensez-vous que les séries politiques signent un retour en force ou que « La diplomate » est une exception ? J’attends vos commentaires avec impatience.
Photo d’en-tête : Netflix
Luca Fontana
Senior Editor
Luca.Fontana@digitecgalaxus.chJ’écris sur la technologie comme si c’était du cinéma – et sur le cinéma comme s’il était réel. Entre bits et blockbusters, je cherche les histoires qui font vibrer, pas seulement celles qui font cliquer. Et oui – il m’arrive d’écouter les musiques de films un peu trop fort.
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