En coulisse

Pumpheads : pour recycler vos bouteilles vides en distributeurs de savon

Pia Seidel
6/12/2023

La marque « Pumphead » propose des bouchons à pompe qui vous permettent de recycler intelligemment vos bouteilles en verre. J’ai rencontré le fondateur de Pumphead, David Brönnimann, pour en savoir plus.

Simplicité, recyclabilité, créativité : telles sont, à mon avis, les valeurs que David Brönnimann transmet à travers sa marque. Ce jeune Bernois (il n’a que 31 ans) considère l’upcycling comme la meilleure manière de prolonger la durée de vie des objets qui nous entourent. Il a donc créé la marque Pumphead et inventé des bouchons à pompe permettant d’utiliser des bouteilles vides en distributeurs de savon, de gel douche ou de gel désinfectant. Je l’ai rencontré dans les ateliers de Nimoulda SA à Täuffelen, près de Berne. C’est là que les joints d’étanchéité, c’est-à-dire l’élément clé du mécanisme, sont fabriqués.

Tout a commencé par une jolie bouteille vide

En 2019, le jeune entrepreneur a lancé une marque de spiritueux artisanaux baptisée Lewa spirits GmbH. « J’ai toujours voulu me mettre à mon compte, mais pas dans le métier que j’ai appris, celui de masseur médical », explique David. C’est à l’époque où il envisageait une reconversion professionnelle, en été 2019, qu’il a concocté sa liqueur de gingembre dans la cuisine de sa colocation. Son idée était d’emporter sa bouteille au festival du Gurten, sur les hauteurs de Berne, et de la boire avec des amis. Les réactions ont été tellement positives que David a décidé de poursuivre sur cette voie. « À la fin du festival, mes colocataires ont perdu leur fascination pour cette liqueur. Mais moi, j’étais accro. J’ai eu envie d’affiner la recette, de concevoir une bouteille originale et de proposer ma liqueur à un public plus large. »

Le créateur de Pumphead, David Brönnimann, donne une seconde vie à des bouteilles vides.
Le créateur de Pumphead, David Brönnimann, donne une seconde vie à des bouteilles vides.
Source : Pia Seidel
Le système Pumphead se compose d’une tête, d’un tube et d’un embout.
Le système Pumphead se compose d’une tête, d’un tube et d’un embout.
Source : Pia Seidel

Si David n’avait pas créé une aussi jolie bouteille pour sa liqueur, sa seconde idée commerciale n’aurait jamais vu le jour. Il a créé l’entreprise Pumphead en suivant les conseils de ses proches. « J’ai prêté attention à ce que mes copains et ma famille me disaient à propos de ma liqueur. Ils m’ont souvent raconté qu’ils trouvaient dommage de jeter ces belles bouteilles. Cependant, pour des raisons d’hygiène, je ne pouvais pas les reremplir. C’est là que j’ai pensé à l’upcyclage. » Les proches de David appréciaient tout particulièrement le logo imprimé sur la bouteille. Il est inspiré de l’ours bernois et réalisé

Cette superbe bouteille a inspiré la création de l’entreprise Pumphead.
Cette superbe bouteille a inspiré la création de l’entreprise Pumphead.
Source : Pia Seidel

La création du bouchon

Le jeune entrepreneur cherchait un moyen de prolonger la vie des bouteilles vides, mais la solution devait être plus originale qu’une utilisation sous forme de base ou de bougeoir. C’est ainsi qu’il a eu l’idée d’inventer un bouchon qui transformerait chaque bouteille en un distributeur de savon aussi fonctionnel qu’esthétique. « À l’époque, nous étions en pleine pandémie. Ce n’était pas le meilleur moment pour créer une entreprise, mais j’étais sûr que cette idée avait du potentiel. Peu après, j’ai participé à l’émission télévisée 'Höhle der Löwen Schweiz’. C’est l’une de mes clientes qui m’y avait inscrit ! J’ai convaincu le jury. Et j’ai pu continuer. »

Comme souvent, le diable se cachait dans les détails. C’est pourquoi il a fallu attendre quelque temps avant que le produit puisse être lancé. En effet, pour qu’un embout Pumphead puisse s’adapter à toutes les bouteilles, il fallait d’abord créer un joint d’étanchéité adéquat. David l’a développé en collaboration avec l’entreprise Nimoulda, qui connaît bien les défis posés par les petites pièces. « Les lamelles du premier prototype étaient trop courtes. Le bouchon n’était pas étanche », explique Patrick Strazzer, le directeur, en nous montrant la machine de moulage par injection qui expulse des joints les uns après les autres. « C’est pourquoi nous avons lancé un deuxième essai afin de pouvoir répondre aux attentes de David. »

Comme le premier moule d’injection était inutilisable, Patrick et son équipe ont dû en fabriquer un nouveau. Pour ce faire, plusieurs étapes sont nécessaires, dont certaines sont réalisées à la main. L’électricité générée par Nimoulda grâce aux panneaux solaires installés sur le toit est une aide précieuse chaque fois que le processus ne s’opère pas par des mains humaines. Les perceuses mécaniques capables d’obtenir des perforations minuscules sont alimentées par cette électricité verte. L’énergie utilisée tout au long du processus est récupérée pour chauffer l’atelier.

Le joint d’étanchéité a été créé en collaboration avec Patrick Strazzer et l’équipe Nimoulda.
Le joint d’étanchéité a été créé en collaboration avec Patrick Strazzer et l’équipe Nimoulda.
Source : Pia Seidel
Il a été fabriqué à l’aide d’un moule d’injection en métal.
Il a été fabriqué à l’aide d’un moule d’injection en métal.
Source : Pia Seidel
Quand l’énergie humaine ne suffit pas, des machines viennent à la rescousse.
Quand l’énergie humaine ne suffit pas, des machines viennent à la rescousse.
Source : Pia Seidel

Le second essai a retardé le lancement du produit et en a fait grimper les coûts de développement. J’ai demandé à David comment il avait financé tout cela. Il m’a expliqué qu’il avait sacrifié ses économies ainsi que les bénéfices engendrés par sa première entreprise. Peu après, ces efforts se sont révélés payants : le nouveau prototype convenait à toutes les bouteilles dotées d’un filetage.

Un upcycling polyvalent

Certaines bouteilles de spiritueux (gin Hendrick’s, par exemple), ont une embouchure en liège. Elles requièrent un raccord supplémentaire. Les bouchons Pumphead sont fabriqués en acier inoxydable 304 et disponibles en trois variantes (doré, noir, cuivré), ce qui permet de les accorder à la couleur de la bouteille. Les personnes qui souhaitent utiliser encore moins de plastique peuvent prendre du savon en poudre à mélanger avec de l’eau. De cette manière, on économise un flacon en plastique.

Petit mais efficace : ce joint s’adapte à 99 pour cent des bouteilles. C’est la pièce maîtresse du système.
Petit mais efficace : ce joint s’adapte à 99 pour cent des bouteilles. C’est la pièce maîtresse du système.
Source : Pia Seidel

David aborde la question de la durabilité avec prudence : « Je préfère le mot upcycling. Je ne pense pas que ce produit soit durable par définition. » Malgré tout, le jeune entrepreneur sait que les bouchons Pumphead ne sont pas des produits que l’on rachète continuellement. On n’en a pas besoin de plus de deux ou trois chez soi. David ne compte pas trop sur des ventes répétées aux mêmes clients. C’est pourquoi il prévoit une expansion à l’étranger. Son message ? « Pumphead prouve que moyennant un simple accessoire, un objet que vous avez déjà payé peut être utilisé plus longtemps que ce que l’on pense généralement, surtout quand son design est esthétique. »

On se sert souvent des bouteilles vides comme vases ou comme bougeoirs. Avec Pumpheads, l’upcycling va plus loin.
On se sert souvent des bouteilles vides comme vases ou comme bougeoirs. Avec Pumpheads, l’upcycling va plus loin.
Source : Pia Seidel

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Comme une pom-pom girl, je soutiens le bon design et vous fais découvrir tout ce qui a trait aux meubles et à l’aménagement intérieur. Régulièrement, je vous présente des astuces d’intérieur simples mais raffinées, je parle des tendances et j’interviewe des esprits créatifs sur leur travail. 


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