Pour l’amour du ciel, ne m’offrez pas de pingouins
15/12/2025
Traduction : Rose-Hélène Moquet
Un jour, j’ai évoqué mon appréciation pour les pingouins. Je me suis alors très vite retrouvé entouré de cadeaux à l’effigie de cet étrange oiseau et suis devenu collectionneur malgré moi.
Ma période pingouin, que je n’avais absolument pas voulue, doit bien remonter à une vingtaine d’années, car La Marche de l’empereur est sorti en 2005. Je me souviens avoir apprécié le film et ses animaux cocasses.
J’ai peut-être ri un peu trop fort d’un oiseau pataud en queue-de-pie et pris quelques photos floues d’animaux en liberté. Il n’en a pas fallu plus : j’étais déjà en route pour devenir un fana de pingouin à qui l’on peut offrir sans hésiter tout ce qui ressemble à cet animal polaire.
Source : Michael Restin
J’ai accepté mon premier calendrier sans broncher. Il allait de toute façon finir à la poubelle au bout d’un an, toujours bloqué à la page de mars. Le cadeau suivant était un livre, me semble-t-il.
Quoiqu’il en soit, ce fut le pingouin de trop.
C’est à ce moment-là que j’aurais dû dire « merci, ça ira maintenant ». Les pingouins en liberté, oui, mais pas sur mon mur ni sur mon bureau. Je risquais de finir avec une souris pingouin, une tasse pingouin et une bouteille pingouin.
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Toi tu aimes bien...
On a tous connu ça étant enfant. Ceux qui aiment dessiner sont submergés de crayons, de blocs de papier et de livres de coloriage. Ceux qui aiment le bleu finissent par ne plus retrouver leurs vêtements bleus sur leur housse de couette bleue. Et ceux qui aiment les licornes se retrouvent avec une chambre à l’effigie de l’animal.
Contrairement aux adultes, les enfants peuvent se réinventer tous les trois mois si ça leur chante. Personne ne leur en voudra si tous ces cadeaux finissent à la poubelle et remplacés par une nouvelle lubie. Ce n’est pas la même chose lorsque l’on tombe dans le piège du cadeau monothématique une fois adulte.
Savoir dire stop avant qu’il ne soit trop tard
Entre adultes, c’est plus compliqué, car on possède souvent tous déjà ce que l’on veut. Offrir à l’amateur de café son septième tamper ou à la fana de chats un énième jouet pour animaux n’est jamais très agréable.
C’est pourquoi la catégorie « cadeaux farfelus » autour d’un intérêt supposé est souvent très populaire auprès de celles et ceux qui souhaitent faire un cadeau plus personnel. Vous avez passé un peu trop de temps devant un enclos au zoo en souriant d’un air rêveur ? Attendez-vous à bientôt crouler sous les produits pingouin ou perroquet.
Difficile d’en vouloir à ceux qui se cassent la tête et qui ne se contentent pas d’une boîte de chocolat, d’une bouteille de vin ou d’un bouquet de fleurs. Mais il n’est pas évident d’apprécier le geste à sa juste valeur tout en évitant que l’idée sympathique ne se transforme en tendance. Une réaction trop joyeuse ? Vous risquez de donner des idées pour de futures occasions. Trop énervée ? Voilà qui serait bien ingrat.
Quand collectionner devient un acte de charité
À mon avis, si certaines personnes se retrouvent avec un appartement rempli d’objets de décoration en rapport avec les animaux, c’est parce qu’elles n’ont pas su dire stop et ont fini par accepter leur sort. Leurs proches n’ont plus besoin de réfléchir quand il s’agit de leur trouver un cadeau, ce qui est bien pratique. Les cadeaux se transforment en une collection qui est désormais indissociable de la personne : « tu sais, il adore les pingouins ». Pourtant, la collection d’objets n’est appréciable que si elle devient un vrai hobby.
Au fil des années, l’idée d’avouer vouloir me débarrasser de tous ces objets pingouins s’est faite de plus en plus difficile. Aujourd’hui, je l’affirme : merci pour tout, mais les pingouins ne sont vraiment pas mon truc. Ma vie de collectionneur n’aura été qu’un malentendu.
J’aurais pu choisir de les garder et de les considérer comme de petites preuves que d’autres personnes ont pensé à moi. Ça aurait d’ailleurs été bien plus sympathique, mais je ne peux pas faire preuve d’autant d’altruisme.
La fin de la Marche
Me faire un cadeau n’est pas toujours facile. Je ne collectionne pas les cravates et je n’ai pas de hobbies particuliers. J’ai d’ailleurs du mal à me trouver des choses pour moi. Mais je sais ce que je ne veux pas. C’est pourquoi j’ai mis un terme à ma carrière de collectionneur de pingouins avant même qu’elle ne commence.
Cela ne veut pas dire que je n’aime plus ces animaux. Avec leur smoking rigolo, leur manière maladroite de se déplacer et leurs bébés duveteux, difficile d’y rester insensible. Si les pingouins n’existaient pas, il faudrait que Pixar les invente. Je m’accommode d’ailleurs très bien de la présence de cartes ou porte-clés à l’effigie de ces habitants polaires sur lesquels je tombe encore de temps en temps. Mais ça s’arrête là. Désolé, chers amis, parents et pingouins.
Source : Michael Restin
Photo d’en-tête : Shutterstock/Korotkovvvv
Michael Restin
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Michael.Restin@digitecgalaxus.chÉcrivain amateur et père de deux enfants, j’aime être en mouvement et avancer en équilibre sur le chemin sinueux de la vie de famille. Je jongle avec plusieurs balles et il m’arrive parfois d’en faire tomber une. Il peut s’agir d’une balle, ou d’une remarque. Ou des deux.
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