Critique

Les Éternels : le film Marvel le plus ennuyeux de tous les temps

Luca Fontana
4/11/2021
Traduction : Anne-Salomé Evéquoz

Ce film de la réalisatrice oscarisée Chloe Zhao aurait pu devenir l’événement cinématographique de l’année pour Marvel. Malheureusement, ça ne l’est pas. « Les Éternels » est une expérience nulle et ratée.

Avant toute chose, cette critique de film ne contient aucun spoiler. Vous n’y trouverez que des informations déjà présentes dans la bande-annonce.


En effet, le chef de Marvel et la tête pensante de MCU Kevin Feige ne rate pas l’occasion de faire un gros coup de pub avec sa réalisatrice nouvellement oscarisée. Des mots tels que « spectaculaire » se font entendre. En plaisantant, il annonce même l’Oscar pour Les Éternels.

Les attentes sont aussi immenses que la déception qui suit. Non pas parce que le film ne s’est pas révélé un chef-d’œuvre susceptible de gagner un Oscar, pire :

parce que film Les Éternels est tout simplement ennuyeux.

De quoi ça parle ?

Avant les six singularités, les pierres d’Infinité, l’univers était sombre et vide. Vinrent ensuite les Célestes divins menés par Arishem. Du rien, ils créèrent l’énergie et la matière, les étoiles et les planètes, les systèmes solaires et les galaxies, et la vie elle-même.

Les Célestes étaient fiers de leur œuvre, jusqu’à ce qu’apparaissent les Déviants menaçant de détruire leur création. Les Célestes ont donc donné vie à de nouvelles créatures : les Éternels. Dotés d’un pouvoir incroyable, ces êtres ont été envoyés dans les quatre coins de l’univers pour mettre fin à la menace.

Le temps est donc venu pour les Éternels de sortir de l’ombre.

Essayer d’être différent

En bref, le film popcorn parfait.

Dans le film primé aux oscars Nomadland, la réalisatrice accompagne l’actrice Frances McDormand à travers les prairies du Nebraska dans son road movie de semi-fiction. L’histoire dresse le portrait intime d’une femme qui tente de vivre une vie de nomade moderne en dehors des coutumes conventionnelles et de la société occidentale. Kevin Feige, et il le répète souvent, aime ce regard intime que Chloe Zhao porte sur les choses.

On retrouve dans Les Éternels le style naturaliste de la réalisatrice, qui a rendu Nomadland digne d’une salle de cinéma. Cela éloigne le film de la grandiloquence habituelle des autres films de Marvel visuellement époustouflants.

Seulement... Le naturalisme de Zhao se révèle être un mauvais choix pour le projet de film Les Éternels.

Lorsque Kevin Feige a présenté le premier matériel de démonstration du travail de caméra de Zhao aux patrons de Disney, il aurait déclaré : « Cela vient directement de la caméra, il n’y a aucun travail d’effets visuels. » On raconte que sur cette séquence apparaît une plage, un magnifique coucher de soleil, des vagues parfaites, du brouillard et de l’écume embrassant les falaises majestueuses.

Vous souvenez-vous de la scène « open your eyes » dans Dr. Strange ? C’est du Jack Kirby tout craché, tout comme les Éternels dans les bandes dessinées.

Cela dit, ce n’est de loin pas le seul problème.

Une histoire fade qui n’avance pas

Venons-en à l’histoire. Si Les Éternels était juste visuellement dénué de couleurs, ça irait encore. Cela dit, quand l’histoire que Chloe Zhao a coécrite est tout aussi nulle, le film fonce droit dans le mur.

« Hé, M. ou Mme Éternel, il y a une nouvelle menace. Nous devons de nouveau nous rassembler. Venez avec nous ! »

« Oh, mince, d’accord. »

Changement de scène. Prochain lieu désolé, prochain Éternel. Bref.

Pour trois ou quatre personnages, cette manière de les introduire ne pose pas de problème. Cela dit, au plus tard au septième, huitième ou neuvième personnage, on commence à se lasser et à regarder l’heure. Deux heures se sont écoulées et l’histoire n’a quasiment pas progressé depuis le début du film. Il ne s’agit pas du suspens à la Dune de Denis Villeneuve.

C’est nul.

Ensuite, c’est la fin. Sans spoiler, après deux heures et 37 minutes, je me rends compte que pour un film si long sur des créatures cosmiques et divines, étonnamment peu de choses se sont passées.

La lueur d’espoir dans l’obscurité

Il existe toutefois quelques lueurs d’espoir qui fonctionnent dans Les Éternels : lorsqu’il y a une pause dans le roadtrip interminable et que le scénario de Zhao raconte dans des flash-backs – trop courts et trop peu nombreux – ce que les Éternels ont fait et vécu durant les 7000 ans passés sur terre.

Peut-être qu’il s’agit là du film que j’aurais voulu voir.

Dans ces flash-backs, les Éternels sont ensemble et les dynamiques et les motifs sont palpables. Des conflits font surface et le plan divin des Célestes est remis en question. Est-ce moralement juste de laisser les humains se débrouiller dans leurs conflits souvent autodestructeurs alors que les Éternels pourraient les résoudre d’un mouvement de la main et ramener l’harmonie ?

Des clans se créent entre ceux qui ont juré obéissance aux Célestes et ceux qui exigent l’obéissance des autres Éternels. C’est génial et c’est raconté de manière beaucoup plus colorée que le roadtrip dans son ensemble. Dans ces moments-là, je sens un film. Une intrigue se prépare et je suis même un peu ému. Zhao, tu en étais donc capable...

Et là, grosse déception, le roadtrip continue. Passons aux rabat-joie qui rejoignent le groupe, mais qui ne savent pas s’ils interviendront vraiment ou pas. Les Éternels se retiennent non seulement eux-mêmes, mais aussi l’intrigue. Et ce, encore et encore.

Bilan : une énorme déception

Le film Les Éternels a plusieurs problèmes. Tout d’abord, le manque d’atmosphère. Les naturalistes seront ravis du style de la réalisatrice, et ce, probablement à juste tire. En revanche, moi, en tant que fan de Marvel, je m’attends à un peu plus de fidélité par rapport à l’original dans un film Marvel. Les Éternels n’est pas un film à la Nomadland.

Aux images ennuyeuses s’ajoute encore l’histoire ennuyeuse, car elle se répète et n’accélère jamais. Et comme si cela ne suffisait pas, dix nouveaux personnages principaux sont ajoutés, en plus des personnages secondaires, que je ne comprends pas vraiment en tant que spectateur jusqu’à la fin. Qui m’est le plus sympathique ? Quel personnage est-ce que je n’aime pas ? Qui me laisse indifférent ?

Ce qu’il reste est un film qui tombe à plat. Dommage. Précisément maintenant où les séries Marvel comme WandaVision ou Loki ouvrent la porte pour des mindfucks multiversels, Les Éternels se dirige vers cette porte ouverte et fait exactement ce que les personnages du film font la plupart du temps : rien.


« Les Éternels » est disponible dans les salles de cinéma à partir du 4 novembre. Durée du film : 157 minutes.

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J’écris sur la technologie comme si c’était du cinéma – et sur le cinéma comme s’il était réel. Entre bits et blockbusters, je cherche les histoires qui font vibrer, pas seulement celles qui font cliquer. Et oui – il m’arrive d’écouter les musiques de films un peu trop fort. 


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