
Le plus grand réacteur expérimental du monde mis en service au Japon
La fusion nucléaire consiste à faire fusionner les noyaux atomiques au lieu de les fendre. Le réacteur expérimental JT-60SA, fruit d'une coopération entre le Japon et l'Europe, vient d'être inauguré au Japon.
Au Japon, le plus grand réacteur expérimental de fusion nucléaire au monde a été officiellement inauguré début décembre 2023. Située à Naka, au nord de Tokyo, l'installation JT-60SA est un projet de coopération nippo-européen, fruit de la collaboration de plus de 500 spécialistes de la recherche et de l'ingénierie et de plus de 70 entreprises. Le projet va "rapprocher l'humanité de l'énergie de fusion", a déclaré le directeur adjoint du projet, Sam Davis, lors de la cérémonie de mise en service, selon l'AFP. L'objectif du réacteur JT-60SA est d'explorer la faisabilité de la fusion en tant que source d'énergie nette sûre, à grande échelle et sans carbone.
La fusion nucléaire est considérée comme une source d'énergie pratiquement inépuisable, sans émissions, sans risque d'incidents catastrophiques et sans nécessité de stockage définitif de déchets radioactifs à longue durée de vie. L'idée de reproduire sur Terre ce que le Soleil fait depuis cinq milliards d'années stimule la recherche depuis les années 1950 déjà. La fusion nucléaire diffère de la fission en ce sens que deux noyaux atomiques sont fusionnés au lieu de diviser un noyau en deux. Au cœur des étoiles, comme notre soleil, les noyaux atomiques d'hydrogène fusionnent pour former des noyaux d'hélium, ce qui libère une quantité considérable d'énergie. Toutes les tentatives terrestres sont cependant loin d'avoir permis de produire efficacement de l'énergie selon ce principe.
La commissaire européenne à l'énergie, Kadri Simson, a déclaré, selon l'AFP, que d'ici le début de l'exploitation du réacteur d'essai international ITER, en cours de construction à Cadarache, dans le sud de la France, l'installation japonaise serait la plus grande et la plus "avancée" au monde, de type tokamak. Le réacteur est constitué d'une cuve en forme de beignet, le tokamak, dans laquelle un plasma d'hydrogène est chauffé à 200 millions de degrés Celsius.
La technologie doit encore surmonter de nombreux obstacles
Pour l'instant, seule une installation a réussi à produire plus d'énergie que celle nécessaire à l'allumage du plasma. En décembre dernier, la National Ignition Facility (NIF) de Livermore, en Californie, avait annoncé un "gain net d'énergie" lors d'essais. L'installation américaine utilise toutefois une technologie différente de celle du nouveau réacteur japonais et d'ITER - la "fusion inertielle". Là, près de 200 lasers sont utilisés pour transférer de l'énergie à un cylindre d'or de la taille d'un pois contenant une pastille congelée des isotopes de l'hydrogène deutérium et tritium. Cependant, la fusion nucléaire n'a pu être maintenue que pendant une fraction de seconde - il faudrait plutôt des heures pour produire de l'électricité.
Même si les critiques disent que les attentes sont surestimées et que les écologistes qualifient la fusion nucléaire d'inefficace, de laborieuse et de coûteuse, les gouvernements et les investisseurs du monde entier consacrent beaucoup d'argent à la recherche sur cette technologie. Un nombre croissant de start-ups a levé des investissements privés se chiffrant parfois en milliards. Des politiciens allemands et la ministre de la recherche Bettina Stark-Watzinger ont également promis des fonds supplémentaires pour la recherche sur la fusion ces derniers mois.
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Photo de couverture : © dpa / picture alliance (extrait) Vue de la cuve du tokamak du réacteur expérimental de fusion nucléaire JT-60SA à Naka, au nord de Tokyo
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