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Les polices européennes réclament l’abolition des communications chiffrées. Qu’est-ce qui se cache là derrière ?

Florian Bodoky
6/6/2024
Traduction : Stéphanie Klebetsanis

Un député européen a récemment publié des documents sur les activités du groupe d’experts de l’UE Going Dark. Celles-ci concernent, entre autres, la surveillance des applis de chat. D’après ces informations, certaines autorités de police veulent lire leurs contenus – en temps réel, de préférence.

En clair, ils tentent de résoudre le « problème du chiffrement » et de trouver des moyens pour que les autorités de police de l’UE accèdent facilement aux contenus cryptés. Ils se concentrent principalement sur les applis de messagerie.

La Belgique veut lire les contenus en direct

La demande de l’unité technique (NTSU) de la Police Fédérale belge (NTSU) n’est pas passée inaperçue, car elle insiste sur le fait qu’il s’agit avant tout de surveiller en temps réel les données gérées par des plateformes dites Over the Top (OTT). Les OTT sont des contenus proposés via une connexion Internet sans que le fournisseur ait accès au contenu, comme les applis WhatsApp ou Signal.

Or la NTSU estime que les entreprises des TIC doivent rendre ce contenu accessible. Si les entreprises concernées ont un siège dans l’UE, elles pourraient se voir contraintes à coopérer. Les autorités de police veulent recevoir des données directement, en temps réel et « dans un format compréhensible » lorsqu’elles en font la requête. L’initiative concerne uniquement les données de communication futures.

Pas de subterfuges ni de concurrence entre les techniques d’interception

Cette mesure est qualifiée de « front-door ». Cela signifie que les autorités pourraient obtenir les données dont elles ont besoin sans passer par des moyens auxiliaires. Les « chevaux de Troie de l’État » et autres « outils de piratage » seraient de toute façon peu fiables, inefficaces et coûteux. D’après la NTSU, elle faciliterait aussi énormément la coopération entre les différents pays.

La NTSU ne précise pas comment les fournisseurs obtiendraient lesdites données. Après tout, les services de messagerie n’ont pas accès aux messages en clair, puisqu’ils sont soumis au principe du chiffrement de bout en bout : ils sont cryptés du côté de l’expéditeur et décryptés uniquement du côté du destinataire.

Une surveillance dite « light » qui ne fait pas l’unanimité

Un autre rapport sera probablement publié après le 13 juin, date à laquelle les ministres de la Justice et de l’Intérieur des États membres de l’UE discuteront du projet de loi actuel (en anglais).

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