Tim Trzaskalik

Dans un style qui rappelle parfois les fables ou les contes, avec leurs rois, princesses et monstres, Mayotte Bollack raconte les dix-neuf pièces d'Euripide qui nous ont été transmises. La voix narrative remplace la forme dramatique, reflétant l'auteur silencieux qui s'est retiré derrière ses personnages. « Il était une fois à Thèbes, en Grèce, une jeune fille d'une grande beauté, la fille du roi Cadmos. » Ainsi commencent « Les Bacchantes ». La paraphrase n'a rien de pédant, car elle ne simplifie pas les constructions dramatiques d'Euripide, mais cherche au contraire à tout dire, à ne rien sacrifier de la richesse de sens des originaux. C'est comme une traduction de deuxième degré, où la dramaturgie devient narration. Dans ce processus, l'engagement politique et intellectuel d'Euripide, son invention débridée, sa liberté sans précédent dans le traitement des formes dramatiques ainsi que la coexistence du tragique et du comique sont au premier plan pour Mayotte Bollack, qui fait éclore dans son langage toute la tension du conflit entre tragédie et comédie. La guerre de Troie pour « la plus belle femme du monde ». Si ce n'était pas si tragique, ce serait comique : « Tous les hommes grecs se sentaient blessés dans leur honneur masculin et considéraient ce vol comme une offense : un barbare les unissait en les ayant tous cocufiés. ».