

Je dis non merci au « Black Friday Giganotosaurus »

Le fabricant de figurines Schleich propose, pour le Black Friday, un exemplaire spécial du giganotosaure. Et il est totalement inutile. Je souhaite à cette série de collections qu’elle disparaisse à coup de météorites.
Rares sont les enfants qui atteignent l’âge adulte sans n’avoir jamais tenu une figurine Schleich entre leurs mains. Avec ses figurines en plastique, l’entreprise de Schwäbisch Gmünd a réussi à se faire une place dans pratiquement tous les magasins de jouets et dans de nombreux supermarchés. Un hippopotame réaliste ou un set d’animaux de la ferme sont des objets que les grands-parents achètent volontiers pour faire plaisir à leurs petits-enfants. Les produits Schleich sont également très appréciés comme cadeaux à rapporter du zoo. Il n’y a pas de raison de ne pas ramener chez soi une version moulée par injection du suricate mignon qui s’est montré aux visiteur·euses.
Schleich a une bonne réputation : ses animaux sont développés en collaboration avec des biologistes et des experts en animaux, afin qu’ils se rapprochent le plus possible de l’original. Mais quelle mouche a piqué l’équipe de design de produit pour celui-là ?

Bien entendu, le giganotosaure a existé. Ses os ont été retrouvés et le carnivore rôdait il y a environ 100 millions d’années, là où se trouve aujourd’hui l’Argentine. Mais je sais une chose : ce dinosaure n’était pas noir, et il n’est certainement pas allé chez le tatoueur pour se faire tatouer ce motif rouge sur le dos.

Source : Martin Jungfer
Le produit ne suit clairement pas l’« ADN produit » Schleich :
Nos figurines ont des formes, des tailles et des couleurs infinies. Qu’elles aient deux ou quatre jambes, ou pas de jambes du tout, elles ont un point commun : chaque jouet de notre collection est authentique, soigneusement réalisé et de haute qualité.
Le giganotosaure est tout au plus aussi authentique que les 70 % de réduction annoncés par certains commerçants lors du Black Friday. Pour ce dinosaure, l’équipe du design de produit a manifestement perdu une bataille contre l’équipe marketing. Pour profiter de l’engouement du Black Friday, il fallait un dinosaure spécial. Et après plusieurs séances de brainstorming et de collaboration créative, il était né : le giganotosaure du Black Friday. Au lieu de s’attarder sur la couleur réelle du théropode, il est devenu noir. Que le soleil du Crétacé l’aurait transformé en sauna mobile sur deux pattes ou que son camouflage aurait été à peu près aussi efficace que celui d’une nouvelle voiture découverte sur l’autoroute ; il n’aurait servi à rien.
Pour stimuler les ventes, le giganotosaure a aussi été déclaré « figurine de collection » et n’est, bien entendu, disponible qu’en édition limitée. Psst, personne ne doit savoir que le nombre de pièces est tellement grand qu’il y aura de toute façon assez d’exemplaires.
Un texte marketing percutant devrait faire l’affaire. Et voilà !
Attention ! On comprend rapidement que l’énorme Giganotosaure n’est pas là pour plaisanter. Sa grosse tête donne l’impression de n’avoir que des dents. Et il n’hésite pas à montrer ses dangereux crocs pointus. Lorsqu’il ouvre sa puissante mâchoire et rugit, on l’entend de loin. Il est certainement à la recherche d’une proie à terrifier.
Il s’agit clairement d’une occasion manquée. Si cette chose porte le nom de « Black Friday », pourquoi cette monstruosité ne chasse-t-elle pas les bonnes affaires ? Pourquoi n’utilise-t-elle pas sa vitesse comme une arme pour profiter des grosses réductions avant tous les autres lézards préhistoriques ? (Chère entreprise Schleich, si de telles formulations vous intéressent, contactez-moi ; mes talents de rédacteur publicitaire sont à vendre.)

Source : Martin Jungfer
Mais je n’ai pas besoin de stimuler les affaires de Schleich. La série de collections des dinosaures Black Friday n’a pas l’air de faire un tabac. Le T-Rex en édition limitée de l’année dernière ne s’est visiblement pas beaucoup vendu non plus. Sinon, pourquoi rôderait-il encore sur le site de la boutique Schleich ? Même dans notre boutique, il espère encore trouver un acheteur ou une acheteuse avant de se fossiliser dans une quelconque boîte de l’entrepôt logistique.
Je n’ai pu sauver qu’un seul dinosaure du Black Friday pour cet article : le spécimen que vous voyez ici sur les photos. Mais je ne veux pas le garder. C’est pourquoi il pourrait bientôt vous appartenir : dites-moi dans les commentaires pourquoi vous avez absolument besoin du giganotosaure. Je choisirais la meilleure réponse. Ensuite je l’emballerai dans un carton, le mettrai à la poste et lui dirai « à jamais ! ».
Photo d’en-tête : Martin Jungfer

Je suis journaliste depuis 1997. Stationné en Franconie, au bord du lac de Constance, à Obwald, Nidwald et Zurich. Père de famille depuis 2014. Expert en organisation rédactionnelle et motivation. Les thèmes abordés ? La durabilité, les outils de télétravail, les belles choses pour la maison, les jouets créatifs et les articles de sport.