En coulisse

Andi be free Concert1 : le premier casque audio d’une start-up suisse honnête

Livia Gamper
3/3/2023
Traduction : Martin Grande

Les casques audio suisses sont rares. Une start-up du canton de Schwytz tente son coup. Entretien avec le co-directeur et aperçu du Concert1.

Jonas Wohler, co-directeur de Andi be free, annonce que le public cible du Concert1 sont surtout les gens qui prennent les transports en commun au quotidien. La navette, sport national suisse, est pratiquée par une grande partie de la population. C’est la raison pour laquelle l’équipe de Jonas a doté le Concert1 d’une grosse batterie. Elle y est parvenue en un peu plus d’un an de développement.

La tech nécessaire pour un usage quotidien

L’entreprise du canton de Schwytz bénéficie d’une grande expertise en matière de chargement sans fil. Pour ce nouveau projet, l’équipe d’Andi be free a acquis les compétences nécessaires à la fabrication d’un casque. Le savoir-faire de la transmission d’énergie sans fil a son utilité dans la construction d’équipement audio.

Le Concert1, comme presque tous les appareils électriques, est produit en Asie. « Pour le Concert1, nous avons travaillé en étroite collaboration avec l’équipe de production basée en Chine », m’explique Jonas. Selon lui, onze personnes de l’entreprise suisse ont participé au développement du casque, dont un collaborateur qui a développé la puce en Chine.

Si vous faites la navette chaque jour pendant deux heures pour aller au travail et que vous portez le Concert1 en moyenne pendant quatre heures au bureau, la batterie dure dix jours, ce qui est considérable par rapport aux standards actuels.

Son : la basse est forte

Le fait que le Concert1 ne s’adresse pas à un groupe cible audiophile transparait dès la première écoute de musique. La basse bourdonne ardemment. De ce fait, les médiums, tels que la voix et la guitare, sont légèrement atténués.

Le groupe de test de consommateurs classiques, engagé pour l’occasion, a également trouvé l’option à forte teneur en basses plus attrayante. Les sujets de l’étude l’ont préférée à d’autres profils sonores, ajoute Jonas. Attention : le Concert1 convient mieux pour écouter des morceaux de hip-hop et de RnB.

D’habitude, si l’on n’aime pas le son de son casque, on peut faire les changements nécessaires dans l’égaliseur de l’appli mobile correspondante. Mais pas chez le Concert1. « Nous sommes conscients de ce problème », assure Jonas. Développer une application mobile de qualité exige beaucoup de ressources. Je peux vous dévoiler qu’un projet est en cours de planification, mais l’horizon temporel n’est pas encore clair.

L’ANC et le mode transparence peuvent mieux faire

Le Concert1 est équipé de l’ANC (réduction active du bruit). Cette technologie complexe réduit le bruit ambiant en produisant de l’antibruit vers l’extérieur. À cette fin, l’équipe a intégré des puces au casque pour adapter leur réglage par la suite.

En comparaison avec les casques ANC établis comme ceux de Bose et Sony, la réduction de bruit du Concert1 laisse à désirer. J’entends quand même le brouhaha habituel dans le train et le bavardage de mes collègues au bureau. 8Jonas en est également conscient : « L’ANC n’est pas encore optimisé pour la voix. »

Le design a du style

Contrairement à de nombreux casques récents et ennuyeux, le Concert1 affiche un design original. Alors que Sennheiser a abandonné les branches métalliques au profit de l’uniformité noire, le casque de Tecflow arbore quelques détails argentés. Le logo Andi be free est apposé sur les deux côtés du casque. Cette esthétique me rappelle les écouteurs Beats.

Jonas voit les choses différemment : « Avec le design du Concert1, nous voulons qu’il soit reconnu dans la rue. Les Suisses et les Suissesses aiment certes la discrétion, mais nous aimons aussi nous démarquer des autres. »

Le rembourrage confortable

Expérience d’utilisation

Une fois le Concert1 sur ta tête pour écouter de la musique, vous le contrôlez à l’aide des boutons argentés situés sur les écouteurs. L’équipe a renoncé aux commandes tactiles. J’aime bien les commandes à boutons, mais celles du Concert1 n’arrivent pas à me convaincre. Les boutons cliquent bruyamment lorsqu’on les actionne et leur finition argentée leur donne un air bas de gamme.

La commande vous permet d’allumer et d’éteindre le casque, d’activer l’ANC et de régler le volume. En revanche, vous ne pouvez pas passer au morceau suivant ou précédent avec les boutons du casque, trop peu nombreux. Un bouton allume le microphone, mais en l’absence d’une appli ou d’un signal pour me dire où j’en suis, je ne sais pas si je viens de l’activer ou de le désactiver.

L’équipe de Jonas est également consciente de ces défauts, comme il l’admet lors de l’entretien.

Le Concert1 est connecté via Bluetooth 5.0, une norme plus ancienne. En revanche, la qualité de la conversation téléphonique est bonne : la personne que j’appelle me comprend clairement, je n’ai pas une voix hachée ou cassée, comme c’est souvent le cas avec d’autres casques.

Toujours suisse : l’esprit de compromis en conclusion

Au cours de l’entretien, Jonas précise : « Nous voulions construire un bon casque, mais nous avons dû faire de nombreux compromis. » C’est effectivement mon ressenti. Le casque n’est pas tout à fait au point à certains endroits. Pas d’appli, ANC perfectible, le son très chargé en basses et boutons lacunaires.

Si j’avais fait une revue critique, je ne recommanderais le Concert1 que sous certaines conditions. À mon avis, il ne vaut la peine que pour les personnes qui veulent soutenir l’idée d’un casque suisse et qui acceptent ses quelques faiblesses. Le Concert1 marque certes des points avec ses 60 heures d’autonomie et ses coussinets, procurant beaucoup de confort dans les trajets quotidiens, mais le prix est absolument injustifié.

Selon Jonas, ce n’est que la première version. Le produit a encore de la marge. Par exemple, l’équipe va sérieusement se pencher sur la réduction active du bruit.

Contrairement aux acteurs établis comme Sony, Bose et Apple, Tecflower ne dispose pas d’équipes de marketing ni de hordes de développeurs. À l’inverse, Jonas et son équipe misent sur le feedback de la clientèle. Les souhaits de leur clientèle sont pris très au sérieux pour la deuxième version du Concert. Le prochain casque, à nouveau destiné au marché suisse, devrait sortir fin 2024, selon les dires de Jonas.

Même si le Concert1 a encore quelques défauts, l’idée d’un casque conçu en Suisse me plaît. Quand on est un petit fabricant et que l’on s’oppose aux marques établies comme David et Goliath, il faut du courage. Chapeau pour cette entrée en matière ! Et la suissitude reste présente jusqu’à la fin. Quand on éteint le casque, la voix féminine salue à nouveau « Adieu » prononcé à la suisse allemande.

Photo d’en-tête : Livia Gamper.

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